Troïka et réunion informelle des ministres du Travail et de l'Emploi sous présidence du ministre François Biltgen à Luxembourg

La réunion de la troïka et la réunion informelle du Conseil des ministres du Travail et de l'Emploi de l'Union européenne se sont tenues respectivement les 7 et 8 avril 2005 à Luxembourg.

Le président en exercice du Conseil "Emploi et affaires sociales" ("EPSCO") de l’Union européenne, François Biltgen, ministre du Travail et de l'Emploi, a présidé les deux réunions.

Les travaux des deux journées ont été consacrés au sujet des restructurations d’entreprises, un phénomène qui accompagne de plus en plus souvent les efforts de nos économies vers une meilleure compétitivité et qui donne lieu à de sérieuses préoccupations parmi les citoyens européens.

Réunion de la troïka

À la veille de la réunion informelle des ministres du Travail et de l’Emploi de l’UE, la troïka sociale s’est réunie le 7 avril sous la présidence de François Biltgen, en présence du commissaire européen chargé de l’Emploi, des Affaires sociales et de l’Égalité des chances, Vladimir Špidla, du ministre fédéral des Affaires économiques et du Travail de la République de l’Autriche, Martin Bartenstein, et du secrétaire d'État chargé des Relations de Travail, de la Compétitivité et des Consommateurs du Royaume-Uni, Gerry Sutcliffe.

Mars Di Bartolomeo, ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, a aussi participé à la réunion.

Les présidents de la commission Emploi du Parlement européen et du Comité de l’emploi ont également assisté à la troïka qui a été l'occasion d'une concertation avec les représentants de l'Union des industries de la Communauté européenne (UNICE), de la Confédération européenne des syndicats (CES) et du Centre européen des entreprises à participation publique et des entreprises d'intérêt économique général (CEEP) sur le sujet des restructurations du point de vue des partenaires sociaux.

Les partenaires sociaux luxembourgeois étaient  représentés par Jean-Claude Reding (OGB-L), Robert Weber (LCGB), Charles Krombach (président de la FEDIL) et Paul Reckinger (président de la Chambre des métiers).

À l’issue des travaux, François Biltgen a déclaré que la question des restructurations intéressait spécialement les citoyens européens à un moment où il est souvent question de l’Europe sociale.

"Mais on parle surtout des restructurations négatives", a ajouté François Biltgen, qui a cité de nombreux exemples à travers l’Union européenne. "Selon le European Restructuring Monitor de la Fondation de Dublin, il y a eu en mars 90 cas de grandes restructurations causant la perte de 30.000 emplois. Mais, en revanche, nous avons assisté au cours du même mois à la création de 22.000 emplois. Cet exemple souligne bien l’intérêt du sujet."

François Biltgen a situé la discussion sur les restructurations dans le cadre de la révision du processus de Lisbonne, au sujet duquel il a cité tout particulièrement le point 33 des conclusions du Conseil européen du 22 et 23 mars 2005 qui disent: "Pour les travailleurs et les entreprises de nouvelles formes d’organisation du travail et une plus grande diversité des modalités contractuelles, combinant mieux la flexibilité et la sécurité, contribueront à l’adaptabilité. L’accent doit être également mis sur une meilleure anticipation et gestion des mutations économiques." Dans ce contexte, il s’est félicité que la Commission européenne ait déjà produit le 31 mars une communication sur l’anticipation et l’accompagnement des restructurations dans l’Union européenne.

François Biltgen a tiré les conclusions suivantes du débat: "Il faut savoir que les restructurations sont un phénomène normal dans le monde globalisé dans lequel nous vivons, avec d’un côté, des pertes d’emplois et de l’autre côté, des opportunités et des nouveaux emplois. Nous avons constaté au cours du débat que chacun a ses propres expériences avec les restructurations, les unes qui sont mauvaises et les autres qui sont positives, à la fois pour les entreprises et pour les travailleurs. Les messages communs que j’ai voulu dégager à l’issue de cette réunion sont les suivants:

  • La meilleure gestion se fait au niveau local, voire régional.
  • Les restructurations ne touchent pas seulement l’industrie, elles frappent tous les secteurs, et par ricochet, aussi les sous-traitants.
  • Empêcher ou retarder artificiellement une restructuration n’est pas une solution. La seule solution valable consiste en l’anticipation de la restructuration.
  • Le succès est possible si quelques conditions sont remplies: créer un climat de confiance; un engagement honnête du côté des employeurs et des employés pour anticiper et gérer le changement; rechercher toutes les alternatives au licenciement et au chômage: formation, out-placement, création de nouvelles activités; responsabilités sociales des deux parties.

Les travailleurs doivent comprendre qu’il faut passer de la sécurité de l’emploi (job security) à la sécurité d’être employé (employment security). C’est la réponse aux mutations que nous vivons. Il ne faut pas que l’abandon de la sécurité de l’emploi soit remplacé par la précarité. Il faut qu’elle soit remplacée par une autre sécurité. Cela nécessite que les partenaires sociaux travaillent ensemble pour assurer un équilibre entre, d’une part, la protection des salariés et, d’autre part, la croissance économique et de l’emploi qui sont les moteurs de notre prospérité et de la stratégie renouvelée de Lisbonne."

8 avril 2005: réunion informelle des ministres du Travail et de l'Emploi

La réunion informelle des ministres du Travail et de l'Emploi a eu lieu le 8 avril et s'est déroulée en deux sessions.

Le commissaire Špidla a débuté la séance par la présentation de la communication récente de la commission Restructurations et Emploi qui analyse le rôle de l’Union européenne au niveau de l’anticipation et de l’accompagnement des restructurations pour développer l’emploi.

Les participants ont ensuite été invités à débattre du phénomène des restructurations "à grande échelle". Touchant des secteurs entiers des économies européennes, le débat s'est concentré surtout sur les politiques horizontales à envisager pour pouvoir mieux anticiper et accompagner les restructurations dans les grands secteurs économiques, tels que l'industrie du textile, la sidérurgie, le secteur automobile ou encore l'agriculture.

La deuxième session a été réservée aux restructurations "à petite échelle". La Présidence luxembourgeoise a invité les ministres à concentrer leurs réflexions sur les "nouveaux emplois" à développer dans le cadre de la création de nouvelles opportunités, tout en mettant en exergue le rôle des différents acteurs concernés aux niveaux régional et local.

L’objectif de la réunion informelle a été de permettre aux ministres du Travail et de l’Emploi de procéder à un échange de vues basé sur les expériences pratiques vécues en matière d'anticipation et de gestion des restructurations à l'intérieur des différents États membres.

Les ministres ont par ailleurs discuté des "boîtes à outils" qui pourraient servir de références et/ou de modèles aux autorités nationales, régionales et locales au cas où elles se trouvent confrontées à une restructuration.

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