Visite des ministres Goerens et Frieden au Niger

  • Veuillez consulter ci-joint le communiqué de presse officiel de la visite au Niger (format rtf ou pdf).

La visite des ministres Charles Goerens et Luc Frieden au Niger a commencé le 25 février par une visite à l'Assemblée nationale du Niger. Le ministre de la coopération et de l'action humanitaire, accompagné de l'ensemble de la délégation luxembourgeoise, y a discuté avec le président de l'Assemblée nationale du Niger des relations en matière de coopération entre le Niger et le Grand-Duché. On y a évoqué les projets luxembourgeois existants et l'évolution politique récente, notamment la suspension de la coopération luxembourgeoise suite au coup d'Etat de 1999 et les élections de novembre 1999 qui ont permis de réinstaurer un régime démocratique. M. Goerens a rappelé l'importance que revêt pour le Luxembourg, dans le cadre de son aide au développement, le respect des droits de l'homme, de l'Etat de droit et d'une bonne gouvernance.

Cette première entrevue fut suivie d'une longue réunion de travail avec la ministre des Affaires étrangères du Niger en présence d'autres ministres et fonctionnaires nigériens. Y ont été abordés en détail un grand nombre des aspects qui touchent à la coopération luxembourgeoise, notamment les sévères déficiences du Niger en matière d'éducation, en matière de santé et les projets que le Luxembourg a initié dans les domaines de l'artisanat et de l'agriculture.

Cette journée a été couronnée par la signature de 3 protocoles d'accord entre le Luxembourg et le Niger. Ces protocoles portent sur des projets dans les domaines de l'éducation, de la santé (dont la prévention du SIDA) et du développement rural intégré.

Après une première journée essentiellement sous le signe de réunions de travail et de rencontres politiques, la journée du 26 février était presque exclusivement réservée à la visite de projets de coopération luxembourgeois dans la province de Dosso où le Luxembourg s'est impliqué de manière particulièrement forte. Les ministres ont ainsi pu se faire une idée sur le terrain de l'état d'avancement des projets, de leur utilité concréte pour la population et de la perception des projets par les nigériens concernés.

La première visite de la journée était celle du centre artisanal de Dosso, qui se situe à deux bonnes heures de route de Niamey, la capitale du pays. Ce centre artisanal a pu être construit en 1996 grâce à la coopération luxembourgeoise. Il compte 23 ateliers de production. Près de 25 % de la population de Dosso est actif dans le secteur de l'artisanat. Les responsables sur place ont insisté sur la très grande diversité des produits qu'ils façonnent et ont chaleureusement remercié le gouvernement luxembourgeois de l'aide très précieuse qu'il leur apporte. Le ministre Goerens a rappelé que tout projet de coopération ne peut réussir qu'avec le concours des deux parties concernées et que la coopération luxembourgeoise ne s'inscrivait nullement dans une démarche de charité mais bien dans celle d'un partenariat équilibré entre deux pays. Les nigériens ont montré ensuite sur place des exemplaires de leur savoir-faire artisanal.

La prochaine étape de la journée était réservée à la visite du palais du Djermakoye, qui est le palais du chef de province de Dosso. Il s'agit d'un beau bâtiment ancien d'architecture traditionnelle dans lequel sont encore prononcés des jugements dans le domaine du droit coutumier.

Une école dans la région du village de Kayam servait ensuite d'illustration à un autre volet important de la coopération luxembourgeoise: l'éducation. Le Luxembourg participe en effet fortement aux efforts entrepris au Niger et plus particulièrement dans la province de Dosso qui visent à abaisser le taux d'analphabétisme (qui dépasse les 80%) et à augmenter le taux de scolarisation (qui n'est que de 30 % pour l'école primaire et de 5% pour l'école secondaire).

Le Luxembourg est aussi engagé dans la région dans des projets qui touchent à la santé (p.ex. par le biais de l'amélioration des conditions sanitaires), dans des projets de prévention du SIDA au moyen de l'information et de l'éducation des populations et plus particulièrement des enfants, dans le programme de lutte anti-acridienne (c'est-à-dire contre les invasions de criquets qui ravagent régulièrement les récoltes) et plus généralement dans des projets de développement rural intégré qui visent à développer l'agriculture, à la rendre plus productive tout en prenant garde de ne pas nuire encore plus à l'environnement déjà passablement en danger (désertification, disaparition d'une grande partie de la faune sauvage, ?) de la région. Ces projets visent même à créer un nouvel équilibre qui permettrait à l'environnement de reprendre une partie de ses droits ce qui sera en fin de compte aussi dans l'intérêt de la population locale qui est étroitement dépendante de cet environnement fragilisé. Le Luxembourg intervient aussi régulièrement au Niger dans des programmes de sécurité alimentaire.

Après le retour à Niamey, le programme de cette journée s'est clôturé avec une visite au palais présidentiel. Le ministre de la coopération et de l'action humanitaire et le ministre du trésor et du budget s'y sont entretenus avec le président du Niger, M. Mamadou Tandja. Ont été discutés des questions bilatérales et des orientations futures à prendre en matière de coopération.

La deuxième partie de la visite du ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire, M. Charles Goerens, et du ministre du Trésor et du Budget, M. Luc Frieden, était en grande partie axée sur la visite de projets concernant le domaine de l'artisanat. Le Luxembourg concentre en effet une bonne partie de ses efforts de coopération au Niger au développement de ce secteur, qui peut permettre aux Nigériens d'améliorer leur sort par le biais de leur propre travail, de créer de la plus-value et donc de la richesse et de contribuer ainsi à un développement économique et social durable du pays, qui devrait devenir à terme de plus en plus indépendant des aides et des conseils étrangers.

Mais avant la visite des villages artisanaux initiés et financés en grande partie par l'aide au développement du Grand-Duché, la délégation luxembourgeoise avait dans la matinée du 27 février encore différentes entrevues politiques. La plus importante était celle qui a eu lieu avec le Premier ministre du Niger, M. Hama Amadou. Il y a été question du Plan indicatif de coopération (PIC) que le Luxembourg est en train de préparer pour donner un cadre encore plus cohérent et plus transparent à l'aide au développement fournie par le Luxembourg au Niger. Un tel PIC a déjà été mis en place pour le Cap-Vert et le Niger sera probablement le deuxième ou le troisième pays à bénéficier de cette approche. Furent discutées aussi les possibilités d'harmonisation ou de coordination de ce PIC avec le Plan de réduction de la pauvreté développé par le gouvernement nigérien.

La visite auprès du Premier ministre nigérien fut précédée par des entretiens avec des membres d'organismes internationaux actifs dans le domaine de la coopération.

D'une part les ministres Goerens et Frieden se sont entretenus lors d'un petit déjeuner de travail avec des représentants du FNUAP, du PNUD, du FMI (Fonds monétaire international) et de la FAO sur les voies envisageables pour coordonner davantage l'aide au développement des différents organismes internationaux au Niger et celle prestée par les Etats eux-mêmes. Le Luxembourg est impliqué au Niger dans des projets multilatéraux gérés par le PNUD ou par le FNUAP.

D'autre part la mission luxembourgeoise a rencontré la représentante de l'Union européenne à Niamey pour discuter des projets de coopération de l'UE au Niger. Ces projets sont financés par le FED (Fonds européen de développement), principal instrument financier de la politique communautaire d'aide au développement.

Vers midi, la délégation luxembourgeoise a entamé sa visite du village artisanal de Wadata à Niamey. Comme indiqué plus haut, l'artisanat constitue un des points forts de la coopération luxembourgeoise au Niger. Le Luxembourg a encouragé dans le passé, par l'intermédiaire de son agence d'exécution Lux-Development, la création de villages artisanaux un peu partout au Niger. Ces villages fonctionnent comme des coopératives et permettent aux artisans la mise en commun des outils de production, le partage de leurs expériences et de leurs techniques de fabrication ainsi que l'organisation centralisée des ventes et du commerce avec les articles artisanaux. Leur naissance a conduit à un essor notable du secteur de l'artisanat dans les régions concernées. Les artisans seraient capables de produire encore des quantités plus importantes mais les limites du marché national et les problèmes multiples que peut poser l'exportation à grande échelle les freinent dans une certaine mesure. Néanmoins, environ 50 % de la production est destinée à l'exportation.

Après un déjeuner dans les locaux de Lux-Development, les membres de la mission luxembourgeoise se sont envolés vers la ville d'Agadez située plus au nord à environ 1.000 kilomètres de la capitale. L'avion s'est posé dans la soirée sur l'aéroport de cette ville située dans une région quasi-désertique. L'accueil de la population fut des plus chaleureux. Les touaregs ont paradé avec leurs chameaux en l'honneur des invités et ont dansé pour marquer leur joie. Les ministres Goerens et Frieden furent accueillis par le sultan d'Agadez dans son palais et la foule était venue en masse pour saluer les Luxembourgeois. La journée s'est terminée par un dîner en plein air en présence du préfet de la région et placé sous le haut patronage du Premier ministre nigérien.

Tôt dans la matinée du 28 février la délégation, conduite par M. Goerens et M. Frieden, a rendu visite au village artisanal d'Agadez. Les artisans y ont exprimé leur gratitude envers le Luxembourg, qui, à travers le projet du village artisanal, a réussi à fédérer des artisans dispersés auparavant, à améliorer leur situation sociale ce qui leur a permis de diversifier, d'améliorer et d'augmenter leur production artisanale. Une vieille femme artisane a illustré un peu plus tard de manière éloquente l'évolution, en répondant à la question du ministre Goerens sur les changements concrets dans sa vie provoqués par la création du centre artisanal, qu'aujourd'hui, à la différence d'hier, elle pouvait de temps en temps acheter et manger de la viande. Avant la visite du hall de vente et des ateliers, M. le ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire a tenu une courte allocution dans laquelle il a, entre autres, remercié les Nigériens de leur hospitalité et de leur accueil. La visite des lieux a confirmé l'habilité des artisans et la diversité des produits manufacturés. Elle a aussi montré la part grandissante que prennent des machines modernes dans l'artisanat nigérien, machines qui permettent un accroissement de la productivité et de la qualité.

La dernière visite du voyage eut lieu au Centre national anti-acridien d'Agadez. Ce centre est responsable de la lutte contre le criquet pèlerin, un fléau qui menace en permanence dans la région. Le Luxembourg est impliqué de très près dans cette entreprise au niveau organisation, formation et financement. Le Grand-Duché plaide notamment pour une utilisation plus systématique d'un nouveau bio-pesticide, à base de spores d'un champignon, qui est complètement inoffensif pour l'homme et dont l'effet toxique pour le criquet pèlerin est plus permanent (une saison entière). Alors que le pesticide traditionnel, fourni sur place par le Japon, tue sur-le-champ, mais ne protège les champs que pour une courte durée et présente des risques toxiques certains. Cette participation de la coopération luxembourgeoise à la lutte anti-acridienne est à placer dans le cadre plus large des programmes de sécurité alimentaire pour le Niger où le Luxembourg joue aussi son rôle.

En résumé de cette visite, on peut retenir que la coopération luxembourgeoise revêt une grande importance pour le Niger. Elle est aussi perçue à sa juste mesure par les autorités nigériennes. Le Luxembourg est le 7e bailleur de fonds bilatéraux (sans prendre en compte les organismes internationaux) au Niger et son rôle, à condition que l'évolution démocratique du pays se poursuit, est appelé à s'accroître. Le gouvernement luxembourgeois est en effet d'accord d'augmenter à l'avenir le pourcentage de 0,7 % du revenu national brut réservé à la coopération. Le Luxembourg est ainsi un des seuls pays à dépasser ce taux. Le Niger ne cesse de devenir plus important pour le Grand-Duché qui entend y développer, dans le partenariat, ses projets et approfondir les liens qui relient les deux pays.

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