Exposition Chine

C'est dans le cadre de l'accord culturel entre la République populaire de Chine et le Grand-Duché de Luxembourg que notre pays présente la plus vaste exposition de peintures luxembourgeoises jamais présentées à l'étranger. Constituée de 140 œuvres réalisées par une trentaine de peintres luxembourgeois, l'exposition "Peintures luxembourgeoises (1839-1939)", Collection du Musée national d'Histoire et d'Art du  Grand-Duché de Luxembourg) a lieu au Musée du Millénaire à Beijing jusqu'au 17 octobre 2001 inclus. Ensuite, l'exposition sera présentée au Musée des Beaux-Arts de Shanghai du 30 octobre au 25 novembre 2001.

L'exposition retrace une partie essentielle de l'histoire de l'art des 100 premières années du Grand-Duché actuel. Elle est un reflet de l'âme de la nation luxembourgeois et illustre les bonheurs et les malheurs de notre histoire.

L'exposition commence par Pierre-Joseph Redouté, surnommé le "Raphael des Fleurs", qui, jusqu'à ce jour, est le peintre luxembourgeois le plus célèbre. Jean-Baptiste Fresez compte chez nous parmi les artistes les plus influents du XIXe siècle. Un de ses élèves, Nicolas Liez, a peint en 1870 une vue de la ville de Luxembourg qui montre que le démantèlement de la forteresse décidé par le Congrès de Londres en 1867 a commencé. Le "Feierwon", notre premier train traverse le tableau, signifiant l'entrée du Luxembourg dans le monde moderne.

Fondé en 1893, le Cercle artistique de Luxembourg a joué dans l'histoire de notre art un rôle qui est loin d'être négligeable. Dès ses débuts, des artistes étrangers ayant des attaches avec notre pays participent à ses expositions: le Hongrois Mihaly Munkácksy compte parmi les grandes célébrités de l'époque.

L'impressionniste Dominique Lang, peignant par petites touches, est amené à décomposer la lumière solaire pour arriver, vers 1912/13,  à la reconstituer par les couleurs pures, celles de l'arc-en-ciel. Il réalise ainsi des visions fugitives de paysages à un moment donné. L'aquarelliste Sosthène Weis peut être qualifié de "romantique post-impressionniste". Ses vues rêveuses de Luxembourg comptent parmi les œuvres les plus attachantes de la peinture luxembourgeoise.

A l'issue de la Première Guerre mondiale, de jeunes artistes qui ont fait leurs études principalement en Allemagne réagissent, non seulement contre l'impressionnisme mais encore s'inspirent de Van Gogh et de Cézanne qu'ils viennent de découvrir. Dans notre pays s'installe la querelle entre les peintres traditionnels du Cercle artistique et de jeunes peintres progressistes qui menés par Joseph Kutter et Nico Klopp fondent la sécession luxembourgeoise en 1927.

Durant sa brève carrière artistique qui va de 1920 à 1930, Nico Klopp peint fréquemment le pont de Remich qui enjambe la Moselle. Des aplats de couleur que délimitent parfois durement des traits aigus empruntés à la gravure sur lino peuvent caractériser son style. La découverte de Van Gogh en 1928 et du Midi de la France en 1929 ne manquent pas d'éclaircir sa palette.

Cependant Joseph Kutter apparaît comme le peintre luxembourgeois le plus important. Il prend rang parmi les meilleurs expressionnistes européens de l'entre-deux-guerres. Des couleurs semblables au feu qui couve sous la cendre, des compositions solides font partie de son langage pictural qui lui permet d'exprimer avec pathos, mais sans excès, un insurmontable mal de vivre. Aussi n'est-il que justice qu'il occupe la place la plus importante dans l'exposition de peintures luxembourgeoises en Chine. Rappelons que Kutter est le seul artiste luxembourgeois auquel d'importantes rétrospectives aient été consacrées dans de grandes capitales européennes: deux fois à Paris, une fois à Bruxelles, à Amsterdam et à Berlin.

Jean-Luc Koltz, Conservateur au Musée national d'Histoire et d'Art

Dernière mise à jour