Entrevue du ministre de la Coopération Charles Goerens avec M. Paul Grossrieder, directeur général du CICR

Le ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire Charles Goerens a reçu le 11 juin 2002 une délégation du comité international de la Croix-Rouge (CICR), menée par M. Paul Grossrieder, directeur général du CICR. La situation humanitaire en général et les éléments de réponse que le Luxembourg peut apporter à l'aide humanitaire ont marqué les travaux. Côté luxembourgeois, les conflits oubliés et la prévention de conflits sont prioritaires.


Le ministre Charles Goerens et le directeur général du CICR s'expliquent devant la presse à l'issue de leur réunion

Le ministre luxembourgeois et le directeur général du CICR ont passé en revue les différents foyers de crise. "Nous voulons concentrer notre aide humanitaire sur les conflits oubliés, notamment ceux sur le continent africain", a noté M. Goerens.

M. Grossrieder a salué la politique significative et originelle du Luxembourg par rapport à ce type de conflits, hors médias et avec des victimes dont personne ne parle. Le directeur a cité l'exemple de la Somalie, pays qui n'aurait pas avancé depuis 1992 lorsqu'il était au centre de l'attention.

L'action humanitaire du Luxembourg et du CICR se concentre aussi sur la prévention de conflits. Une coopération dans ce domaine sera lancée prochainement à Dakar. Selon le directeur général Paul Grossrieder, le CICR veut entamer un travail en profondeur à moyen et à long terme. "Il s'agit d'intégrer dans les programmes d'éducation pour la jeunesse les valeurs du respect de la personne, la tolérance de l'ennemi, bref des éléments porteurs de valeurs culturelles différentes."

"Nous voulons une solution intelligente, rationnelle et susceptible d'éviter les conflits", signala le ministre luxembourgeois.

M. Goerens et M. Grossrieder ont aussi rappelé la nécessité de respecter le droit international humanitaire. "Les pays fondateurs de l'ONU, attachés à ce droit, doivent être irréprochables à ce niveau", concluait M. Goerens. Et à M. Grossrieder d'ajouter qu'il avait l'impression que les Etats tenteraient de minimiser ce droit auquel ils auraient adhéré.

Charles Goerens a déconseillé l'abolition du conseil Développement de l'Union européenne. Les travaux des services humanitaires avaient permis de dégager un modèle européen dans ce contexte. Ce modèle serait, aux dires du ministre Goerens, le moteur des actions humanitaires et de la coopération au développement et permettra à l'Europe de marquer ainsi de son empreinte les prochains rendez-vous dans le domaine humanitaire, comme le Sommet pour le développement durable à Johannesburg.

Dans le contexte des "children soldiers", le ministre Goerens a signalé que la législation luxembourgeoise sera adaptée. Il s'agit de faire en sorte que les moins de 18 ans ne peuvent être envoyés sur le terrain, même pas pour participer à des missions de maintien de la paix.

M. Paul Grossrieder a encore rappelé la dégradation de la situation au Moyen Orient, notamment en Cisjordanie où le CICR a lancé un programme d'assistance et de relance du commerce afin de permettre à la population de retrouver une vie plus normale.
Les actions menées en Afghanistan resteront prioritaires pour le CICR. Bien que le spectaculaire soit passé, le plus dur resterait encore à faire.

En guise de conclusion, le ministre luxembourgeois a espéré que l'expérience et l'expertise de M. Grossrieder, dont le mandat au CICR touche à son terme, resteront acquise.

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