Quelle sera la vie au Luxembourg en 2055 ? C’est ce qu’a voulu savoir le STATEC, le service central de la statistique et des études économiques, qui a élaboré une importante étude projective, intitulée « Potentiel de croissance économique et démographie. Projections 2005-2055 ».
L’étude essaie de prévoir les caractéristiques de la population telle qu’elle se présentera dans 50 ans (nombre total d’habitants au Luxembourg, répartition par âge et par sexe, espérance de vie, solde migratoire,…) et de mettre ces projections en relation avec la croissance économique potentielle. Une telle projection à l’horizon 2055 est en effet indispensable pour anticiper le besoin en main d’œuvre et préparer les actions politiques futures, ayant trait au système de la sécurité sociale et à l’aménagement du territoire.
« Dépeindre un éventail de possibilités potentielles », c’est ainsi que Serge Allegrezza, directeur du STATEC, définit sa mission, d’autant plus difficile que « le contexte socio-économique du Luxembourg est spécifique car très lié à l’immigration et à l’emploi frontalier ».
Lors d’une conférence de presse, le directeur du STATEC et Jean Langers, expert en démographie économique du STATEC, n’ont donc pas pu tirer des conclusions définitives mais ont préféré présenter plusieurs hypothèses. Ces hypothèses varient selon le taux d’immigration présupposé et selon les taux de croissance annuel du PIB envisagés.
Le « scénario central »
Le STATEC prévoit ainsi dans son scénario « central » une croissance annuelle du PIB de 3% tout au long de la période de projection.
Les autres éléments de cette hypothèse sont :
• Augmentation de la productivité de travail : 1,70 % (dès 2030)
• Nombre moyen d’enfants par femme (taux de fécondité): 1,8
• Espérance de vie à la naissance pour les hommes : 81,9 ans
• Espérance de vie à la naissance pour les femmes : 86,9 ans
• Taux migratoire annuel : +2800 personnes (excédent annuel des départ sur les arrivées)
Selon cette hypothèse, la population totale du Luxembourg serait de 645 000 personnes en 2055. (Actuellement, elle est de 455 000 individus.) Cette population serait constituée à 40% de Luxembourgeois et à 60% d’étrangers.
La demande de travail intérieure passerait de 310 000 (2005) à 579 000 en 2055. L’emploi résident total augmenterait de 68 000 unités de façon à ce qu’il s’élèverait à 261 500 en 2055. L’on constaterait un écart entre la demande totale de travailleurs et l’offre des résidents. 317 482 frontaliers devraient donc satisfaire cette demande de travail pour garantir la poursuite d’une croissance économique soutenue.
Ce scénario est proche du « Baseline scenario » élaboré par EUROSTAT.
Le STATEC a effectué la même analyse en présupposant d’autres soldes migratoires et d’autres taux de croissance du PIB. Ces deux variables sont d’ailleurs intimement liées. D’un côté, si le PIB diminue, l’attractivité du pays pour les étrangers diminue également. De l’autre côté, le Luxembourg a besoin d’une main d’œuvre étranger pour garantir la croissance économique.
Les hypothèses concernant la fécondité et l’espérance de vie restent inchangées pour les analyses suivantes.
Le « scénario bas »
Ainsi, selon l’autre scénario qui admet une croissance économique de seulement 2% et un solde migratoire de +700, le Luxembourg compterait, à l’horion 2055, 506 476 habitants. L’apport requis de frontaliers s’élèverait à 159 024 individus. L’emploi total ne serait que de 350 000 personnes.
Le « scénario haut »
Le troisième scénario, le plus optimiste, prévoit un taux de progression du PIB de 4%. La productivité augmenterait chaque année de 2,1 % (car la croissance économique élevée favorise la productivité). À cette croissance économique correspondrait, à partir de 2015, un solde migratoire annuel de +4000 personnes. Ce chiffre rappelle la forte immigration des années 1990. Selon cette hypothèse, la population totale du Luxembourg s’élèverait à 724 609 personnes. 810 502 personnes auraient un emploi au Luxembourg. Les navetteurs transfrontaliers devraient être au nombre de 508 656 pour permettre de satisfaire l’offre d’emploi et la croissance économique.
La dernière étude similaire du STATEC date de 1995.