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Réactions luxembourgeoises quant à la proposition franco-allemande relative à la création d'un poste de Président du Conseil européen
Les réactions du Premier ministre Jean-Claude Juncker
Le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker a accueilli avec prudence la proposition franco-allemande concernant la création du poste d’un Président du Conseil européen élu par ses pairs pour une période de cinq ans ou de deux ans et demi.
M. Juncker a notamment estimé que "la position du Président de la Commission n’est à priori pas renforcée par le fait qu’on lui ajoute un Président du Conseil avec lequel il va inévitablement être en compétition".
Mais la vraie question pour Jean-Claude Juncker est "de savoir ce que ce Président est censé faire".
"Nous n’avons pas besoin d’un Président du Conseil qui félicite le Président américain pour son anniversaire, nous avons besoin d’un Président du Conseil qui explique la position européenne sur l’Iraq au Président américain" a dit le chef du gouvernement luxembourgeois.
Concernant la représentation extérieure de l’Union européenne par une seule personne au niveau de la Commission et du Conseil, M. Juncker a rappelé que cette idée figurait déjà dans le mémorandum du Benelux sur la réforme des institutions du 4 décembre 2002. L’existence d’une telle personne rendrait encore plus difficile l’appréciation des compétences d’un éventuel Président, surtout qu’il n’existe pas encore d’idées concrètes quant à la présidence des formations spécialisées du Conseil des ministres, tels les conseil des affaires économiques et financières ou de l’agriculture. Toutes ces questions devraient trouver une réponse avant que l’on puisse se prononcer définitivement sur la question d’un Président du Conseil.
"Nous ne disons pas "non" par principe aux propositions franco-allemandes, mais nous ne disons pas inconditionnellement "oui" non plus", a conclu Jean-Claude Juncker.
Les réactions du ministre des Affaires étrangères Lydie Polfer
Lydie Polfer, ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, de son côté, a estimé qu'en l'absence d'un rôle clairement défini et de compétences spécifiques incombant au Président du Conseil européen, une telle construction risque de créer des frictions et des confusions de compétences, ce qui n'est pas de nature à garantir l'efficacité et la continuité du travail des instances dirigeantes dans une Union élargie.
Plutôt qu'une simplification, elle voit dans la proposition franco-allemande une complication de l'architecture institutionnelle de l'Union et un danger pour l'équilibre à l'intérieur du triangle institutionnel. La ministre des Affaires étrangères du Luxembourg a rappelé que le souci d'une architecture efficace, tout comme celui "d'assurer l'égalité de traitement entre tous les Etats membres et l'équilibre entre les institutions de l'Union", avait inspiré les pays du Benelux à rejeter dans leur mémorandum de décembre "la proposition tendant à la désignation du Président du Conseil européen en dehors des membres du Conseil pour une longue durée".
Pour ce qui est de la proposition de fusionner les fonctions de Haut Représentant pour la politique extérieure et de Commissaire chargé des relations extérieures, Madame Polfer s'est dite d'accord avec cette idée qui fait par ailleurs partie des suggestions élaborées par le mémorandum du Benelux.