Tournée des capitales: Rencontre Juncker - Aznar au Luxembourg

Dans le cadre de sa tournée des capitales en vue de la préparation du Conseil européen de Séville, le président en exercice du conseil de l'Union européenne, M. José Maria Aznar, s'est rendu le mercredi 5 juin 2002 à Luxembourg. M. Aznar a eu des entretiens avec le Premier ministre Jean-Claude Juncker au Château de Senningen auxquels a assisté aussi la Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Mme Lydie Polfer.


Le Premier ministre Juncker accueille le président en exercice du conseil de l'Union européenne, José Maria Aznar

Parmi les thèmes à l'ordre du jour ont figuré la politique d'immigration et de l'asile, la réforme du conseil de l'Union européenne et les travaux de la Convention sur l'avenir de l'Europe.

Lors d'une conférence de presse conjointe, M. Aznar a présenté son paquet en matière de Justice et d'Affaires intérieures qui se compose de quatre piliers fondamentaux:

  • système européen d'asile;
  • lutte contre l'immigration illégale;
  • renforcement du contrôle des frontières extérieures;
  • coopération internationale de lutte contre l'immigration clandestine avec quatre volets: assistance technique et financière, accords de réadmission, distinction entre immigration légale et illégale, conditionnalité si les pays originaires d'immigration illégale n'assument pas leurs responsabilités.

M. Aznar a souligné qu'au Conseil européen de Séville, les chefs d'Etat et de gouvernement voudront donner un signal fort en matière d'immigration, aussi prendront-ils surtout des mesures opérationnelles à calendrier fixe.


M. Jean-Claude Juncker, la ministre des Affaires étrangères Lydie Polfer et M. Aznar

Pour le Premier ministre Jean-Claude Juncker, la question de l'immigration revêt d'une importance cruciale. "Nous partageons la démarche générale de la présidence, qui consiste à mettre en place tout un dispositif de lutte contre l'immigration clandestine, surtout quand elle est organisée", a déclaré Jean-Claude Juncker en début de la conférence de presse avant de continuer: "Il n'est pas question pour nous de fermer les portes de l'Europe; il n'est pas question pour nous de mettre un terme à l'immigration et de mettre en cause les acquis de la Convention de Genève".

M. Juncker a lui aussi plaidé en faveur de la mise en place d'un dispositif de lutte féroce contre l'immigration clandestine organisée, "surtout celle qui a pour première victime ceux qui, chez nous, deviennent des immigrés illégaux". Jean-Claude Juncker a qualifié de "sage" la démarche de la présidence espagnole "puisqu'elle insiste sur le caractère concret des mesures à prendre et des calendriers contraignants" et a exprimé sa satisfaction quant aux travaux de la présidence à tous les niveaux.

En ce qui concerne la réforme du Conseil européen de l'Union européenne, M. Aznar a fait remarquer que le Conseil européen de Séville lancera un débat sur la question, mais qu'aucune décision ne sera prise sur les questions qui touchent aux traités.


MM. Juncker et Aznar lors de la conférence de presse conjointe

M. Juncker de son côté a ajouté qu'aucune décision sur ce point ne sera prise à Séville puisqu'il appartiendra à la Convention sur l'avenir de l'Europe d'aborder ce problème. "Je ne suis pas opposé à l'idée de doter le conseil européen d'un président, mais l'idée qu'une telle présidence, imaginée dans le brouillard sans prendre en considération l'avenir architectural de l'Union européenne, c.à.d. sans prendre en considération le rôle de la Commission européenne et de son président, pourrait nous conduire à un retour vers l'intergouvernemental", a déclaré le Premier ministre luxembourgeois.

Répondant à une question d'un journaliste relative à l'équilibre budgétaire européen, Jean-Claude Juncker a répliqué qu'il est évident que le pacte de stabilité et de croissance ainsi que les décisions prises à Barcelone et ailleurs, qui visent à retrouver l'équilibre budgétaire et financier en 2004, doivent être respectées. Comme le cas français est actuellement soumis à délibération, M. Juncker a plaidé que les ministres des Finances européens se réunissent le l9 juin 2002 au plus tard à Luxembourg pour essayer de régler le problème. En effet, selon M. Juncker, il ne serait pas sage de reporter le problème du pacte de stabilité au Conseil européen de Séville.

"Il est évident que la stabilité est un principe directeur de l'Union économique et monétaire", a déclaré Jean-Claude Juncker avant de préciser que "la stabilité n'était pas seulement un principe de départ, mais un principe qui doit trouver son application pendant toute la durée de l'Union économique et monétaire (UEM) c.à.d. dans la pérennité absolue". M Juncker a toutefois souligné qu'il faudrait être attentif aux éléments conjoncturels qui, pour un moment, pourraient expliquer une application plus nuancée du pacte de stabilité tout en avertissant qu'une "application fétichiste du pacte de stabilité ne doit pas tuer la croissance".

La prochaine étape dans le cadre de la tournée des capitales du Premier ministre espagnol a été Rome.

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