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Commémoration à l'occasion du 60e anniversaire de la grève générale du 31 août 1942
Wiltz
Le samedi, 31 août 2002, a eu lieu à Wiltz une cérémonie de commémoration à l'occasion du 60e anniversaire de la grève générale de 1942, réunissant au pied du Monument de la Grève de nombreuses personnalités parmi lesquelles LL.AA.RR. le Grand-Duc et la Grande-Duchesse ainsi que le Premier ministre et ministre d'Etat M. Jean-Claude Juncker.
S.A.R. le Grand-Duc lors du dépôt de la gerbe de fleurs devant le Monument de la Grève
C'est, en effet, à Wiltz qu'avait débuté, 60 ans plus tôt, la grève générale en protestation contre l'introduction par l'occupant nazi du service militaire obligatoire pour les jeunes Luxembourgeois. Les événements tragiques de ce 31 août 1942 ont considérablement marqué la conscience collective des Luxembourgeois.
La cérémonie, organisée par le Conseil national de la Résistance ainsi que par la Ville de Wiltz, s'est ouverte par l'accueil des hauts invités et l'intonation du Wilhelmus. Après l'appel aux morts en souvenir des victimes de cet événement mémorable, S.A.R. le Grand-Duc a déposé une gerbe au pied du Monument de la Grève.
Par la suite, M. Alphonse Raths, Président du Conseil national de la Résistance, M. Romain Schneider, le bourgmestre de Wiltz, ainsi que le Premier ministre M. Jean-Claude Juncker ont prononcé des discours rendant hommage aux victimes et au courage du peuple luxembourgeois.
M. Juncker lors de son discours prononcé à Wiltz devant un parterre de personnalités et de personnes privées venues se souvenir
Dans son discours le Premier ministre a rappelé "la valeur historique immense" de la grève générale. "Se remémorer 1942 n'est pas l'affaire d'un individu, mais de tout un peuple", a-t-il souligné, en honorant le courage du peuple luxembourgeois et "l'impressionnante solidarité nationale" qui s'était exprimée en 1942. Selon Jean-Claude Juncker c'est, en effet, grâce à cette grève, que la Wehrpflicht a été épargnée à de nombreux jeunes Luxembourgeois. En même temps, cette grève aurait considérablement marqué l'histoire luxembourgeoise d'après-guerre. "Après la Première Guerre mondiale, les alliés se posaient encore la question si le Luxembourg devait subsister en tant qu'entité indépendante, tellement notre rôle lors de cette guerre était ambigu. Après la Seconde Guerre mondiale, la question ne s'est plus posée. La grève avait fait impression dans le monde". Selon le Premier ministre, cet événement avait réussi à conforter la position du Luxembourg en Europe. Dans ce contexte, le Premier ministre a pourtant prévenu de ne pas mettre en péril aujourd'hui "ce que nous avons reçu en nos mains sans avoir fait nous-mêmes le moindre effort."
Le Monument de la Grève de Wiltz
Esch-sur-Alzette
Des cérémonies de commémoration ont été célébrées dans de nombreuses autres localités à travers le pays. Ainsi, LL.AA.RR. le Grand-Duc et la Grande-Duchesse ainsi que le Premier ministre ont également assisté à une cérémonie près du Monument aux Morts qui se trouve sur la Place de la Résistance à Esch-sur-Alzette, métropole du Bassin minier luxembourgeois qui a joué un rôle de prime importance dans la résistance à l'occupant nazi et notamment dans cette grève générale qui a défrayé la chronique à un niveau international. Cette cérémonie, organisée par l'OGBL en souvenir de tous ceux qui par la grève générale de 1942 se sont opposés au régime nazi fut suivie par une séance académique à la salle des fêtes de l'Hôtel de Ville.
Le Monument aux Morts, à l'entrée du Musée de la Résistance à Esch-Alzette, ayant obtenu le statut de monument national en 1987
La grève générale de 1942
Le 30 août 1942, le Gauleiter Gustav Simon annonça l'introduction du service militaire obligatoire pour les jeunes Luxembourgeois nés entre 1920 et 1924. Profondément choqués, tout le pays avait répliqué, dès le lendemain, 31 août 1942, par une série de grèves à travers le pays, Wiltz et Schifflange pouvant être considérés comme les hauts-lieux de cette grève. La grève, avait, en effet, débuté à Wiltz, et y avait touché un maximum de gens en raison de la formation d'un cortège de protestation. A Schifflange, les ouvriers avaient quitté en masse l'usine à l'appel de la sirène qu'un certain Hans Adam, Luxembourgeois d'origine allemande, avait actionnée. Les actions de grève - qui étaient restées pacifiques - allaient du défilé à travers les rues de Wiltz ou de l'arrêt de travail massif dans l'usine de Schifflange au croisement de bras de fonctionnaires, d'employés et de postiers, au refus de paysans de livrer leur quotas quotidiens de laits, à la non-dispense de cours par des instituteurs ainsi qu'au simple refus de jeunes élèves de rentrer en classe.
Or, surpris par l'ampleur de la réaction et craignant que le mouvement ne fasse tâche d'huile, les occupants nazis réagirent avec brutalité et rapidité. Dès la nuit du 31 août, proclamant l'état d'urgence, ils mettaient en place des tribunaux d'exception. Le triste bilan de la répression nazie, démesurée et arbitraire, était la condamnation à mort et l'exécution immédiate de 21 Luxembourgeois, dont Hans Adam. Presque 200 personnes furent arrêtées, dont 83 furent traduites devant le tribunal d'exception, puis remises à la Gestapo. 290 jeunes lycéens, garçons et filles, 40 apprentis de l'Arbed, 7 jeunes postiers - tous mineurs - furent arrêtés et transférés en Allemagne dans des camps de rééducation. De nombreuses familles luxembourgeoises ont dû quitter leur patrie pour être déportées en Silésie et dans le pays des Sudètes.