Mady Delvaux-Stehres au sujet du bilan du Neie Lycée

Audrey Somnard: Êtes-vous satisfaite du bilan du Neie Lycée?

Mady Delvaux-Stehres: Je suis plutôt satisfaite de ce bilan car c'était une aventure de lancer ce projet-pilote, avec une méthode tout à fait alternative, sans notes. Le monde politique m'a suivie mais le corps enseignant était très sceptique en disant que ce n'est pas avec du cirque que les enfants vont apprendre plus. Alors, en cinq ans, après que l'école a trouvé son rythme et que l'équipe s'est bien constituée, on constate que l'apprentissage est équivalent aux autres lycées, le développement de la motivation est très bon, ce qui est un atout pour la continuation des études, les parents sont très satisfaits, il n'y a aucune école où les parents sont aussi satisfaits.

Audrey Somnard: Quelles conclusions en tirez-vous?

Mady Delvaux-Stehres: Ce que j'aime, c'est voir le degré d'investissement des élèves, car c'est pour eux que nous avons crée cette école. Ce qu'ils apprennent c'est une chose, mais ce qui les motive à continuer à rechercher et à s'investir, c'est ça qui est important pour leur carrière future. Cela se développe très bien dans cette école et c'est vraiment très positif: J'ai quand même demandé à l'équipe de préciser et travailler sur quelques notions d'incertitude concernant les critères dévaluation. Comme dans toutes les écoles, je crois que l'on peut toujours faire mieux (sourire). Il ne faut jamais se déclarer satisfait et travailler pour obtenir de meilleurs résultats avec les élèves.

Audrey Somnard: L'éducation aux valeurs, qui remplace le cours de religion, a fait l'objet d'un rapport. Que dit-il?

Mady Delvaux-Stehres: C'est un projet unique au Luxembourg puisque la loi et la convention avec l'Eglise prévoient qu'il y ait un cours de religion et un cours d'éducation morale et sociale. En 2004, nous avions retenu que pour le projet-pilote, nous allions instaurer un cours unique intitulé éducation aux valeurs où tous les élèves seraient mélangés. Donc il n'y a pas de cours de religion. L'évaluation nous dit que c'est très bien accepté par les enseignants, les parents, les élèves qui ont bien intégré les notions enseignées: démocratie, participation, développer son sens critique. Cela me réjouit. Cela semble nettement positif. Un petit questionnaire sur les notions religieuses a été réalisé et les élèves de l'éducation aux valeurs savent autant que les autres. Il ne s'agit pas de "croire" mais de connaître la Bible et les grandes figures de l'histoire des religions. Et là je pense que nous allons réfléchir à intégrer dans les programmes des éléments de connaissances pour ne pas perdre une partie de notre héritage culturel. C'est une piste que nous devons explorer dans la réforme des programmes du lycée.

Audrey Somnard: Le cours d'éducation aux valeurs pourrait-il être étendu à tous les autres lycées?

Mady Delvaux-Stehres: A moins d'un événement extérieur, nous sommes dans le statu quo avec la coalition actuelle. Dans le cadre du débat sur la séparation de l'Eglise et l'Etat, les cours de religion sont discutés en commission et les partis politiques se positionneront. Mais ça n'avance guère... Ce qui m'a effrayée quand même, c'est que les élèves de cours de religion n'en savent pas plus que les autres sur le fait religieux.

Audrey Somnard: Les autres lycées doivent-ils s'inspirer du Neie Lycée?

Mady Delvaux-Stehres: Ce modèle n'est pas transférable tel quel dans les autres lycées, mais il faut réfléchir sur le tutorat, le système d'orientation, etc. Nous sommes en train d'en discuter donc je ne peux pas en dire beaucoup plus à l'heure actuelle. Mais ce que j'aime, c'est cette exigence demandée aux élèves du Neie Lycée, qui ne se contentent pas d'obtenir la moyenne et de faire le minimum. J'aimerais trouver les éléments qui mobilisent les élèves à travailler.

Membre du gouvernement

DELVAUX-STEHRES Mady

Date de l'événement

29.06.2011

Type(s)

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