Le ministre Charles Goerens inaugure un village au Burkina Faso

Du 27 au 28 octobre 2000, le ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire, Charles Goerens, s'est rendu au Burkina Faso pour participer à la cérémonie officielle d'inauguration du "village artisanal" de Ouagadougou en présence du Premier ministre burkinabé, Kadré Désiré Ouédraogo.


La délégation luxembourgeoise et les Artisans d'art du village

Vendredi 27 octobre 2000, Charles Goerens, ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire, est arrivé en fin d'après-midi dans la capitale burkinabè, Ouagadougou. Il a été accueilli chaleureusement à l'Aéroport par le ministre du Commerce, de l'Industrie et de l'Artisanat, Kader Cissé. Le ministre luxembourgeois et sa délégation composée notamment de Jean Feyder, directeur de la Coopération au Développement au ministère des Affaires étrangères, et Fernand Koos, directeur administrateur de Lux-Development ont eu l'occasion, lors d'un dîner offert par S.E.M. le ministre d'Etat et ministre des Affaires étrangères, Youssouf Ouédraogo, d'avoir un premier échange de vue sur les relations très étroites entre les deux pays, et notamment, les différents projets de coopération en cours, en formulation et en identification.


Le ministre Charles Goerens lors de l'entretien avec le Professeur Joseph Ki-Zerbo

En assistant samedi matin, 28 octobre 2000 à la cérémonie officielle d'inauguration du "Village artisanal", le ministre luxembourgeois de la Coopération et de l'Action humanitaire a pu voir les fruits de plusieurs années de politique de coopération efficace menée par le gouvernement luxembourgeois dans la région. En présence de tous les membres du gouvernement burkinabè, des corps constitués, des artisans et de la population, le Premier ministre, Kadre Désiré Ouédraogo, et Charles Goerens ont coupé, dans une ambiance extrêmement chaleureuse, et aux rythmes de la musique locale, le ruban aux couleurs nationale et luxembourgeoise, et ont dévoilé la nouvelle enseigne lumineuse de ce "grenier de l'artisanat burkinabè".


Charles Goerens et le Premier ministre burkinabè, Kadre Désiré Ouédraogo, lors de la coupure du ruban

Dans son discours d'inauguration, le ministre burkinabè du Commerce, de l'Industrie et de l'Artisanat a tenu à remercier le Gouvernement luxembourgeois pour "ce joyau", vitrine nouvelle de l'artisanat burkinabè, qui est le fruit de la coopération entre le Luxembourg et le Burkina Faso. Le ministre Goerens, de son côté a insisté sur la notion de "partenariat" dans ce projet qui est le résultat d'une grande volonté réciproque et a exposé les objectifs de la politique de coopération luxembourgeoise dont son volet décentralisé. Il a en outre informé les invités que le gouvernement luxembourgeois ouvrira, en janvier 2001, une "mission de Coopération" à Dakar (Sénégal) qui permettra de faire encore mieux le suivi de la coopération bilatérale dans la région de l'Afrique de l'Ouest, notamment, le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Cap Vert.

En guise de conclusion, il a exprimé le regret que cette inauguration ait dû se dérouler sans la présence de S.A.R. le Prince Guillaume, président de Lux-Development qui, victime d'un accident de voiture, n'a pas pu assister à la présentation de cet ambitieux projet au public.


Charles Goerens avec à sa gauche le Premier ministre burkinabè et
le ministre du Commerce,
de l'Industrie et de l'Artisanat, Kader Cissé

Le Burkina Faso, pays enclavé de l'Afrique de l'Ouest, a des frontières communes avec le Mali au Nord-Ouest, la Côte d'Ivoire au Sud-Ouest, le Ghana, le Togo et le Bénin au Sud et le Niger à l'Est. Ce pays d'Afrique noir, avec une population de presque 11 millions d'habitants, couvre une superficie totale de 274.000 km2 dont 33% sont à vocation agricole. En 1998, le Burkina Faso ce qui signifie en langue locale "pays des hommes intègres", est devenu un des cinq pays d'Afrique de l'Ouest qui figure parmi les dix pays "cible" de la coopération luxembourgeoise. La politique luxembourgeoise de coopération au développement se concentre davantage sur les pays pauvres en privilégiant toujours une action continue c'est-à-dire des projets qui ont des chances d'être poursuivis de façon indépendante par le pays en question. Mais la coopération avec le Burkina Faso (anciennement Haute Volta) remonte déjà à l'année 1959, époque à laquelle la "Jeunesse rurale catholique luxembourgeoise" introduisait les premiers échanges avec des agriculteurs. Ces agriculteurs luxembourgeois étaient les premiers véritables coopérants dans la région. Parlant du Burkina Faso à l'heure actuelle, il faut savoir qu'il s'agit d'un des pays les plus pauvres de la planète puisqu'il a été classé 171 sur 174 par le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) dans son rapport mondial sur le développement humain en 1999.

Le projet du "Village artisanal " a pris forme en décembre 1997 lors d'une mission d'identification au Burkina Faso et s'inspire en droite ligne du "Village artisanal de Wadata" à Niamey (Niger). L'objectif du projet est de regrouper de manière durable environ 300 artisans d'art émergents dans un village artisanal et ceci sous forme d'une coopérative viable. Le Burkina Faso compte plus d'un demi million d'artisans et leur contribution au PIB du pays est de 20%. Le résultat obtenu à Ouagadougou est très prometteur. Infrastructure de production et de commercialisation, le "Village artisanal" conçu d'une façon résolument originale et conviviale comprend sur un site de trois hectares 44 ateliers de production couverts sur une superficie de 1700 m2, quatre espaces de travail à l'aire libre sur une superficie de 7000 m2, une salle d'exposition et de vente de 230 m2 ainsi que des salles de réunion et de bureaux.

Au village artisanal, on peut découvrir les bronzes, batiks, bogolan, masques ou statues car le Burkina est réputé pour ses tissages et ses teintures. Le travail de ses bronziers, des sculpteurs, potiers et céramistes est tout aussi impressionnant. Tous ces artisans, qui puisent leur savoir-faire dans la tradition sahélienne, réinterprètent des thèmes classiques ou créent des formes nouvelles en utilisant des techniques ancestrales ou innovantes. Reste à souligner que cette audacieuse réalisation, dotée d'un budget total de 87 mio flux, a été pilotée conjointement par Lux-Development et la Chambre de commerce, d'Industrie et d'Artisanat du Burkina Faso. Dans les prochaines années, l'action de la coopération luxembourgeoise via Lux-Development, se concentrera davantage sur l'encadrement, la formation et la promotion commerciale du "Village artisanal" afin de faire de celui-ci un véritable pôle d'excellence dans la sous-région.

Les autorités burkinabè, conscientes de ces atouts de l'artisanat, ont donc fait de la promotion artisanale un maillon important de leur politique. C'est ainsi qu'elles organisent tous les deux ans le "Salon International de l'Artisanat de Ouagadougou (SIAO)". Le SIAO est devenu le rendez-vous des acheteurs de l'artisanat africain du monde entier. Cependant, sa tenue biennale oblige les artisans à attendre deux ans pour présenter leur production à l'échelle internationale. Mais le "Village Artisanal de Ouagadougou" est susceptible de combler l'absence de structures pour représenter de façon permanente l'artisanat burkinabè. Charles Goerens, après avoir eu encore une discussion animée avec les représentants des artisans du "Village artisanal" a tenu à visiter la septième édition du SIAO qui a ouvert ses portes vendredi passé pour une durée de 10 jours. Situé à côté du site du "Village artisanal", le ministre luxembourgeois de la Coopération et de l'Action humanitaire a pu se faire une idée de l'artisanat africain dans son ensemble.

Profitant de son séjour dans la région, M. Goerens a également rencontré les représentants de l'Association civile PRODIA. Prodia est un institut de micro-finances qui intervient en milieu urbain et péri-urbain (ville de Ouagadougou) et est appuyé par SOS FAIM Luxembourg - Action pour le développement. Prodia ne distribue pas de subventions mais appuie les secteurs de la micro entreprise dans leurs efforts de développement tout en accordant des crédits aux plus défavorisés qui sont exclus des structures traditionnelles. Le ministre luxembourgeois de la Coopération et de l'Action humanitaire s'est félicité de ce projet basé sur le partenariat et qui s'inscrit entièrement dans la politique luxembourgeoise de coopération en visant essentiellement le renforcement de l'autonomie de gestion de la population cible dans le domaine socio-économique. Il a informé les représentants que son ministère continuera à cofinancer ce projet et qu'une somme de 3,5 millions de flux sera débloquée dans les prochaines semaines.

A côté des sujets de discussion axés sur la coopération au développement, le politique figurait aussi à l'ordre du jour. Ainsi, le ministre Goerens a rencontré le Professuer Joseph Ki-Zerbo. A 78 ans, cet Africain atypique, qui est à la fois éleveur et cultivateur, musicien et journaliste, universitaire et homme politique militant, est considéré par beaucoup comme un des sages de l'Afrique contemporaine. Lors de leur entrevue, les deux hommes politiques ont eu un échange intensif sur la politique des droits fondamentaux en Afrique, le multipartisme ainsi que la régionalisation. Les deux interlocuteurs ont partagé les mêmes idées que la "démocratie est un moyen pour le respect des droits de l'homme qui est une finalité en soi". Jospeh Ki-Zerbo a accepté en outre l'invitation du ministre luxembourgeois de faire une contribution lors du colloque sur le respect des droits de l'homme qu'il envisage d'organiser début l'année prochaine à Dakar en présence d'autres invités illustres notamment Mary Robinson, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme. Charles Goerens a quitté le Burkina Faso avec la promesse de revenir dans le courant du premier semestre de l'année prochaine afin de mettre au point, lors d'une visite plus approfondie encore, d'autres projets de la coopération bilatérale.

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