Conseil Affaires générales à Luxembourg

Le Conseil Affaires générales, réunissant les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, s'est tenu les 10 et 11 avril 2000 au Kirchberg sous la présidence du ministre portugais, Jaime Gama.

A l'affiche des débats, profitant de la présence du ministre russe Igor Ivanov, les relations avec la Russie étaient au centre de toutes les conversations.

Sur fond de conflit persistant en Tchétchénie, le malaise diplomatique latent n'en a pas moins débouché sur une volonté de l'UE de construire un "partenariat stratégique" à long terme avec la Russie.

"La crise en Tchétchénie ne dispense pas l'Europe d'avoir une politique russe cohérente", précise le ministre français Hubert Védrine. Et celui-ci de surenchérir qu'il faut maintenir le dialogue avec la Russie.

Pour l'Union européenne, la Russie entrerait dans une phase de stabilité politique après les élections, qui est plus favorable au développement d'une coopération portant sur le long terme.

Quant à sa position sur le conflit tchétchène proprement dit, elle a insisté sur la nécessité d'une présence internationale sur le terrain, d'une enquête crédible sur les accusations d'exactions et d'une solution politique pour l'avenir de la Tchétchénie.

Par ailleurs, la question de l'adhésion turque à l'Union européenne a également été abondamment évoquée par le sommet. La Turquie a, en effet, profité de l'occasion pour lancer officiellement sa phase de préaccession. Le chemin s'annonce cependant encore long et parsemé d'embûches avant l'adhésion finale.

"Nous préparons l'ouverture des négociations proprement dites ; c'est une phase qui prendra du temps", pour reprendre les termes du commissaire européen chargé de l'épineux dossier de l'élargissement, Guenther Verheugen. Principales pierres d'achoppement à ce jour : la peine de mort qui est toujours de mise en Turquie, la politique des droits de l'Homme et le problème chypriote.

Si l'on en croit le ministre turc des Affaires étrangères, Ismail Cem, la problématique concernant la peine de mort mériterait un certain bémol, considérant qu'elle n'a plus été appliquée depuis seize ans et qu'un projet de loi a déjà été déposé pour son abolition. A cet effet, celui-ci reconnaît que la récente condamnation à la peine capitale du leader kurde, Abdullah Öçalan, a joué énormément de tort aux yeux de l'opinion publique.

Concrètement, Européens et Turcs ont décidé de créer huit sous-comités, chargés de préparer les négociations d'adhésion, et d'envisager des ouvertures pour libéraliser les services et l'accès aux marchés publics.

"C'est un grand pas en avant, dans le sens des décisions du sommet d'Helsinki de l'UE", a déclaré le ministre portugais des Affaires étrangères, Jaime Gama, qui présidait la réunion de Luxembourg.

(Publié le 17 avril 2000)

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