S.A.R. le Grand-Duc et le Premier ministre Jean-Claude Juncker à l'Institut universitaire européen à Florence dans le cadre de la chaire Pierre Werner

"Ces derniers temps, je me suis souvent demandé quel jugement Pierre Werner aurait porté sur l’état actuel de l’Union européenne". C’est la question que s’est posée d'entrée Jean-Claude Juncker lors de son discours devant les professeurs et étudiants de l’Institut universitaire européen (IUE) de Florence.

S.A.R. le Grand-Duc et le Premier ministre ont effectué le 26 juin 2006 une visite officielle à cet Institut universitaire qui fut créé en 1972 par les États membres fondateurs de l’Union européenne auquel s’ajoutent peu à peu les autres États de l’Union.

Installé à Fiesole près de Florence, l’IUE reçoit à l’heure actuelle 500 jeunes chercheurs en quête d’un doctorat "européen" dont plusieurs Luxembourgeois. L’Institut se révèle un lieu privilégié pour la recherche puisqu’il abrite aussi les archives historiques de l’Union européenne.

Le discours du Premier ministre fut prononcé dans le cadre de la chaire Pierre Werner, créée par le Grand-Duché pour stimuler la recherche sur la politique économique et l’économie politique de l’intégration monétaire européenne.

Jean-Claude Juncker a rendu un hommage vibrant à Pierre Werner - en présence des enfants de celui-ci - en disant de lui qu’il "voyait les choses derrière les choses" et en le qualifiant de dernier des "honnêtes hommes" dans le sens classique du terme.

Le Premier ministre a d'entrée analysé l’état de l’Union qu’il dit en "crise profonde" dans la mesure où les dirigeants européens sont impuissants à apporter une solution au fait qu’une partie de l’opinion publique européenne souhaite un approfondissement alors que l’autre se plaint d'un "trop d’Europe".

Jean-Claude Juncker plaide pour un mécanisme de dialogue plus performant entre l’Eurogroupe, la Commission européenne et la BCE

Lors de son discours, le Premier ministre Jean-Claude Juncker s’est aussi exprimé au sujet de la monnaie unique, de la coordination des politiques économiques dans la zone Euro et sur la nécessité de trouver un mécanisme de dialogue plus performant entre l’Eurogroupe, le Commission européenne et la Banque centrale européenne (BCE).

Le président de l’Eurogroupe s’est félicité par ailleurs de la bonne performance de la Banque centrale européenne qui, en très peu de temps, a acquis une grande crédibilité dans les marchés financiers internationaux, garantissant ainsi aux Européens des taux d’inflation faibles en combinaison avec des taux d’intérêts historiquement bas.

La création de la monnaie unique représente néanmoins un changement de paradigme fondamental pour la conduite des politiques économiques à l’intérieur de la zone euro. Les structures de gouvernance économique de la zone euro doivent s’adapter pour prendre en compte cette nouvelle réalité afin de maximiser les gains de bien-être découlant de l’introduction de l’euro.

À cette fin, le président de l’Eurogroupe a évoqué la nécessité de trouver un mécanisme de dialogue plus performant entre les ministres des Finances, la Commission européenne et la BCE pour discuter, par exemple de réformes structurelles dans la zone euro ou de taux de changes et pour mieux accentuer le point de vue de la zone euro dans les discussions avec les partenaires économiques situés en dehors de la zone euro. Ce dialogue plus actif, qui irait au-delà des contacts réguliers au sein de l’Eurogroupe et du Conseil des gouverneurs de la BCE et qui ne porterait aucunement atteinte à l’indépendance de la BCE dans le domaine de la politique monétaire, devrait servir à formuler un diagnostic commun des grands défis que la zone euro devra relever à moyen et long terme et permettre de donner une plus grande orientation stratégique aux travaux de l’Eurogroupe.

L’Institut universitaire européen

L’IUE est dirigé par un Conseil supérieur où sont représentés tous les États membres de l’Union européenne. Le Conseil académique, comprenant le président de l’IUE, Yves Mény, le secrétaire général et des représentants du corps enseignant, détermine les politiques de recherche et d’enseignement de l’Institut.

Environ 500 chercheurs briguant un doctorat sont actuellement inscrits à l’Institut. Le Luxembourg accorde cinq bourses de chercheurs, soit à des jeunes Luxembourgeois, soit aux jeunes ressortissants des nouveaux États membres de l’Union.

L’Institut regroupe quatre départements: économie, histoire et civilisation, droit, sciences politiques et sociales. À part l’Académie de droit européen, qui organise des cours avancés sur le droit européen et les droits de l’Homme, l’IUE gère les archives historiques de l’Union européenne. La chaire Pierre Werner fait partie intégrante du Centre Robert Schuman pour recherches avancées, qui, créé en 1992, abrite des programmes de recherche post-doctoraux et se caractérise par une approche interdisciplinaire et de recherche comparée sur l’intégration européenne.

La chaire Pierre Werner, créée en 2002 et soutenue financièrement par le gouvernement luxembourgeois, dispose d’un "Advisory Council", présidé par l’actuel ministre italien de l’Économie et des Finances, Tommaso Padoa Schioppa.

Dernière mise à jour