Dernière modification le
Le Luxembourg s'investit dans la recherche biomédicale
Cette initiative, dans laquelle le gouvernement investira quelque 140 millions d’euros sur les cinq prochaines années, a pour objectif de développer un pôle de compétences en médecine moléculaire.
Elle est agencée autour de partenariats avec trois centres mondialement réputés dans ce domaine:
- le Translational Genomics Research Institute (TGen) à Phoenix, dirigé par le Dr Jeffrey Trent,
- l’Institute for Systems Biology (ISB) à Seattle, dirigé par le Dr Leroy Hood,
- le Partnership for Personalized Medicine (PPM) à Phoenix, présidé par le Dr Leland Hartwell.
Pour mener à bien cette initiative, le gouvernement compte sur la collaboration des centres de recherche publics (CRP) Santé, Henri Tudor et Gabriel Lippmann ainsi que de l’Université du Luxembourg, étroitement impliqués dans la phase de préparation. Dans ce contexte, il convient également de noter que la Société nationale de crédit et d’investissement (SNCI) vient de mettre en place une enveloppe de financement limitée, sous forme d’une facilité "Technologies de la Santé".
Les trois projets visent tout particulièrement à intensifier la recherche dans le domaine du diagnostic moléculaire, pierre angulaire de la médecine personnalisée. Celle-ci est fondée sur une meilleure prévention, un dépistage affiné, un diagnostic précoce, un traitement des causes de la maladie avec des produits basés sur des mécanismes biologiques, une médecine ciblée et adaptée à chaque patient. À terme, l’idée est de pouvoir administrer le bon médicament, à la bonne personne, au bon moment, avec la bonne dose.
Cette démarche concrétise le programme gouvernemental de 2004 qui fait figurer dans ses priorités la création de centres d’excellence scientifique et technologique, la prospection d’activités de recherche pouvant aider à diversifier le tissu économique luxembourgeois, notamment dans le domaine des biotechnologies, ainsi que le développement de la médecine préventive.
Trois projets complémentaires
L’élément pivot du projet d’ensemble est la création d’une "biobanque" luxembourgeoise en partenariat avec le Translational Genomics Research Institute, sous la dénomination Integrated Biobank of Luxembourg (IBBL). Ouverte sur des collaborations européennes et internationales, cette structure concentrera ses efforts, dans un premier temps, à la collecte et à l’analyse d’échantillons biologiques (tissus, sang, etc.) et des données qui s’y rapportent à des fins de recherche en cancérologie (poumon et colon).
Les efforts de l’IBBL seront étayés par des capacités biotechnologiques et bioinformatiques de pointe. La biobanque, à fonder par les trois centres de recherche publics et l’Université, répondra aux standards éthiques et de protection des données établis par les normes internationales les plus strictes. L’institution devra permettre, à terme, de promouvoir et d’accompagner la réalisation de projets de recherche nationaux et internationaux - y compris les projets de recherche du Dr. Hartwell et du Dr. Hood -, de favoriser la recherche translationnelle, c’est-à-dire la mise en oeuvre des connaissances les plus récentes dans la pratique médicale et de soutenir la création de savoir pour la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies.
Le deuxième volet de l’accord de recherche concerne un partenariat entre l’Institute for Systems Biology du Dr. Hood et l’Université du Luxembourg, avec pour objectif de créer, en collaboration avec les centres de recherche publics, d’ici cinq ans un centre de compétences en biologie systémique au Luxembourg - Center for Systems Biology Luxembourg (CSBL). Le premier axe de ce projet de recherche porte sur le séquençage du génome - plus particulièrement sur l’étude des systèmes génétiques - alors que le deuxième axe concerne l’empreinte moléculaire - protéines du sang - des principaux organes. Cet effort de recherche vise à mieux comprendre les dysfonctionnements de l’organisme en cas de maladie à des fins de détection et de suivi. Le projet comporte également un important volet technologique, centré sur le développement et l’intégration des outils en génomique (étude des génomes), en protéomique (étude des protéines) et en bioinformatique (application de l’informatique à la biologie).
Le troisième et dernier projet retenu est un projet de démonstration réalisé dans le cadre du Partnership for Personalized Medicine (PPM), une initiative lancée à Phoenix en 2007 par deux fondations philanthropiques et présidée par le Dr. Hartwell - prix Nobel de Physiologie et Médecine 2001. L’objectif est de faire avancer le concept de médecine personnalisée en finançant des projets de recherche dans le domaine du diagnostic moléculaire. Concrètement, il s’agit de sélectionner et de valider des marqueurs permettant d’intervenir plus efficacement tout au long d’une maladie, de la détection précoce au suivi thérapeutique. Le projet luxembourgeois portera sur le cancer du poumon, une maladie quasi incurable car se manifestant généralement à un stade avancé. Chaque année, quelque 180 personnes décèdent d’un cancer du poumon au Luxembourg. Ce projet fera l’objet d’un partenariat de recherche entre le PPM et le CRP-Santé.
Pour les trois ministres à l’origine de cette démarche commune, Jeannot Krecké, François Biltgen et Mars Di Bartolomeo, ce partenariat stratégique entre les instituts de recherche luxembourgeois et des instituts de grande renommée aux États-Unis constitue une opportunité unique:
- de développer un pôle de compétences qui permettra d’intensifier l’effort de recherche au Grand-Duché et d’en renforcer à la fois les retombées au plan national et le rayonnement au plan international;
- de favoriser la diversification économique dans un secteur de pointe et en pleine croissance;
- et de servir les intérêts de la population, le système de santé pouvant bénéficier largement des connaissances générées par la recherche.