Visite de travail du Premier ministre de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan

Le Premier ministre de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a effectué une première visite de travail au Luxembourg le 17 novembre 2004.

Il a été accueilli par le Premier ministre Jean-Claude Juncker pour un entretien au château de Senningen en présence du Vice-Premier ministre, Jean Asselborn.

La dernière visite de Recep Tayyip Erdogan au Grand-Duché date du 29 novembre 2002 lorsqu’il avait visité le Luxembourg à titre de président du parti turc de la Justice et du Développement (AKP).

La candidature de la Turquie à l’Union européenne était au centre des pourparlers qui étaient "extrêmement fructueux et utiles", selon les mots du Premier ministre turc.

À noter que la Turquie est un pays candidat à l’Union européenne depuis le sommet de Helsinki de 1999. Dans son rapport du 6 octobre 2004, la Commission européenne a constaté les efforts réalisés par la Turquie. Les chefs d’État et de gouvernement décideront au Conseil européen de Bruxelles du 16 et 17 décembre 2004 si la Turquie satisfait aux critères politiques de Copenhague (les critères politiques comprennent les Droits de l’Homme et leur respect constitue la condition préalable à l’ouverture des négociations d’adhésion pour chaque pays candidat) et si les négociations d’ouverture s’ouvriront.

Selon Jean-Claude Juncker, la Turquie aurait accompli des efforts "impressionnants et notables". C’est pourquoi il s’est dit prêt à entamer les négociations d’adhésion dès le premier semestre 2005, sous Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’Union européenne, si le Conseil européen en déciderait ainsi. "Je suis fermement déterminé de faire en sorte, ensemble avec mes collègues, à ce que la Turquie obtienne une date fixe pour l’ouverture des négociations en 2005", a-t-il souligné. En effet, selon les dispositions arrêtées au Conseil européen de Copenhague (1993), les négociations doivent débuter sans délai après que la décision de les lancer a été prise.

Or, le Premier ministre luxembourgeois a rappelé que la Commission européenne a besoin de plusieurs mois après la décision favorable à l’adhésion d’un pays-candidat pour préparer les négociations et qu’il serait dès lors plus raisonnable de s’attendre à une ouverture des négociations au deuxième semestre 2005, sous Présidence britannique.

Selon Jean-Claude Juncker, même si l’issue des négociations devrait rester ouverte, il faudrait qu’elles soient néanmoins conduites "dans l’esprit qu’elles aboutiront à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne". D’où sa détermination d’exclure a priori le concept d’un partenariat privilégié.

Le chef de gouvernement luxembourgeois n’est pas non plus en faveur de l’organisation, au Luxembourg, d’un référendum sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, sans exclure que cette position pourrait évoluer selon le déroulement des négociations.

Questionné sur la question chypriote, Jean-Claude Juncker a accentué les "énormes efforts" qui auraient été faits par la Turquie en vue de trouver une solution à ce dossier tout en signalant qu’il devrait être résolu avant que la Turquie ne devienne membre de l’Union européenne.

Par ailleurs, Jean-Claude Juncker s’est montré conscient du degré de difficulté qu’impose l’adhésion potentielle de la Turquie. "Je ne nierai jamais que de grands progrès restent à être accomplis par la Turquie", a-t-il déclaré avant d’ajouter que "les négociations vont s’étendre sur une période qui sera assez longue". Il n’exclut pas non plus la possibilité d’une suspension des négociations si des problèmes insurmontables l’imposeraient.

De son côté, Recep Tayyip Erdogan s’attend également à de longues négociations mais il se félicite en même temps des progrès qui ont été faits : "La Turquie est sereine car elle a conscience d’avoir accompli son devoir."

Le Premier ministre turc a également lancé un appel à un traitement juste de son pays : "Nous ne voulons ni être privilégiés ni être discriminés". Il a en outre relevé l’importance de la Turquie pour l’Union européenne qui ferait de cette dernière "l’adresse de la conciliation des civilisations".

Dans l'après-midi, le Premier ministre turc a été accueilli par le président de la Chambre des députés, Lucien Weiler, pour une réunion avec les membres du Bureau de la Chambre des députés et les membres de la commission des Affaires étrangères et européennes, de la Défense, de la Coopération et de l'Immigration.

Une audience par le chef d'État au palais grand-ducal a clôturé cette visite de travail au Luxembourg.

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