Visite de travail du Premier ministre Jean-Claude Juncker en République populaire de Chine

Du 8 au 13 novembre 2004, le Premier ministre Jean-Claude Juncker, accompagné par le ministre de l'Économie et du Commerce extérieur, Jeannot Krecké, et par une importante délégation commerciale, a effectué une visite de travail en République populaire de Chine. Il s’agissait de la cinquième visite de Jean-Claude Juncker en Chine depuis 1996.

Shanghai

"Pour moi, Shanghai est le symbole même de la Chine qui avance et qui gagne. La Chine de la rapidité et du progrès, donc de l'espoir." C'est ainsi que le Premier ministre luxembourgeois a répondu aux paroles de bienvenue que le maire de Shanghai, Monsieur Han Zheng, lui a adressées ainsi qu’au ministre de l’Économie et à toute la délégation luxembourgeoise lors de la réunion de travail avec le maire et son collège.

Monsieur Han Zheng a souligné l'intensité des relations entre le Luxembourg et la Chine et s'est félicité que pour Jean-Claude Juncker, ces relations constituaient une priorité comme le prouve cette cinquième visite en Chine du Premier ministre luxembourgeois.

Le maire de Shanghai a abordé un certain nombre d'aspects liés au développement très rapide et à la forte croissance de son pays, croissance qui, après s'être maintenue à 10% ces 12 dernières années, connaîtrait actuellement un taux de 13,5%. Il a souligné son souci de soutenir cette croissance en se consacrant plus particulièrement au développement des flux logistiques et des transports internationaux de la ville de Shanghai.

Il n'a par ailleurs pas manqué de mettre l'accent sur l'importance de l'éducation qu'il a qualifiée de "maillon essentiel" pour maintenir le progrès que connaît sa ville. Un système d'éducation qu'il importe, selon Monsieur Zheng, de mettre en synergie avec la recherche et l'industrie.

Au cours de la première journée de son séjour à Shanghai, la délégation a encore visité le jardin Yuyuan, des lieux traditionnels et la vieille ville ainsi que le City Planning Center, qui illustre - par une maquette d'une remarquable dimension - le développement futur de la ville, prouvant ainsi l'excellence de la politique prospective d'aménagement du territoire.

Le Premier ministre Juncker a inauguré en fin d'après-midi une entreprise Arcelor-Baosteel-SAIC en présence également de la délégation économique qui accompagne le Premier ministre et le ministre de l’Économie.

Une visite de travail et ses raisons

Lors d'un entretien avec la presse luxembourgeoise sur place en Chine, le Premier ministre a développé les raisons de sa visite de travail. Les motifs ne se limitent pas aux seuls aspects économiques, bien que ceux-ci soient mis en évidence par la présence du ministre Jeannot Krecké à la tête d'une importante délégation économique, reflet d'excellentes relations économiques et commerciales.

Jean-Claude Juncker a souligné que d'évidents motifs politiques justifiaient sa présence en Chine. "Ce n'est pas seulement depuis ces derniers temps que nous sommes en faveur d'un ordre mondial multipolaire. Or celui qui nourrit une telle ambition se doit de s'entretenir avec tous les acteurs."

D'après Jean-Claude Juncker, la Chine et le peuple chinois ne possèdent pas seulement la fierté de l'histoire et des ambitions nouvelles. La Chine est aussi membre du Conseil de sécurité de l'ONU. "Elle joue un rôle évident de stabilisateur dans la région et la future Présidence luxembourgeoise aura sur son agenda un certain nombre de dossiers concernant la Chine, dont celui de la levée de l'embargo sur les armes décrété en 1989 suite aux événements de la place Tian Anmen ne sera pas le moins important", a déclaré Jean-Claude Juncker.

En résumant, le Premier ministre Juncker a constaté donc qu'il y a "de bonnes raisons d'ordre national et de bonnes raisons d’ordre international pour venir en Chine".

Le ministre Krecké, de son côté, s'est montré impressionné par les performances économiques réalisées par Shanghai. Il s'est cependant aussi interrogé sur les tenants et aboutissants d'un tel développement, notamment en ce qui concerne ses conséquences à moyen terme sur l'économie européenne.

La question se poserait aussi quant aux besoins énergétiques impressionnants de l'industrie chinoise, besoins qui ont eu une influence certaine sur le prix des ressources énergétiques et notamment celui du pétrole.

Hong Kong

Hong Kong a constitué la deuxième étape de la visite de travail du Premier ministre Jean-Claude Juncker en Chine.

Hong Kong jouit depuis 1997 du statut de région administrative spéciale (RAS), elle dispose d’une autonomie administrative, législative et judiciaire et dépend de Beijing seulement pour ce qui est de la défense et des affaires étrangères. Hong Kong suit comme sa sœur Macao le principe défini par Deng Xiaoping de "un pays - deux systèmes".

Hong Kong est la huitième place financière du monde, hébergeant 133 banques. Sa bourse est la deuxième de l’Asie. Après des années plus modestes, la croissance économique a repris en 2004 et le chômage est en baisse. Pour 2005, les autorités tablent sur une croissance de 7,5%. Le secteur du tourisme s’avère le plus dynamique, enregistrant au premier semestre 2004 une croissance de 70% par rapport à l’année précédente. La moitié des 12,3 millions de touristes sont des Chinois.

Hong Kong est un partenaire commercial important pour l’Union européenne. En 2002, les échanges bilatéraux se sont élevés à 29,6 milliards d'euros.


Entrevue avec Henry Tang


Jean-Claude Juncker, Jeannot Krecké et Tung Chee Hwa

Le Premier ministre Jean-Claude Juncker a rencontré le 10 novembre Tung Chee Hwa, Chief Executive de la RAS, à la Maison du gouvernement, ainsi que Henry Tang, Financial Secretary de Hong Kong.

Avec le chef du gouvernement Tung Chee Hwa, le Premier ministre luxembourgeois a abordé la situation de Hong Kong depuis 1997. Ainsi les libertés personnelles et d'opinion sont restées semblables à celles d'avant la rétrocession de 1997, a assuré le Chief Executive. Depuis que Hong Kong jouit du statut de RAS, "le problème principal n'était pas un problème d'intégration mais des problèmes économiques", a déclaré le Premier ministre Juncker à l'issue des entrevues et a fait allusion à la crise financière qui a touchée l'Asie du Sud-Est début 1997 et à la crise du SRAS.

Les pourparlers ont également porté sur les relations économiques et financières entre le Luxembourg et Hong Kong ainsi que sur la situation des échanges commerciaux. Hong Kong constitue après la Chine et le Japon le troisième partenaire commercial du Luxembourg en Asie.

Jeannot Krecké: "Luxembourg: your gateway to Europe"

La Chambre de commerce luxembourgeoise a organisé une rencontre business-to-business avec les hommes d’affaires de Hong Kong. Le rôle international de l’euro a été le sujet principal de cette rencontre à laquelle le Premier ministre Jean-Claude Juncker et le ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, Jeannot Krecké, ont assisté.

Lors d'un discours prononcé à cette occasion, Jeannot Krecké a souligné l'attrait que présente le Luxembourg pour les entreprises internationales.

Le ministre de l'Économie et du Commerce extérieur a présenté le Grand-Duché comme "la porte d'accès à l'Europe pour les investisseurs asiatiques" et a relevé qu'une des caractéristiques les plus remarquables du Grand-Duché serait la tradition multilingue de sa population, "un avantage incomparable dans le monde du commerce international".

D'autre part, la situation fiscale favorable du Luxembourg contribuerait à un environnement que l'on peut qualifier de business-friendly, tant pour les entreprises locales que pour les investisseurs internationaux, a ajouté le ministre luxembourgeois.

Jeannot Krecké a signalé en outre que le taux de croissance du PIB luxembourgeois a été régulièrement supérieur à celui de l'Union européenne pendant la dernière décennie, et que la TVA de 15% au Luxembourg est la plus faible au sein de l'Union.

De plus, le ministre de l'Économie et du Commerce extérieur s'est félicité du 7e rang mondial que le Luxembourg occupe en tant que centre financier, grâce aux quelque 167 institutions bancaires internationales, à une bourse qui prospère et à l'industrie la plus importante en Europe en matière de fonds d'investissements. En concluant, Jeannot Krecké a noté qu'une partie de la politique luxembourgeoise "consiste à diversifier la structure du commerce extérieur luxembourgeois en mettant l'accent surtout sur les pays en dehors de l'Union européenne".

Lors de cette rencontre business-to-business, le directeur de la Banque centrale du Luxembourg, Yves Mersch, a présenté la place financière luxembourgeoise, tandis que Pierre Gramegna, directeur de la Chambre de commerce, a évoqué certains aspects liés au commerce entre les entreprises luxembourgeoises et les investisseurs chinois.

Beijing

Le 12 novembre, le chef du gouvernement luxembourgeois a été reçu par son homologue chinois Wen Jiabao au Grand Palais du Peuple à Beijing.

Les deux Premier ministres ont eu un échange de vues sur les relations bilatérales politico-économiques.

Des sujets liés à l’actualité politique internationale, les relations avec l’Union européenne, le prochain sommet UE-Chine et plus particulièrement les priorités de la future Présidence luxembourgeoise ainsi que le 30e anniversaire des relations diplomatiques UE-Chine ont été d’autres sujets à l’ordre du jour des pourparlers.

Le vice-président de la République populaire de Chine, Zeng Qinhong, a égalment reçu le Premier ministre et futur président du Conseil de l’Union européenne pour une entrevue au Grand Palais du Peuple.

Jean-Claude Juncker a aussi eu l’occasion de rencontrer le gouverneur de la Banque populaire de Chine, Zhou Xiaochuan, et le ministre des Finances, Jin Renqing. La situation financière et monétaire de la Chine, l’évolution générale de l’euro ainsi que le rôle de l’euro comme monnaie de réserve internationale ont été les principaux thèmes lors de ces deux entrevues.

Le ministre de l’Économie et du Commerce extérieur, Jeannot Krecké, de son côté, a rencontré le vice-ministre de l’Économie pour un échange de vues sur les relations commerciales avec la Chine, deuxième partenaire commercial du Luxembourg hors Europe.

Cette visite de travail en Chine s'est clôturée par un dîner officiel offert par le Premier ministre Wen Jiabao en l’honneur du chef du gouvernement luxembourgeois.

Bilan de la visite de travail en Chine

À la fin de la visite de travail en Chine, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a fait le bilan des entrevues qu’il a eues avec le vice-président Zeng Qinhong, le Premier ministre Wen Jiabao, le ministre des Finances, Jin Renqing, et le gouverneur de la Banque populaire de Chine, Zhou Xiaochuan.

Les relations bilatérales de la Chine avec le Luxembourg et l’Union européenne, de même que les questions monétaires internationales ont marqué les discussions.

"Les deux parties sont d’avis que les relations entre la Chine et le Luxembourg sont bonnes", a déclaré le Premier ministre, "de telle sorte que nous pouvons parler ouvertement de toute question".

Les délégations luxembourgeoise et chinoise ont abordé les questions relatives à la politique monétaire, et notamment les effets de la baisse du dollar américain sur l’euro. Le Premier ministre Juncker a exprimé le souhait que la politique monétaire de la Chine participe aux efforts de réduction de cette pression sur l’euro, dont la valeur actuelle sur les taux de change a des effets négatifs sur la croissance économique au sein de la zone euro.

Jean-Claude Juncker a annoncé dans ce contexte qu’une réunion des ministres des Finances asiatiques et européens aura lieu, à son initiative, en avril/mai 2005 dans le cadre de l’ASEM, "ce qui témoigne du rôle considérable de la Chine sur la scène monétaire internationale". Il va de soi, a ajouté le Premier ministre, que la Chine a dès lors une plus grande responsabilité internationale.

La délégation luxembourgeoise et les autorités chinoises se sont félicitées de l’évolution positive que les relations commerciales entre les deux pays ont connue ces dernières années, et surtout depuis 1995. Le Premier ministre luxembourgeois a répété que la Chine constitue le deuxième partenaire commercial du Grand-Duché en dehors de l’Europe et a souligné que la balance commerciale du Luxembourg avec la Chine serait positive.

L’économie chinoise, qui se distingue actuellement par une croissance exceptionnelle, connaîtra une évolution plus modérée au cours des prochaines années, a estimé le Premier ministre. Cette évolution a déjà conduit la Chine à prendre des mesures afin d’éviter un crash brutal de son économie, a remarqué Jean-Claude Juncker, qui a exprimé sa confiance aux autorités chinoises en la matière.

Sur le plan politique, l’embargo sur les armes, décrété par l’UE à la suite des événements sur la place Tiananmen en 1989, a figuré à l’ordre du jour des réunions avec le vice-président et avec le Premier ministre chinois. "Le gouvernement luxembourgeois est d’avis que l’embargo sur les armes doit être levé, opinion partagée par d’autres gouvernements européens", a dit Jean-Claude Juncker. Au préalable, il faudrait néanmoins prendre un certain nombre de décisions corollaires, dont la modification, en Europe, du Code de bonne conduite en matière d’exportation des armes, a affirmé le Premier ministre Juncker, qui estime que ce code doit devenir un instrument contraignant et contenir les dispositions qui règlent, étape par étape, la marche à suivre lors de la levée d’un embargo.

La question des droits de l’homme a été longuement abordée au cours de la visite en Chine. Le Premier ministre a signalé à ces interlocuteurs chinois qu’il faudrait promouvoir la qualité du dialogue entre l’UE et la Chine en la matière. Le chef du gouvernement luxembourgeois souhaite dès lors relancer ce dialogue lors de la Présidence luxembourgeoise du Conseil de l’UE au premier semestre 2005.

En ce qui concerne le Tibet, le Premier ministre a souligné que ce pays fait partie de la Chine, tout en insistant sur l’importance du respect des libertés religieuses et culturelles des Tibétains.

Au sujet de Taiwan, Jean-Claude Juncker s’est prononcé en faveur du principe "Un pays, deux systèmes", suivant l’exemple de Hong Kong.

La demande introduite en 2003 par la Chine concernant la reconnaissance, par l’Union européenne, du pays comme économie de marché, les relations Chine-Russie et Russie-Japon ainsi que la nouvelle formulation des accords commerciaux qui lient l’UE et la Chine depuis le milieu des années 1980 ont aussi figuré à l’ordre du jour des entrevues du Premier ministre Jean-Claude Juncker et du ministre de l’Économie, Jeannot Krecké, en Chine.

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