Visite de Jean-Louis Schiltz au Cap-Vert: inauguration d'un "SOS Kannerduerf"

"La première visite sur le terrain sera consacrée au Cap-Vert, puisque le Cap-Vert est un partenaire privilégié du Luxembourg." C’est avec ces mots qu’a débuté la première visite à l’étranger du ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, Jean-Louis Schiltz. Du 3 au 8 octobre 2004, Jean-Louis Schiltz a effectué une visite de travail au Cap-Vert, pays partenaire privilégié de la coopération luxembourgeoise.

Premier jour de la visite
Deuxième jour de la visite
Troisième jour de la visite

Le Cap-Vert figure depuis 1993 parmi les pays cibles de la politique de coopération au développement du Luxembourg. En chiffres absolus, le Grand-Duché est le deuxième bailleur de fonds du Cap-Vert, le premier revenant au Portugal, le troisième à l’Union européenne. 90% des projets luxembourgeois sont exécutés par l’agence luxembourgeoise de coopération, Lux-Development.

Le ministre a été accueilli à l’aéroport de Sal par le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Communautés cap-verdien, Victor Borges, dans la soirée du 3 octobre.

Premier jour de la visite: déplacement sur l'île de Santo Antão

Le 4 octobre, la délégation luxembourgeoise, accompagnée par le ministre Victor Borges, s’est rendue en bateau sur l’île de Santo Antão où elle a été accueillie par le président de l’association des municipalités de Santo Antão, Orlando Delgado, avant de faire le tour des projets de coopération que le Luxembourg mène en partenariat avec le Cap-Vert. "Nous sommes très contents de votre présence dans notre pays", s’est exclamé le maire de la ville à l’arrivée de Jean-Louis Schiltz. "Quand on voyage dans la montagne de Santo Antão, tout le monde connaît le Luxembourg", a-t-il ajouté.

Avec ses 780 km2, l’île de Santo Antão est de par sa taille la deuxième île la plus importante de l’archipel cap-verdien. D’origine volcanique, cette île se caractérise par deux versants de climats radicalement opposés. Le sud est sec et aride tandis que le nord est humide et composé de plantes et d’arbres en tout genre. L’île de Santo Antão est divisée en trois municipalités (concelhos): Porto Novo, Paúl et Ribeira Grande. La population d’environ 40.000 habitants est essentiellement concentrée dans les concelhos du nord-est, à savoir Paúl et Ribeira Grande.

Le premier projet visité par la délégation luxembourgeoise est celui de la construction d’une route entre Janela et Porto Novo, chantier entamé en 1997 et réalisé en cofinancement avec l’Union européenne. Ce projet a pour but de relier la ville de Janela, au nord-est de l'île, à la ville de Porto Novo au sud, en suivant un tracé de 22 km, le long de la côte. Signalons qu’actuellement, il n’existe qu’une seule route entièrement pavée, étroite et sinueuse, qui relie ces deux pôles. La fin des travaux est prévue pour juillet 2006. Le projet doit contribuer à faciliter la mobilité des personnes, améliorer le désenclavement des populations urbaines et faciliter l’accès aux infrastructures sociales (lycée, internat, hôpital) qui existent dans le nord de l’île.

Le projet du complexe scolaire de Porto Novo, intégralement financé par le Luxembourg et inauguré par le Premier ministre Jean-Claude Juncker lors de sa visite officielle au Cap-Vert en janvier 2002, a pour objectif de contribuer au développement des ressources humaines au Cap-Vert par la mise en place d’une infrastructure d’enseignement secondaire technique. Le complexe scolaire se compose d’un internat d’une capacité de 80 pensionnaires et du lycée technique. Environ 1.200 élèves, provenant en particulier des zones rurales de la municipalité, peuvent suivre les cours de la filière de l’enseignement technique. Les principales filières techniques sont l’électricité et l’électronique, la mécanique et la construction civile.

Le développement de l’enseignement technique est soutenu par des efforts particuliers dans la formation technique et pédagogique des enseignants ainsi que la reformulation des curriculums et la conception de nouveaux programmes. Il est à souligner que le pays manque de salles de classes, ce qui fait qu’un système de rotation a été mis en place: une partie des élèves fréquente les cours le matin, l’autre l’après-midi.

Jean-Louis Schiltz s'est aussi informé sur l'état d'avancement de la construction d'un lycée à Coculi. Les travaux ont commencé en août 2004, la fin du chantier est prévue pour la fin de l'année 2005. Le lycée classique sera construit sur une surface totale de 6.100 m2 et pourra recevoir jusqu’à 1.500 élèves, élèves des zones rurales, et plus particulièrement ceux habitant dans la zone d’influence de Coculi. Il sera composé de 5 bâtiments comprenant 25 salles de classes et plusieurs blocs sanitaires. Le système journalier de rotation sera également mis en place dans ce lycée.

Avant de quitter l’île de Santo Antão pour se rendre sur l’île de Santiago, la plus grande des neuf îles habitées de l'archipel du Cap-Vert, le ministre et la délégation ont fait une halte près de Ribeira Grande dans l'hôpital régional João Morais, hôpital financé par le Luxembourg, qui fonctionne depuis 10 ans. Une équipe de huit docteurs est en charge d’une population d’environ 50.000 personnes.

Deuxième jour de la visite: entrevue avec le Premier ministre cap-verdien

La deuxième journée de la visite officielle au Cap-Vert a été marquée par la rencontre à Praia, capitale du Cap-Vert, entre le ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire, Jean-Louis Schiltz, et le Premier ministre cap-verdien, José Maria Pereira Neves.

Jean-Louis Schiltz et José Maria Pereira Neves ont eu l'occasion de s’entretenir sur les questions ayant trait aux différents dossiers de la coopération luxembourgeoise sur l’archipel, les relations bilatérales ainsi que la situation politique et économique du Cap-Vert.

En présence des autorités nationales et locales, les deux ministres - accompagnés du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Communautés du Cap-Vert - ont assisté à l'inauguration officielle à São Domingos, petite localité proche de Praia, du second village SOS Kannerduerf du pays.

Le village d'enfants de São Domingos fonctionne depuis mars 2003. Il est composé de 8 maisons familiales, d'un bloc administratif et d'un jardin d'enfants qui est aussi fréquenté par les enfants des environs. Chacune des 8 familles se compose de 4 à 8 enfants, âgés entre un et neuf ans, parmi lesquels figurent des orphelins, des enfants abandonnés ou provenant de milieux socioéconomiques défavorisés, comme l’a souligné Sophie Molitor, directrice de SOS Interfonds.

Le Premier ministre José Maria Pereira Neves a remercié le gouvernement luxembourgeois pour l'aide fournie depuis une dizaine d'années au Cap-Vert. Le ministre Jean-Louis Schiltz a remercié de son côté la population du Cap-Vert pour l'accueil chaleureux et a souligné que l’inauguration de ce village d'enfants résulte d’une "véritable politique de coopération et d’une combinaison d’objectifs: l’objectif de coopérer avec le Cap-Vert, partenaire privilégié du Luxembourg, et l’objectif de coopérer avec une ONG, et en particulier SOS Interfonds".

À São Domingos, la délégation luxembourgeoise a également pu se renseigner sur les avancées réalisées dans le cadre d’un projet bilatéral lancé par le gouvernement Luxembourg concernant l’eau potable, projet qui vise à améliorer l’approvisionnement en eau potable de 8 villages de la commune de São Domingos (environ 13.000 habitants) et à mettre en place, à l’avenir, un réseau de distribution, permettant d’alimenter non seulement les autorités locales, mais également les particuliers. Le système de ravitaillement actuel dépend de camions-citernes.

Dans les quartiers populaires de Praia, le ministre Jean-Louis Schiltz a assisté à la cérémonie de pose de la première pierre de deux établissements scolaires, l’un à Calabaceira et l’autre à Achade Grande, pouvant accueillir, dès la rentrée 2005, respectivement 1.300 et 1.200 élèves. La construction et l’équipement de ces deux écoles secondaires sont financés par la coopération luxembourgeoise.

Un dîner offert par le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération et des Communautés du Cap-Vert en l’honneur du ministre Schiltz et de sa délégation a clôturé la deuxième journée de la visite.

Troisième jour de la visite: commission de partenariat Luxembourg-Cap-Vert

Les 6 et 7 octobre 2004 se sont déroulés les travaux de la VIe commission de partenariat entre le Cap-Vert et le Luxembourg. La commission a été présidée par le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération et des Communautés cap-verdien, Victor Borges, et le ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire luxembourgeois, Jean-Louis Schiltz.

Cette commission a pour objectif de contribuer au renforcement des relations en matière de coopération, mais aussi d’assurer un meilleur suivi de la mise en œuvre du programme de coopération. Elle se réunit au moins une fois par an, alternativement au Luxemburg et au Cap-Vert.

Les deux ministres ont fait le point sur l’état d’exécution du Programme indicatif de coopération (PIC) Luxembourg-Cap-Vert 2002-2005, signé en janvier 2002, et ont entamé les travaux d’un nouveau PIC qui devrait s’inscrire dans la continuité de la coopération luxembourgeoise. "Cette visite m’a permis de me faire une idée de ce qu’est l’état actuel du Cap-Vert", a indiqué le ministre luxembourgeois, "on ne peut planifier le futur qu’à partir de ce qui existe".

Parmi les idées de base qui gouverneront le Programme indicatif de coopération 2006-2009, "la lutte contre la pauvreté, et en particulier la lutte contre la pauvreté extrême" reste toujours l’objectif principal de toutes les actions de la coopération entre le Cap-Vert et le Luxembourg. La coopération luxembourgeoise maintiendra la priorité aux secteurs sociaux de l’éducation, de la santé, de l’eau et de l’assainissement.

Victor Borges a souligné que "l’intervention de la coopération luxembourgeoise a changé le profil humain, économique et social du Cap-Vert". Jean-Louis Schiltz, de son côté, a réaffirmé l’intention du gouvernement luxembourgeois de maintenir le Cap-Vert comme partenaire privilégié à l'avenir.

La situation politique du Cap-Vert est marquée par une relative stabilité. L’insécurité des ressources alimentaires reste pourtant l’un des problèmes majeurs de l’archipel et demande un soutien international continu. En raison de cette vulnérabilité et vu les liens étroits qui unissent le Luxembourg au Cap-Vert à travers une importante communauté cap-verdienne au Luxembourg, le Cap-Vert souhaite continuer à bénéficier des facilités liées à son statut de PMA (pays les moins avancés). "Il reste beaucoup à faire et le Luxembourg continuera à répondre présent dans les années à venir", a conclu le ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire à ce sujet.

Jean-Louis Schiltz s’est félicité de la qualité de la commission de partenariat "basée sur des compétences de part et d’autre", un "partenariat qui constitue un investissement en fonds pour le Luxembourg, mais surtout, des deux côtés, un investissement en amitié".

En marge de la réunion ont été signés les protocoles d’accord relatifs à des projets sanitaires dans la région de Santiago nord ainsi qu’au renforcement de l’enseignement technique, projets qui s’inscriront dans le nouveau Programme indicatif de coopération (PIC) de 2006-2009. Ce nouveau programme, qui s'étend sur 4 ans, doit permettre plus de cohérence, de flexibilité et de durabilité dans les relations de coopération. Le ministre Victor Borges a précisé dans ce contexte: "Je suis persuadé que dans les prochaines années, à moyen et à long terme, on pourra faire un bilan extrêmement positif de la coopération."

Le projet région sanitaire de Santiago nord a pour but de répondre aux besoins des habitants des municipalités de São Miguel, Tarrafal et de Santa Catarina (environ 100.000 habitants). Au sujet du deuxième accord, les actions à mener se concentreront sur la "formation des formateurs" afin d’améliorer la qualité et la pertinence de l’enseignement technique et professionnel. "Nous allons continuer à faire des projets en hard [constructions], mais nous voulons davantage combiner cet investissement avec des investissements en soft avec le programme ambitieux de la formation des formateurs." Le projet compte former quelque 200 futurs enseignants. Il est aussi prévu de construire un lycée hôtelier dans la capitale pour développer le tourisme au Cap-Vert. "Les étudiants qui auront suivi une formation dans cette école pourront contribuer à l’essor du tourisme au Cap-Vert, secteur à grand potentiel", a expliqué Jean-Louis Schiltz.

Lors de son séjour, Jean-Louis Schiltz a également eu l’occasion d’assister, en présence de la ministre de l’Éducation et des Ressources humaines du Cap-Vert, Filomena Martins, à l’inauguration d’une école secondaire dans la ville de Calheta São Miguel.

Cet établissement scolaire comprend 22 salles de cours et des salles spécialisées pouvant accueillir, en deux rotations journalières, un total d’environ 1.500 élèves des 3 cycles de la voie générale de l’enseignement secondaire. São Miguel était jusque-là la seule municipalité au Cap-Vert à ne pas disposer d’un établissement public d’enseignement secondaire.

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