Concept intégré du développement spatial et des transports: rompre avec le principe des chemins longs

Le 15 mars 2004, le ministre de l’Intérieur, Michel Wolter, le ministre des Transports, Henri Grethen et le secrétaire d’Etat à l’Environnement, Eugène Berger, ont présenté le concept intégré des transports et du développement spatial pour le Luxembourg (Integratives Verkehrs- und Landesplanungskonzept, IVL).

Initié en mars 2002 suite à la demande du gouvernement, l’IVL fut élaboré par une association de bureaux d’études, qui furent accompagnés en leur tâche par un comité de pilotage politique regroupant les ministres de l’Intérieur, des Transports, des Travaux publics, de l’Environnement, de l’Economie et du Logement. Des experts internationaux furent étroitement associés aux travaux de concertation.

Initier un large débat public

Comme l’a souligné le ministre de l’Intérieur, qui présidait à l’élaboration du concept, le but de l’IVL ne consiste pas en la mise en oeuvre de décisions concrètes en matière d’aménagement du territoire, mais à voir comment, dans le cas d’une poursuite de la croissance économique, l’architecture urbaine, la structure des frontaliers et l’infrastructure de la circulation peuvent être développés et coordonnés harmonieusement. "Nous aurions tout aussi bien pu rester inactifs", a expliqué Michel Wolter. "Mais dans ce cas, nous aurions assisté à long terme à une dégradation sensible du niveau de la qualité de vie des Luxembourgeois".

Dans une première étape, ont été évalués le taux de croissance de la population, la structure du logement, l’évolution du chiffre des travailleurs frontaliers, l’évolution du trafic et de l’emploi au cours des 20 dernières années. Alors qu’au milieu des années 1970 les personnes habitaient plutôt à proximité de leur lieu de travail, cette donne a profondément changé au cours des dernières années, a expliqué le ministre de l’Intérieur. "Le Luxembourg est devenu un pays des chemins longs", a-t-il constaté. Dorénavant, 60 % des emplois sont situés autour de la capitale du Grand-Duché, ce qui génère quotidiennement plus d’un million de déplacements répartis à part inégale sur les transports publics et le trafic individuel.

Concentration sur trois centres d'agglomération

Dans une deuxième phase a été élaboré un modèle de planification spatiale dont le but consiste à fournir des indications sur les possibilités du développement futur de l’aménagement du territoire. Appelé Polyzentrische Stadt im Landschaftsraum, ce concept fixe trois centres urbains (le sud du pays, la capitale ainsi que la Nordstad) sur lesquels les agglomérations devraient se concentrer. Séparés par des ceintures vertes, ces systèmes urbains devraient disposer des infrastructures sociales, culturelles et économiques nécessaires afin de pouvoir fonctionner indépendamment. 

A partir de ce modèle, ont été développés dans une troisième étape deux scénarios différents, mettant en relation l’aménagement du territoire avec l’évolution du nombre des frontaliers, respectivement des résidents d’ici l’année 2020. "Nous n’avons pas voulu baser nos calculs sur un scénario précis", a indiqué le ministre de l’Intérieur, expliquant que la structure de la population devrait probablement se développer vers un mélange des deux scénarios.

L'évolution du trafic, un défi majeur

Nonobstant le développement démographique, l’évolution du trafic sera un des défis majeurs auxquels il faudra faire face à l’avenir, a signalé le ministre de l’Intérieur, admettant qu’en réalisant tous les projets contenus dans le concept mobilitéit.lu, la part du transport public dans le trafic n’atteindrait que 22 % à l’horizon de l’année 2020. "Nous devons rendre le transport public plus attrayant. Mais il est aussi inévitable de développer le réseau routier afin de maîtriser le flux du trafic", a-t-il précisé. Ainsi, les experts auraient jugé indispensables l’extension de l’autoroute A 3 entre Mamer et Dudelange et la réalisation de la "tangente Ouest" entre l’autoroute du Nord (A7) et l’autoroute A 6,

Partant du modèle de base projeté au niveau de tout le territoire, ont été conçus dans une quatrième étape six concepts d’aménagement permettant un développement territorial différencié :

  • l’espace rural,

  • la ville de Luxembourg et sa périphérie,

  • la région du Sud,

  • le park régional "Zone verte interurbaine",

  • la vallée de l’Alzette

  • la Nordstad

Quelques projets-clé

Dans un dernier chapitre, ont été fixées les priorités à mettre en œuvre en vue de la concrétisation de l’IVL. Ainsi, les experts ont recommandé la réalisation de plan sectoriels dans les domaines transports, logement, paysage et zones d’activité. Des plans régionaux devraient être conçus pour les territoires qui nécessitent une structuration spécifique, à savoir les régions du sud et du centre-sud. Par ailleurs, les experts proposent la réalisation de quelques projets-clé à caractère innovateur. Ainsi, l’urbanisation du sud de la ville de Luxembourg devrait se faire sur la base d’un processus de planification interactif, tandis que la liaison au réseau des transports publics devrait être prise en compte lors du développement urbain de la région sud du pays. 

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