Perspectives des travailleurs âgés sur le marché de l´emploi : l´OCDE recommande des réformes

Le 28 janvier 2004, le ministre de l’Emploi François Biltgen a présenté les conclusions du rapport définitif de l'OCDE concernant les politiques tendant à augmenter les perspectives des travailleurs âgés sur le marché de l’emploi. Etaient également présentes Martine Durand, directrice adjointe, et Anne Sonnet, administrateur de la division d’analyse et de politique d’emploi, de l’OCDE.

Forte interdépendance entre flux migratoire et système de pension

Selon ce rapport de l'OCDE, l’âge moyen de départ en retraite au Luxembourg est estimé, pour la période 1997-2002, à 59,8 ans. Ce taux est un des plus bas des pays de l’OCDE. Le taux d’emploi des travailleurs âgés (de 50 à 64 ans) se situait à 44 %. Les coûts engendrés par ces départs anticipés ont par le passé pu être amortis grâce au marché transfrontalier du travail.


François Biltgen, Martine Durand, directrice adjointe, et Anne Sonnet, administrateur de la division d’analyse et de politique d’emploi de l’OCDE présentent le rapport sur l'emploi des travailleurs âgés

"Ce n’est pas uniquement l’OCDE qui nous fait des reproches au sujet du faible taux d’emploi des personnes âgées", a signalé François Biltgen. Le même problème avait déjà été soulevé par la Commission européenne et le Fonds monétaire international. D’emblée, le ministre a réfuté les arguments souvent avancés par les partenaires sociaux pour justifier la mise en retraite anticipée des travailleurs âgés du marché de l’emploi.

Ainsi, les statistiques auraient démontré que les départs en retraite anticipée ne se font pas au profit de l’embauche de jeunes chômeurs, qui sont souvent jugés pas assez qualifiés. Par ailleurs, François Biltgen a mis en garde contre un système social dépendant du marché de l’emploi transfrontalier. "Un système qui ne peut être financé que grâce aux travailleurs étrangers est difficilement acceptable". 

Afin d'augmenter le taux d’emploi des travailleurs âgés, les experts de l’OCDE ont recommandé différentes voies d’action : "Il faut éviter que, dans la conjoncture actuellement ralentie, de nombreux travailleurs âgés expérimentés soient incités à se retirer définitivement de la population active - ce qui fait que leurs compétences ne seront plus disponibles lorsque la conjoncture reprendra", notent les auteurs du rapport.

Un rôle important pour l'ADEM

A cet égard, les experts de l’OCDE attribuent un rôle important à l’Administration de l’emploi (ADEM). Celle-ci devrait davantage se concentrer sur le placement de salariés âgés avant de se tourner vers les frontaliers. Afin de promouvoir l’emploi, il serait en plus souhaitable que les possibilités de travail à temps partiel soient élargies et assouplies.

Pour maintenir les travailleurs âgés dans la vie active, les experts de l’OCDE s’expriment en faveur d’une réforme des dispositifs de départ en retraite anticipée. Selon le rapport, l’âge effectif d’entrée en pension "devrait se rapprocher de l’âge légal de 65 ans et la retraite anticipée devrait être rendue plus difficile d’accès et moins attractive financièrement". Les entreprises qui voudraient bénéficier du système de préretraite-ajustement devraient porter une partie des coûts. Afin de baisser les coûts de travail générés par les employés âgés, l’OCDE propose une réforme des méthodes de promotion: celles-ci ne devraient plus se baser sur l’ancienneté, mais sur la qualité du travail fourni.

Les recommandations formulées par l’OCDE démontreraient qu’" il n’y a pas de solution miracle au problème de l’emploi des travailleurs âgés", a souligné François Biltgen. Il s’agirait de créer de "réelles perspectives d’emploi de qualité". Une abolition de tous les régimes de préretraite ne serait pas acceptable. Le ministre a relevé les différentes mesures mises en place par le passé dans le cadre du Plan d’action national en faveur de l’emploi (PAN), dont il faudrait réévaluer l'efficacité. Ainsi, le dispositif permettant des préretraites partielles serait jusque là resté sans suite.

Promouvoir une nouvelle culture d'entreprise

Le ministre a incité les partenaires sociaux à assumer leurs responsabilités dans la recherche d’une solution. Afin de promouvoir une nouvelle culture d’entreprise et de provoquer un changement de mentalité auprès des employeurs, François Biltgen a annoncé l'arrivée d'un projet de loi ayant pour but de lutter contre des offres d’emploi à caractère discriminatoire. Ainsi, il devrait être interdit d’y introduire des limites d’âge spécifiques.

La révision des modalités concernant la retraite d’invalidité fera l’objet d’un autre projet de loi que le ministre veut présenter d’ici le mois de mars.

François Biltgen retrouvera prochainement les partenaires sociaux dans des réunions séparées afin d’entendre leurs opinions quant aux problèmes soulevés par l’OCDE.

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