Le secrétaire d'Etat à l'Environnement Eugène Berger présente la publication "Les forêts naturelles et semi-naturelles au Luxembourg"

Le 7 novembre 2002, le secrétaire d'Etat à l'Environnement Eugène Berger a présenté la nouvelle publication du ministère de l'Environnement et de l'Administration des eaux et forêts / Service de l'aménagement des bois portant le titre: "Les forêts naturelles et semi-naturelles au Grand-Duché de Luxembourg".

Cette publication illustrée décrit les différents types de forêts existants au Luxembourg ("Bëschbiller"), en visant en particulier les formations naturelles et semi-naturelles. Elle présente les essences forestières caractérisant un type de forêt donné ainsi que les espèces des strates arbustives et herbacées qui les accompagnent. Elle a pour objectif de mieux faire connaître, comprendre et appréhender à un public intéressé (forestiers, propriétaires forestiers, diplômés ou étudiants en sciences naturelles, pédagogues, amoureux de la nature, promeneurs, ...) la richesse et la diversité de nos forêts.

L'idée maîtresse est de se baser sur les fondements de la "Typologie des végétations forestières au Luxembourg" (R.Vanesse, 1993) et la "Cartographie de végétations forestières" (ministère de l'Environnement, Administration des eaux et forêts, 1999, finalisée en 2002).

Les aspects botaniques des différents types de forêts sont décrits et illustrés (plantes caractéristiques, groupements indicateurs, abondance / rareté et répartition géographique), en les reliant aux caractéristiques sylvicoles (structure, composition en essences, mode de traitement) et aux valeurs écologiques (biodiversité). L'accent principal est mis sur la description et l'illustration des associations forestières naturelles et semi-naturelles présentes au niveau de notre pays (forêts feuillues), les autres types de forêts rencontrées (plantations artificielles, résineux) étant toutefois mentionnés de manière sommaire.

La brochure fait également le lien avec les principales directives communautaires (notamment la directive "Habitats- faune, flore") et/ou les législations nationales en relation avec la protection des forêts naturelles, de leurs habitats et leur faune / flore (notamment le RGD – "Biodiversité"), sans toutefois en faire un thème principal.

Pour chaque association forestière sont décrits:

  1. Le faciès forestier ("Waldbild") et ses caractéristiques botaniques (essences principales du couvert forestier, structure, sous-associations et variantes rencontrées, espèces floristiques caractéristiques,...).

  2. Les caractéristiques stationnelles, la répartition géographique et l'importance en terme de représentation au niveau du pays (topographie, géologie, caractéristiques du sol, répartition et importance, ...).

  3. Les caractéristiques sylvicoles (origine, mode de traitement, fonctionnement écosystémique, ...).

  4. La valeur écologique (biodiversité).

Introduction à la phytosociologie forestière (étude de la végétation forestière)

Son utilité

La végétation est un élément important de l'écosystème forêt. Elle conditionne l'évolution et le fonctionnement du sol par ses apports de matières organiques, par la mobilisation et la redistribution des éléments minéraux et par les conditions microclimatiques qu'elle engendre. Elle intervient également directement sur le développement des arbres par des phénomènes de compétition.

Mais c'est avant tout en raison de son caractère indicateur vis-à-vis des autres facteurs écologiques que la végétation présente un intérêt majeur dans les études de l'écosystème forestier. La végétation est en effet très sensible aux conditions climatiques de la station ainsi qu'aux conditions trophiques (nutritionnelles) et hydriques du sol prospecté.

La végétation étant ainsi en quelque sorte le reflet de toutes les conditions qui règnent dans un milieu (une station forestière) donné, l'étude approfondie de la végétation et de la variation de sa composition sur le terrain (phytosociologie, Pflanzensoziologie) conduit ainsi à la reconnaissance des conditions de milieu (conditions stationnelles).

La méthode phytosociologique

Littéralement la phytosociologie est l' "étude des communautés végétales" ou encore l'étude des tendances naturelles manifestées par des individus d'espèces végétales différents à cohabiter ou s'exclure d'une communauté végétale".

Ces associations végétales, appelées associations forestières en forêt (Waldgesellschaften), représentent les unités fondamentales de la végétation et sont caractérisées par l'ensemble de leurs espèces, et plus particulièrement par des espèces exclusives ou différentielles (espèces non présentes dans les autres associations), qui en constituent les espèces caractéristiques (espèces permettant la reconnaissance de différentes associations).

Les projets qui sont à la base de la publication

A la fin des années '80, soucieux de doter l'Administration des eaux et forêts d'outils d'évaluation écologiques et bio-économiques de la forêt toujours plus performants, le ministère de l'Environnement initia un ambitieux projet de cartographie phytosociologique des forêts (naturelles et semi- naturelles) luxembourgeoises.

La réalisation de l'étude typologique de base des forêts luxembourgeoises fut confiée au professeur René Vanesse du Département de l'Ecologie forestière à la Faculté Universitaire des Sciences agronomiques de Gembloux.

L'équipe du Département de l'Ecologie forestière réalisa en 1987 et 1988 un important inventaire phytosociologique, stationnel et dendrométrique des forêts feuillues naturelles (spontanées) et semi-naturelles (forêts issues de plantation d'essences feuillues indigènes, dont les taillis de chêne) luxembourgeoises. Les 479 relevés floristiques effectués vinrent s'ajouter à 349 relevés réalisés antérieurement, entre les années 1947 et 1986.

L'ensemble de ces données permit l'élaboration d'une clé de détermination phytosociologique des différents types de forêts naturelles présentes au Grand-Duché de Luxembourg, basée sur la composition du peuplement principal et la présence-abondance (coefficient BRAUN-BLANQUET) d'espèces appartenant à divers groupes floristiques (plantes indicatrices de sols riches, pauvres ou plantes à large amplitude écologique).

Cette clé comprend

  • 10 associations forestières naturelles et semi-naturelles (dont 8 sont considérées comme étant d'intérêt communautaire suivant la Directive "Habitats"),

  • subdivisées en 33 sous-associations pour le Gutland et respectivement 30 sous associations pour l'Oesling.

Par la suite a été entamé l'important projet de cartographie phytosociologique sur l'ensemble de la superficie boisée luxembourgeoise (plus ou moins 90.000 ha). L'objectif final de ce projet d'inventaire et de cartographie étant l'évaluation écologique et bio-économique de l'ensemble des forêts luxembourgeoises.

Les données actuellement disponibles permettent de visualiser, quantifier et évaluer la diversité et la représentativité des différents types de forêts naturelles et semi-naturelles présentes au Grand-Duché de Luxembourg.

Véritable photo de la situation de nos forêts à l'aube du 3e millénaire, la cartographie des végétations forestières, ensemble avec sa banque de données géographique relationnelle, constitue pour les générations futures un outil important de surveillance forestière en particulier dans un contexte aussi préoccupant du changement climatique et de l'érosion de la biodiversité. Grâce à son support informatique sur GIS, la cartographie phytosociologique des forêts constitue une formidable base de données permettant des recoupements d'informations avec d'autres projets d'importance au niveau national, tels que les projets d'aménagement des forêts et les plans de gestion des futures Zones Spéciales de Conservation des Habitats Naturels d'lntérêt Communautaire (Réseau CEE-NATURA 2000) ou d'autres zones de protection comme p.ex. les réserves forestières intégrales (RFI), les projets d'aptitude stationelle forestière ou encore celui de l'lnventaire Forestier National (IFN).

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