Jean-Claude Juncker participe à un séminaire sur la stratégie européenne pour l'emploi

Le lundi 25 mars 2002, le Premier ministre et ministre des Finances Jean-Claude Juncker a participé à Maastricht au séminaire "Cinq ans après Luxembourg et deux ans après Lisbonne: assurer la réussite de la stratégie européenne pour l'emploi". Lors de ce rendez-vous européen, organisé par l'Institut européen d'administration publique (IEAP), le Premier ministre a tenu un discours intitulé "La stratégie coordonnée pour l'emploi dans les cinq années à venir: les défis à relever dans une Union élargie".


J.-Cl. Juncker lors de son discours à l'Institut européen d'administration publique à Maastricht

"Je suis le seul ministre des Finances encore en fonction à avoir signé le traité de Maastricht. Je suis donc le seul survivant du traité de Maastricht". C'est par une pincée d'humour que Jean-Claude Juncker a commencé son discours devant une audience de fonctionnaires, responsables politiques, représentants des partenaires sociaux et experts indépendants à l'IEAP de Maastricht.

Le Premier ministre a d'abord passé en revue la longue genèse de la stratégie européenne pour l'emploi en rappelant que suite au parachèvement du marché intérieur et depuis la mise en place du processus préparatoire à l'Union économique et monétaire en 1992, il est apparu à d'aucuns que le volet social faisait défaut en Europe. En effet, une fois le traité de Maastricht ratifié, toutes les politiques européennes étaient subordonnées aux politiques d'assainissement budgétaire, condition préalable pour les Etats membres soucieux de se qualifier pour une Union économique et monétaire.

"A cette époque, je constatais avec un déplaisir croissant que les ministres européens du Travail passaient leur temps non pas sur les politiques de l'emploi ou sur l'harmonisation européenne du droit du travail, mais sur les effets néfastes des politiques monétaires sur l'emploi tandis que les ministres des Finances, dans leurs réunions, s'appliquaient à parler de l'emploi. Un monde à l'envers !", s'est rappelé Jean-Claude Juncker.

En effet, le chapitre social, concocté à Maastricht en 1992, était peu ambitieux, non seulement, mais surtout en raison d'un "opting-out" du gouvernement britannique. Le traité d'Amsterdam de 1997 par contre fut doté d'un chapitre social un peu plus ambitieux. Pour Jean-Claude Juncker ce fut surtout le nouveau gouvernement français sous Lionel Jospin qui faisait avancer les choses en insistant lors du Conseil européen d'Amsterdam que l'Europe devrait être dotée d'une véritable stratégie pour l'emploi et proposant d'organiser sous présidence luxembourgeoise le premier sommet pour l'emploi.

Selon M. Juncker, le problème qui se posait à l'époque était qu'il n'existait aucune proposition de contenu dans les conclusions du Conseil d'Amsterdam à l'exception d'une disposition qui stipulait d'anticiper le chapitre social du traité d'Amsterdam, c.à.d. de ne pas attendre la ratification du traité, mais d'appliquer le chapitre social du traité.

"Nous devrions donc en fait commencer à faire l'inventaire des idées qui étaient sur la table. Or, nous avons dû constater que les gouvernements qui soutenaient l'idée d'un sommet pour l'emploi voulaient qu'en Europe nous leur fournissions l'argumentaire qui leur aurait permis de mieux argumenter la politique nationale qu'ils étaient en train de conjuguer. Une fois de plus l'Europe devrait devenir le chantier extérieur des man?uvres de politique nationale, une chose qu'il fallait éviter à tout prix!", continua M. Juncker.

Après avoir dressé l'historique en matière de politique d'emploi, le Premier ministre a énoncé la façon de procéder du gouvernement luxembourgeois afin de faire du sommet de l'emploi un succès. Le gouvernement luxembourgeois a sollicité les Etats membres afin qu'ils soumettent à la présidence luxembourgeoise des propositions concrètes en matière d'emploi.

"C'était une récolte d'idées qui se caractérisait par une timidité exemplaire!", s'exclama Jean-Claude Juncker avant de continuer: "L'idée était celle de mettre de l'ordre dans les propositions faites, de choisir une approche nouvelle en y adjoignant une méthodologie: s'inspirer de la stratégie dite de convergence! Il fallait avoir le même "stress de convergence" en matière sociale qu'en matière économique, accompagné de finalités concrètes et vérifiables".

Fut adoptée par la suite la proposition du gouvernement luxembourgeois que le Conseil européen devrait doter l'Union européenne chaque année de lignes directrices concrètes, quantifiées et vérifiables en matière d'emploi, mises en œuvre par les programmes d'action nationaux pour l'emploi (PAN) et s'articulant autour de quatre grands axes d'action. "Dans toutes ces actions", le Premier ministre a rappelé, "il était très important d'associer non seulement les gouvernements nationaux, mais aussi les collectivités régionales, voire locales et que les partenaires sociaux assument leur responsabilité".

En 2000, le processus de Luxembourg fut complété par le processus de Lisbonne, lors duquel les Etats membres se sont engagés de faire de l'Europe l'espace économique le plus compétitif jusqu'en 2010. A Lisbonne, les chefs d'Etat et de gouvernement étaient guidés par l'idée de marier les ambitions économiques et politiques de l'Union européenne.

Se posant la question si le processus de Luxembourg a été couronné de succès, Jean-Claude Juncker a dû avouer que "les résultats sont parfois convenables, parfois décevants". Selon le Premier ministre, il est vrai que depuis 1997 l'Europe est devenue plus créatrice d'emplois en raison du "stress de convergence" stimulé par le processus de Luxembourg. ll juge cependant que "ces grands rendez-vous de printemps en matière d'emploi sont devenus de petits rendez-vous" en déplorant qu'au niveau du Conseil européen les politiques de l'emploi ne sont plus vraiment discutées de façon ciblée, les chefs d'Etat et de gouvernement préférant laisser ce soin aux différentes formations du Conseil des ministres.

Autre faiblesse du système actuel: les partenaires sociaux, qui sont timides à mettre en pratique les lignes directrices en matière d'emploi, ne sont pas vraiment redevables envers qui que ce soit, contrairement aux gouvernements nationaux. Aux dires de M. Juncker, ceci est la raison pour laquelle le gouvernement luxembourgeois a insisté auprès de la présidence espagnole pour que lors du Conseil européen de Barcelone, les partenaires sociaux soient mieux associés à la stratégie de Luxembourg.

En guise de conclusion, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a plaidé que tous les Etats membres fassent comme le Luxembourg et se mettent d'accord sur le programme d'action national pour l'emploi en formation tripartite, réunissant autour d'une table gouvernement, patronat et syndicats. Il a également appelé à ce que l'Union européenne réussisse que le social fasse partie de l'acquis communautaire avant l'élargissement de l'Union européenne.

Le séminaire, organisé par l'IEAP, qui a son siège à Maastricht, a réuni pendant deux jours des fonctionnaires européens, issus des différents niveaux de l'administration publique, des responsables politiques, des représentants des partenaires sociaux et des experts indépendants.

L'objectif est d'évaluer les progrès enregistrés par la stratégie européenne pour l'emploi depuis le Conseil européen de Luxembourg en 1997, à un moment où l'Union européenne est en train de repenser son cadre institutionnel et ses formes de gouvernance et où elle se prépare à un élargissement sans précédent.

Il y a cinq ans, le traité d'Amsterdam avait introduit un nouveau titre sur l'emploi dans le traité CE et le premier Conseil européen extraordinaire sur l'emploi s'est tenu à Luxembourg en novembre 1997. Au début 2000, lors du Conseil européen de Lisbonne, la stratégie pour l'emploi fut inscrite dans le cadre d'un « nouvel objectif stratégique pour la décennie à venir : devenir l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde, capable d'une croissance économique durable accompagnée d'une amélioration quantitative et qualitative de l'emploi et d'une plus grande cohésion sociale.

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