Réunions de l'Eurogroupe et de l'Ecofin informel à Luxembourg

Les ministres des Finances des États membres de l’Union européenne, la Commission européenne, la Banque centrale européenne ainsi que les gouverneurs des banques centrales nationales, se sont rencontrés les 13 et 14 mai 2005 à Luxembourg pour la traditionnelle réunion informelle "Ecofin".

En lever de rideau, les ministres des Finances des douze pays membres de la zone euro se sont réunis en formation Eurogroupe.

Les diverses réunions ont été présidées par le Premier ministre Jean-Claude Juncker en ses fonctions de président en exercice du Conseil "Affaires économiques et financières" et président de l’Eurogroupe.

La délégation luxembourgeoise a été présidée par le ministre de l’Économie, Jeannot Krecké, et le ministre du Budget et du Trésor, Luc Frieden.

Réunion de l'Eurogroupe

Les ministres des Finances de l'Eurogroupe ont discuté de la situation économique en Europe, des grandes orientations des politiques économiques, de la représentation extérieure de la zone euro et de la face commune des pièces de monnaie en euro après l’élargissement.

En ouverture de la réunion, les ministres se sont penchés sur la situation économique générale de la zone euro qu’ils considèrent comme "sérieusement préoccupante" selon les dires du Premier ministre, président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker. Toutefois, a remarqué Jean-Claude Juncker, "quelques bonnes nouvelles" se sont faites entendre ces derniers jours, notamment en ce qui concerne l’évolution de l’économie allemande, espagnole et française au premier trimestre 2005. Les ministres ont surtout retenu que les "niveaux de confiance" des consommateurs et investisseurs laissaient à désirer dans les divers États membres, ce qui soulignerait la nécessité de la poursuite des réformes structurelles.

Selon Jean-Claude Juncker les ministres se sont également mis d’accord qu’ils devront s’occuper davantage des "divergences de l’évolution économique dans la zone euro",  dont certaines "commencent à (nous) inquiéter sérieusement", tels les éléments de la composition de la croissance et "des divergences qui ont trait au niveaux de compétitivité de sous-économies nationales de l’économie de la zone euro".

Dans ce sens, la Commission européenne a été mandatée pour élaborer une étude plus approfondie sur la nature exacte et sur l’ampleur des ces divergences. Les ministres restent par contre convaincus que "nonobstant les difficultés que nous rencontrons dans un certain nombre de pays, nous devrons poursuivre des réformes structurelles qui ne sont pas dirigées contre le niveau de vie des uns et des autres mais qui doivent permettre à l’UE que le modèle social européen reste accessible au plus grand nombre".

Ces réformes structurelles seront traitées dans le cadre des programmes d’action nationaux de Lisbonne. Jean-Claude Juncker s’est félicité de l’initiative de la Commission européenne "d’envoyer des missions dans chacun des 25 États membres pour préparer ces plans nationaux de réformes".

Pour ce qui est de la fabrication future des pièces de monnaie en euro, les ministres sont tombés d’accord que la future face commune des pièces de monnaie qui seront frappées par les nouveaux États membres de la zone euro représentera l’ensemble du territoire de l’Union européenne. Dans une deuxième phase, lorsque de nouvelles pièces seront émises dans toute la zone Euro, cette pratique sera généralisée.  

Réunion informelle "Ecofin"

À l'issue de la deuxième journée de la réunion informelle des ministres des Finances et de l'Economie de l'UE, le Premier ministre Jean-Claude Juncker a évoqué en sa qualité de président en exercice du Conseil "Ecofin" les débats des ministres sur l'aide publique au développement et les perspectives financières:

"Nous avons discuté ce matin de l’aide au développement et de toutes les ambitions qui devraient être les nôtres en la matière. Nous avons, en tant que Présidence, appuyé la proposition de la Commission consistant à établir pour 2010 un objectif intermédiaire en matière d’aide publique au développement de 0,56% du PIB ce qui devrait nous permettre d’arriver à 0,7% en 2015. Cette proposition est accueillie avec sympathie par le plus grand nombre. Elle continue néanmoins de susciter des interrogations dans certains pays ce qui fait que d’ici le Conseil européen de juin d’autres efforts de persuasion et d’explication de faisabilité doivent être entrepris pour nous permettre de tomber d’accord soit sur cet objectif intermédiaire, soit sur un autre objectif intermédiaire, soit sur les modalités d’arriver à avoir l’objectif intermédiaire auquel je faisais allusion.

Nous sommes d’avis que lorsqu’il s’agit de mettre en place une facilité financière internationale il convient de porter toute l’attention sur le financement de celle-ci. Dans ce contexte nous sommes tombés d’accord à introduire dans les 25 ou 27 États de l’Union européenne une contribution sur les billets d’avion dont les modalités seront fixées au cours des semaines à venir et doivent encore être adoptés par le Conseil "Ecofin" du 7 juin, voire par le Conseil européen de la mi-juin. Il s’agira d’une contribution volontaire que certains États membres se proposent de transformer en contribution obligatoire mais nous le libre choix aux États membres. Tous les États membres sont d’accord pour envisager comme obligation de résultat l’introduction d’une telle contribution.

Nous avons préparé un "Memorandum of Understanding" sur la stabilité financière.

Nous avons discuté de la partie "ressources propres" des perspectives financières. Il est évident qu’il ne saurait y avoir un accord que si nous arrivons non seulement à avoir un accord sur la dépense, mais également sur la partie "recettes" du futur budget européen. Je peux dire qu’actuellement d’accord que nous ne sommes pas d’accord. Cela restera sans doute le cas jusqu’à la toute dernière minute. Alors tout le monde vous dira qu’il n’a été d’accord que parce qu’il a dû faire appel à ses responsabilités d’homme d’Etat. On aurait pu tomber d’accord aujourd’hui, mais les conditions ne l’ont pas permis. (...)

J’en arrive aux conclusions suivantes. La proposition que la Présidence va faire sur les perspectives financières pour 2007 à 2013, se situera - comme je l’ai souvent dit - entre la position des États membres qui voudraient plafonner l’ambition européenne à 1% de sa richesse nationale et la proposition de la Commission. Il est évident que les propositions de la Commission doivent être très substantiellement réduites pour pouvoir être de nature à trouver l’accord des États membres. Il est évident que la position des six États membres qui sont en faveur de perspectives financières se limitant à 1% devra être revue par ceux-ci parce que les autres ne sont pas tous d’accord avec cette position. Il faudra que nous trouvions au chèque britannique un traitement particulier dont les modalités exactes doivent être examinées car vous devez savoir que le gouvernement du Royaume-Uni a des "strong feelings" qui concernent le chèque britannique. Finalement nous devons trouver des arrangements particuliers pour les États membres qui se trouvent en situation de contributeur net et qui voudraient se voir traités à pied d’égalité et en toute équité avec d’autres États membres qui paient moins et qui sont aussi riches qu’eux-mêmes.

Voici quatre éléments d’une quadrature du cercle que nous devons essayer d’arriver à arrondir avant la fin de notre Présidence. Je suis convaincu que la Présidence suivante ne saura pas le faire."

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