"Quand un homme part pour toujours, sa mort serre les hommes qui l’entourent dans un gouffre. Quand un grand homme décède, ce gouffre est particulièrement béant. Pierre Werner était un grand homme".
Tels sont les mots par lesquels le Premier ministre Jean-Claude Juncker a honoré M. Pierre Werner, ministre d’Etat honoraire, décédé le 24 juin 2002 à Luxembourg, lors d’une commémoration en son souvenir à la Chambre des députés.
M. Juncker lors de la commémoration à la Chambre des députés
Pierre Werner aurait été surtout connu en tant qu’homme politique. Or, selon Jean-Claude Juncker, il a été bien plus. Au-delà de son talent pour réaliser des projets politiques, Pierre Werner aurait été un juriste doué et un homme d’une grande culture générale, manifestant un goût naturel pour la littérature et la musique. Son affinité pour la nature aurait été à l’origine d’une profonde harmonie avec le pays.
Le Premier ministre a également rappelé que Pierre Werner avait une profonde notion de ce que représente l’Etat et le service public. Par gouverner, Pierre Werner entendait surtout être au service du pays, ce qui souvent le faisait dire: "J’ai épousé la politique par un profond attachement à mon pays".
En tant que fonctionnaire d’Etat à la fin des années 1940, il aurait participé de façon privilégiée à la reconstruction du pays. Par la suite, en tant que membre du gouvernement, il aurait eu la chance de mettre en œuvre les changements structurels de l’économie luxembourgeoise, ayant le mérite d’avoir pratiquement tout seul mis en chantier le projet de la place financière de Luxembourg.
Le gouvernement luxembourgeois rassemblé derrière le portrait de M. Pierre Werner
D’après Jean-Claude Juncker, Pierre Werner aurait également eu le mérite non négligeable de fermement ancrer le Luxembourg en tant que site des institutions européennes en y attirant des institutions comme la Banque européenne d’investissement, l’Office des publications des Communautés européennes et Eurostat.
Même si son projet européen le plus connu fut celui évoquant l’idée d’une monnaie unique européenne, connu plus tard sous le nom de "Plan Werner", l’engagement européen de Pierre Werner ne se serait pas limité au domaine financier et monétaire, mais aurait été une aventure qui a marqué toute sa vie. Dans ce contexte, Jean-Claude Juncker a cité, à titre d’exemple, le compromis réalisé en 1967 par Pierre Werner dans la question agraire et son intervention de 1968 concernant l’attaque franco-allemande contre la place financière de Luxembourg.
Aux dires du Premier ministre, Pierre Werner a été un personnage plein de contradictions. Bien que les médias l’eussent parfois représenté comme "esprit hésitant", Pierre Werner aurait pu se prévaloir d’être un grand penseur, riche en expérience de la vie, qui se marquait par une grande douceur dans ses rapports avec les autres. "Il n’y a aucune lésion dans la politique luxembourgeoise, qui porterait la griffe de Pierre Werner", a souligné le Premier ministre.
En guise de conclusion, le Premier ministre a exprimé, au nom du gouvernement, ses condoléances à la famille et aux proches de M. Pierre Werner. "Pierre Werner a rendu de grands services à la population luxembourgeoise, parce qu’il a multiplié ses talents au service du pays", a conclu Jean-Claude Juncker.
Dans son discours commémoratif, M. Jean Spautz, président de la Chambre des députés, a honoré Pierre Werner comme grand Européen et grand visionnaire qui a toujours donné le meilleur de soi jusqu’au limites du possible.