Visite de S.A.R. le Grand-Duc et des ministres Lydie Polfer et Charles Goerens au Kosovo

S.A.R. le Grand-Duc s’est rendu le 19 mai 2004 pour une troisième visite au Kosovo. Il était accompagné de Lydie Polfer, Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, de Charles Goerens, ministre de la Défense, ainsi que du chef d’état-major de l’armée luxembourgeoise, Nico Ries.

À Pristina, la délégation luxembourgeoise a rencontré le représentant spécial adjoint du secrétaire général de l’ONU (RSSG), Charles H. Brayshaw, pour un échange de vues sur la situation actuelle au Kosovo qui est sous protectorat onusien depuis 1999.

Les discussions ont porté essentiellement sur le développement politique et économique, la lutte contre le crime organisé ainsi que sur les prochaines élections générales au Kosovo, prévues pour le 23 octobre 2004.

Le rôle du détachement luxembourgeois au Kosovo

Après cette entrevue, le chef d’État et sa délégation se sont rendus au camp du Belvedere près de Mitrovica où est installé, depuis le mois d’octobre 2003, le contingent Belukos. Ils y ont été accueillis par le général de brigade Xavier Michel de l’armée française, commandant de la Multinational Brigade Northeast (Mnbne), ainsi que par le commandant du bataillon français (Batfra), le colonel Hautecloque-Raysz, pour un briefing sur la situation actuelle sur le terrain.

An eine Herabsetzung der Truppenstärke ist derzeit nicht zu denken. Es werden vielmehr zusätzliche Truppen gebraucht. Die Lage ist zwar ruhig, aber fragil, und die KFOR muss diese Situation beherrschen solange keine politische Lösung in Sicht ist. (Charles Goerens, Luxemburger Wort, 21-05-2004)

Le contingent Belukos est composé d’un élément de commandement et d’appui et d’une compagnie à trois pelotons, dont le peloton luxembourgeois. Sa zone d’opération se situe au nord-ouest du Kosovo dans le secteur du bataillon français.

Lors du briefing, les représentants de l’armée française ont tout d’abord tenu à remercier S.A.R. le Grand-Duc pour sa visite au Belvedere «qui constitue un support sans pareil pour toutes les troupes déployées sur le terrain». Se disant très heureux de pouvoir accueillir la plus haute autorité nationale d’un contingent, ils ont souligné avec beaucoup de fierté le professionnalisme, l’engagement et le comportement exemplaire du contingent luxembourgeois lors des émeutes du 17 mars 2004.

En effet, le détachement luxembourgeois a joué un rôle important lors des manifestations d’étudiants albanais de la mi-mars au Kosovo et plus particulièrement à Mitrovica. Ces manifestations, qui avaient commencé dans le calme, ont évolué vers des actions brutales entre la communauté albanaise et la communauté serbe du Kosovo. Suite à ces actions, les trois pelotons belges et le peloton luxembourgeois ont été très vite déployés sur le terrain où le peloton luxembourgeois avait pour mission d’extraire des villageois serbes.

Le bilan des émeutes fut très lourd. Plusieurs personnes furent tuées, des centaines d'autres blessées, des maisons mises à feu et grand nombre d’églises et de monastères endommagés, voire détruits.

Rencontre avec les soldats luxembourgeois

C’est le lieutenant en 1er Georges Campill, commandant du 13e détachement luxembourgeois de la KFOR (KFOR XIII/15), qui a accueilli ensuite S.A.R. le Grand-Duc et sa délégation près de l’église de Saint-Sava où le contingent luxembourgeois assure, depuis les récentes émeutes, une mission de sécurisation de la zone afin de maintenir un environnement sûr. Le chef d’État y a eu l’occasion de discuter avec les soldats luxembourgeois de leurs expériences acquises sur le terrain et du rôle de leurs missions.

Après le déjeuner offert par les soldats luxembourgeois en l’honneur de leurs hôtes, S.A.R. le Grand-Duc et le ministre Charles Goerens ont rencontré sur le site du quartier général de la KFOR le commandant en chef de la KFOR, le lieutenant-général Holger Kammerhoff, pour un échange de vues.

«La KFOR a regagné le contrôle», a évalué ce dernier la situation actuelle, en ajoutant qu’il faudra encore du temps pour avoir à nouveau un environnement sûr. Des efforts considérables devraient encore être faits pour stabiliser la situation. Ceci ne pourrait se faire que par un renforcement de la KFOR, a tenu à préciser le lieutenant-général Holger Kammerhoff, notamment pour répondre aux défis auxquels sont confrontées quotidiennement les troupes sur le terrain.

Les entretiens politiques

Le Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Lydie Polfer a eu, de son côté, des pourparlers avec le Premier ministre, Barjam Rexhepi, et le représentant de la Coalition serbe pour le retour (Povratak), Dragisa Krstovic.

La situation politique et économique du Kosovo, la relation entre le Kosovo et l’Union européenne ainsi que la mise en œuvre du Kosovo Standards Implementation Plan (KSIP), approuvé par le Conseil de sécurité des Nations unies dans sa déclaration du 12 décembre 2003, ont été abordées lors de ces entretiens avec les différents responsables politiques.

À l’issue de ses entretiens politiques, le chef de la diplomatie luxembourgeoise ne s’est pas montré trop optimiste quant à l’avenir immédiat du Kosovo.

Malgré les efforts considérables depuis 1999, la situation économique reste précaire. La relance économique est inexistante. Le produit intérieur brut (PIB) dépend largement de la communauté internationale et des contributions de la diaspora. Le revenu par habitant demeure aussi un des plus bas en Europe. À Mitrovica, par exemple, on enregistre même un taux de chômage de 80% auprès des jeunes.

Cette situation économique catastrophique nuit considérablement au climat en général au Kosovo. C’est cette grande insatisfaction qui a été à la base des événements de la mi-mars, a tenu à préciser Lydie Polfer à l’issue de son entrevue avec le Premier ministre kosovare albanais Barjam Rexhepi. Ce dernier a par contre rassuré le Vice-Premier ministre luxembourgeois à sa demande que son gouvernement veillera à ce que les maisons, églises et monastères endommagés et détruits soient reconstruits d'ici la fin de l’année.

Alors que ces événements ont gravement nui à l’image du gouvernement en place, le Premier ministre kosovare albanais sait parfaitement combien il sera difficile de rétablir à nouveau la confiance entre les deux communautés, a souligné Lydie Polfer.

Après sa rencontre avec le représentant kosovare serbe, le Vice-Premier ministre luxembourgeois a été confirmé dans son opinion et s’est dit très pessimiste quant à un rétablissement d’une atmosphère saine avant les prochaines élections. Depuis la mi-mars 2004, les hommes politiques kosovares serbes ont une attitude très réticente envers le gouvernement en place et refusent toute collaboration.

«Ce dossier sensible préoccupera davantage la future Présidence luxembourgeoise de l’Union européenne», a conclu Lydie Polfer, étant donné que mi-2005 demeure la date d’évaluation du respect du concept «normes avant statut» qui vise à évaluer les progrès réalisés dans une série de domaines clés. Ce n’est que lorsque ces normes auront été respectées que la discussion sur le statut final du Kosovo pourra être envisagée.

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