Charles Goerens, ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire, rencontre Kofi Annan à New York

Le ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire Charles Goerens a effectué du 17 au 18 juin 2002 un voyage aux États-Unis. M. Goerens était accompagné d'une délégation composée de représentants du ministère des Affaires étrangères et du Dr. Robert Hemmer, responsable du département des maladies infectieuses au Centre hospitalier de Luxembourg (CHL) et expert en matière de l'initiative ESTHER (Ensemble pour une solidarité thérapeutique hospitalière en réseau contre le sida).


Le ministre Charles Goerens accueilli par le secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan

Le 17 juin, M. Goerens a eu plusieurs entretiens à New York dont une réunion de travail à la Maison du Luxembourg et une entrevue avec M. Kenzo Oshima, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d'urgence. M. Oshima dirige le bureau de coordination des affaires humanitaires (BCAH), qui fait partie du secrétariat de l'Organisation des Nations unies et a pour mandat de coordonner l'assistance des Nations unies lorsque les crises humanitaires dépassent les moyens et le mandat de tout organisme humanitaire agissant seul. Le gouvernement luxembourgeois soutient le travail du BCHA depuis deux années par des contributions financières.


Le ministre Goerens avec M. Kenzo Oshima (au milieu), secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d'urgence

M. Oshida a particulièrement complimenté l'aide humanitaire du Luxembourg en Afghanistan. Il convient de remarquer qu'en 2001, l'aide d'urgence, l'aide humanitaire et l'aide à la reconstruction du Luxembourg ont représenté quelque 10 % de l'aide publique au développement (APD). M. Goerens, de son côté, s'est informé sur les moyens d'étendre les efforts d'aide humanitaire au-delà de la capitale afghane.

Charles Goerens a marqué l'intérêt du gouvernement luxembourgeois pour organiser, en automne 2002, un événement pour lancer le processus des appels consolidés du système des Nations unies en matière humanitaire. Il s'agit d'une procédure de mobilisation de ressources en vue de la fourniture d'une assistance rapide, permettant à la communauté internationale de répondre à une crise humanitaire. Un nombre limité de capitales peut participer chaque année à cet exercice global des appels consolidés tout en fournissant une vitrine prestigieuse à l'assistance humanitaire bilatérale. Cette entrevue fut suivie par un déjeuner avec les Luxembourgeois travaillant dans le système onusien à New York.

Ensuite, M. Goerens a pu rencontrer M. Kofi Annan, secrétaire général des Nations unies. Cette réunion a porté essentiellement sur le multilatéralisme, l'action du Luxembourg en matière de coopération au développement, la gestion civile des crises et le futur sommet de Johannesbourg.

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"Ce que vous avez fait est très important"

M. Charles Goerens a rappelé que le Luxembourg, en tant que membre fondateur des Nations unies, croit au multilatéralisme, qui, à ses yeux, doit se développer davantage. Il convient de rappeler que, d'après les statistiques de l'ONU, le Luxembourg est le premier contributeur par habitant en termes de contributions obligatoires alors qu'en 1999, le Luxembourg était le 21e contributeur aux ressources régulières du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et le 26e aux ressources régulières de l'UNICEF.

"Ce que vous avez fait est très important. Un pays qui a réussi à consacrer 0,7% de son revenu national brut à l'aide publique au développement est un encouragement pour les autres". C'est par ces mots que Kofi Annan a honoré les efforts du Luxembourg en matière de coopération au développement.

En effet, la pauvreté et le développement durable constituent les objectifs majeurs de la politique luxembourgeoise de coopération au développement. M. Goerens était fier d'annoncer qu'en 2002, le Luxembourg prévoit 0,8% de son RNB aux fins de la coopération au développement et que le gouvernement luxembourgeois désire poursuivre ses efforts vers une aide publique au développement équivalant à 1% du RNB du Luxembourg d'ici 2005. Kofi Annan a également félicité l'effort réalisé par le Luxembourg en Afghanistan où le Luxembourg participe financièrement à un projet d'assistance pré et post-natale du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP).

M. Goerens a également saisi l'occasion pour informer le secrétaire général au sujet de l'initiative ESTHER, à laquelle participent le Luxembourg, la France, l'Italie, l'Espagne et, depuis le mois d'avril 2002, également les Etats-Unis. Ils ont ensuite abordé la quatrième réunion préparatoire du sommet de Johannesbourg, qui se tenait du 27 mai au 7 juin à Bali, et qui s'est achevée sur une note amère en raison de divergences nord-sud sur plusieurs questions-clé, notamment en matière d'échanges commerciaux et de financement. Kofi Annan a rassuré son interlocuteur luxembourgeois que "les Nations unies vont faire leur maximum pour rectifier les problèmes encourus à Bali".

Le développement durable et le sommet de Johannesbourg du 26 août au 4 septembre ont également figuré à l'ordre du jour de l'entrevue de M. Goerens avec M. Nitin Desai, secrétaire général adjoint du département des Affaires économiques et sociales et secrétaire général du sommet de Johannesbourg.

La première journée de cette visite s'est achevée à Washington par un dîner à l'ambassade du Luxembourg, en présence du secrétaire d'État à la Santé américain M. Thommy Thompson, l'ambassadeur des États-Unis au Luxembourg M. Peter Terpeluk, et de nombreuses personnalités impliquées d'une façon ou d'une autre dans l'initiative ESTHER.

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Une dimension globale pour ESTHER

Le 18 juin, à Washington, l'objectif principal de la visite de M. Goerens était de rallier le soutien politique des États-Unis afin qu'ils donnent à l'initiative ESTHER une dimension globale. Dans ce contexte, des partenariats (twinning projects) entre les établissements de santé européens et des structures de santé des pays du Sud, principalement d'Afrique, seront établis en vue d'aider ces pays dans la prise en charge thérapeutique des patients. Des jumelages, d'un côté, entre le CHL et le Centre hospitalier universitaire de Kigali, de l'autre, entre le CHN et l'hôpital régional de Rwamagana, tous les deux au Rwanda, commenceront en automne 2002.

La journée a commencé par une entrevue avec Dennis Hastert, président de la Chambre des représentants du Congrès américain au Capitol Hill, lors de laquelle M. Goerens a présenté les grandes lignes de l'initiative ESTHER et les deux projets hospitaliers du Luxembourg au Rwanda. Les États-Unis ont accepté de participer au projet, attribuant ainsi une dimension plus globale à l'initiative. D'une manière plus générale, Dennis Hastert a avancé que des projets communs tels le projet ESTHER, aident à rapprocher l'Europe et les États-Unis. Selon M. Hastert, le Luxembourg aurait un rôle non-négligeable à jouer dans les relations transatlantiques.


M. Goerens lors de son entrevue avec M. Hastert

M. Goerens eut également un échange de vues avec Thommy Thompson, secrétaire d'État à la Santé, qui a accordé son plein soutien au projet ESTHER. Les deux ministres se sont mis d'accord qu'il serait dans l'intérêt mutuel de présenter l'initiative ESTHER lors du sommet de Johannesbourg afin de lui donner une dimension concrète, d'autant plus que l'initiative est un exemple-type de coopération décentralisée.

M. Thompson a par ailleurs invité M. Goerens à une conférence avec les ministres de la Santé du Mexique, de la France, de l'Italie, entre autres, qu'il projette d'organiser fin octobre à Washington.


M. Goerens en discussion avec M. Thompson

Charles Goerens a en outre été reçu par Mme Paula Dobriansky, Undersecretary for Global Affairs au ministère des Affaires étrangères américain. Mme Dobrianski est en quelque sorte le homologue du ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire puisqu'elle s'occupe de la coordination de la politique étrangère américaine sur les questions globales, dont les droits de l'homme et de la démocratie, l'environnement, les océans et la science, le contrôle des drogues, la population et les réfugiés, les migrations et les femmes.

M. Goerens lui a notamment présenté le projet de développement du FNUAP en Afghanistan, qui consiste à donner de l'assistance pré- et post-natale aux femmes de Kaboul, projet que le Luxembourg soutient financièrement. Mme Obriansky a fait savoir que les Etats-Unis sont fermement décidés à assurer de l'aide humanitaire à long terme en Afghanistan et projettent de préparer prochainement une conférence d'aide à l'Afghanistan.

Concernant le sommet de Johannesbourg, les deux ministres sont convenus de la nécessité d'y annoncer des projets concrets afin d'éviter que le "Sommet de la Terre II" ne tourne à l'échec. Aussi le ministre Charles Goerens a-t-il proposé, en avançant l'exemple de l'initiative ESTHER, de privilégier les initiatives de pays qui peuvent présenter des solutions dans un des cinq dossiers du programme d'action à l'ordre du jour (eau, énergie, agriculture, biodiversité et écosystèmes et santé).

Pour les deux ministres, il semble évident que l'accord qui sera trouvé à Johannesbourg doit être plus qu'une réécriture des résultats de la conférence de Monterrey sur le financement du développement. Tout comme le Luxembourg, les Américains sont d'avis que des projets de partenariat, encourageant la coopération entre des institutions d'un même secteur, tels les hôpitaux dans le projet ESTHER, sont une chance pour faire avancer les choses en matière de développement.

En matière de gestion civile des crises, M. Goerens a présenté ses idées consistant à faire former, au moyen de bourses d'études, des étudiants de pays-cibles de la coopération luxembourgeoise en matière de gestion des crises, et a tenu à souligner qu'il comprend cette initiative qui est actuellement en phase d'évaluation, comme forme de "coopération décentralisée". Selon le ministre, cette initiative pourrait faire l'objet de projets de partenariat.

Le voyage de M. Goerens aux États-Unis s'est achevée par une visite du musée de l'Holocauste et une entrevue avec M. Frederick Schieck, administrateur adjoint de USAID (US Agency for International Development), l'agence d'exécution des projets de coopération au développement, lors de laquelle M. Schieck a donné au ministre Goerens des explications sur le travail et les projets de l'agence.

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