Jean-Claude Juncker, Lydie Polfer et Charles Goerens au Sommet de Prague

Les 21 et 22 novembre 2002, les chefs d'Etat et de gouvernement des pays OTAN et partenaires ont décidé, à Prague, des rôles et des tâches à venir de l'OTAN.


Le Premier ministre Juncker avec le secrétaire général de l'OTAN Lord Robertson et le président de la République tchèque Vaclav Havel

Le Premier ministre Jean-Claude Juncker a représenté le Luxembourg au Sommet de l'OTAN à Prague. Il a été accompagné par la ministre des Affaires étrangères, Mme Lydie Polfer, et le ministre de la Défense, M. Charles Goerens. Les résultats attendus du sommet sont une OTAN transformée, capable de faire face aux nouvelles menaces et aux nouveaux défis du XXIe siècle.

A l’ordre du jour du sommet se trouvaient plus spécifiquement les sujets suivants:

  • La discussion autour des nouvelles menaces: Les chefs d'Etat et de gouvernement ont annoncé un ensemble de mesures visant à accroître la capacité de l'Alliance de lutter contre le terrorisme et les armes de destruction massive.

  • Nouvelles capacités militaires: Les pays de l'OTAN ont adopté une position commune s'agissant d'acquérir les capacités essentielles aux opérations de notre temps: transport de matériels lourds, ravitaillement en vol, armes à guidage de précision, défense contre les armes chimiques et biologiques et radars de surveillance terrestre. Les pays ont entériné la création d'une force spéciale de réaction rapide de l'OTAN, tandis que la structure de commandement et la structure de forces de l'OTAN ont été rationalisées.

  • Elargissement: L'OTAN a poursuivi son processus d'élargissement en invitant plusieurs pays candidats à adhérer à l'Alliance.

  • Nouvelles relations: L'Alliance a approfondi et a renforcé ses partenariats avec des pays non membres et d'autres organisations internationales, ce qui comporta le lancement d'un Plan d'action du Partenariat contre le terrorisme.


Les représentants du Luxembourg au sommet de Prague: le Premier ministre Juncker, la ministre des Affaires étrangères Polfer et le ministre de la Défense Goerens

Intervention de Jean-Claude Juncker lors de la séance publique

Lors de la séance publique concernant la décision de l’élargissement de l’OTAN, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a apporté le soutien du Grand-Duché de Luxembourg aux sept pays candidats qui ont été invités à rejoindre l’Alliance, notamment l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie,la Slovaquie, la Slovénie, la Bulgarie et la Roumanie. "La décision que nous prenons aujourd’hui dans cette ville symbolique - en particulier pour le Luxembourg - est certes historique, mais elle est avant tout une décision juste", a déclaré le Premier ministre.

Jean-Claude Juncker a également souligné qu’il avait toujours considéré que les pays alliés avaient l’obligation d’intégrer ces pays dans les structures de l’OTAN. Cela aurait été, en effet, l’objectif pour lequel les alliés se seraient battus depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. "Les reliquats de cette guerre sont ainsi éliminés, reliquats qui ont paralysé nos forces et nos ambitions", a constaté le Premier ministre.

Le Premier ministre a encore rappelé que dès le sommet de Madrid en 1997, le Luxembourg avait soutenu un "élargissement généreux de cette alliance", dans le souci prioritaire de renforcer la stabilité et la sécurité de la région euro-atlantique et de consolider l’OTAN.

Jean-Claude Juncker a finalement remarqué que l’œuvre parachevée à Prague n’est pas seulement celle de cette génération, mais "surtout celle de nos prédécesseurs qui n’ont jamais perdu courage". "Je tenais à leur rendre hommage", a conclu le Premier ministre lors de son intervention en séance publique au Sommet de Prague.

Priorité à la lutte contre le terrorisme

Au cours de la séance de travail, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a souligné que l'approbation des grands principes de la transformation de l'OTAN valide en même temps la continuité du concept stratégique agréé lors du dernier Sommet de Washington. Il s'agit en l'occurence des missions traditionnelles comme celle de la présence sur le Balkan. Parmi les nouvelles priorités figure en bonne place la lutte contre le terrorisme. Pour cela, l'OTAN se dote des capacités militaires et structurelles nécessaires, modernise les instruments indispensables à la lutte contre les nouvelles menaces, adapte ses structures administratives internes et renforce ses partenariats.

Le Luxembourg approuve cette politique de l'OTAN et est prêt à faire l'effort nécessaire pour donner une expression concrète à ses engagements. Ceux-ci s'inscrivent dans une logique que Jean-Claude Juncker a qualifié de "multinationale et collective".


Lydie Polfer et Lord Robertson

Parlant des relations UE-OTAN, le Premier ministre a exprimé le souhait que les arrangements institutionnels décidés à Washington en 1999 et instituant la coopération avec l'UE se réalisent bientôt dans le respect de l'autonomie des deux organisations et avec l'objectif de se renforcer mutuellement. "Il faut que nous nous entendrions sur l'essentiel", a précisé Jean-Claude Juncker.

Parlant du partenariat privilégié de l'OTAN avec la Russie, le Premier ministre a évoqué sa récente rencontre avec M. Poutine. Il s'est dit persuadé qu'il importe que le partenariat doit déboucher sur une coopération pratique et des relations concrètes. D'après M. Juncker, le lyrisme ne serait plus de circonstance. Le Premier ministre a encore évoqué l'Ukraine qui, d'après lui, doit rester un partenaire de choix puisque la stabilité de celle-ci est un facteur important de la sécurité en Europe.

Quant au Partenariat pour la Paix, il lui revient selon le Premier ministre une importance cruciale pour la sécurité et la stabilité. Il a souligné dans ce contexte que le Luxembourg s'est engagé de façon plus active dans les activités relevant de ce Partenariat, en ce qui concerne le déminage, la démilitarisation ou encore la réhabilitation de sites militaires, notamment en Géorgie et en Moldavie.

Pour M. Juncker, l'Alliance atlantique, pour parvenir à ses fins doit faire preuve de beaucoup de cohérence dans son action et dans ses relations entre partenaires. Cela exige selon lui "que nous parlions entre nous au lieu de parler de nous".

Le rôle du Luxembourg au sein de l'OTAN

M. Charles Goerens, ministre de la Coopération et de l'Action humanitaire et de la Défense, de son côté, a mis en évidence, dans un entretien relatif au Sommet de Prague - publié le 26 novembre dans le Luxemburger Wort - le rôle qu’un petit pays comme le Luxembourg est appelé à jouer au sein d’une organisation internationale comme l’OTAN.

"A long terme un petit pays ne peut subsister au sein d’une alliance que s’il reste crédible. Cette crédibilité est le fruit de la contribution que le pays est prêt à apporter à l’ensemble", a expliqué Charles Goerens. Tout en rappelant que le Luxembourg contribue 0,82% de son PIB à la coopération et à l’aide au développement, le ministre de la Défense a souligné, que grâce à cette politique proactive dans le domaine de l’aide au développement, le Luxembourg était à même de contribuer à la stabilité et à la prévention de conflits dans le monde. "Voilà des chiffres qui sont exemplaires au sein de l’Union européenne" a remarqué Charles Goerens dans l’interview.

Si l’on ajoutait à ce chiffre la contribution luxembourgeoise au niveau militaire, l’on reviendrait à une dépense totale de 1,65% du PIB destinée aux efforts pacifiques, selon les informations fournies par M. Goerens. Le ministre a toutefois rappelé qu’au niveau militaire le Luxembourg devrait continuer à augmenter ses efforts au niveau de la solidarité internationale, notamment par une collaboration étroite avec la Belgique, l’allié luxembourgeois "le plus proche", comme l’avait déjà annoncé le Premier ministre dans son discours sur l’état de la Nation de l’an 2000.

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