Toast du Président de la République de Bulgarie prononcé lors du dîner offert par Son Excellence Monsieur le Président et Madame Parvanova à l'occasion de la visite d'État en République de Bulgarie

Vos Altesses Royales,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Mon épouse et moi, nous sommes particulièrement heureux de vous accueillir, pour la première fois, en Bulgarie et d’exprimer toute la sympathie que le peuple bulgare témoigne à l’égard du Grand-Duché de Luxembourg. Votre visite est une confirmation éloquente de la qualité appréciable que les relations entre nos deux États ont su garder en dépit des revers du temps.

Le Luxembourg, tout comme la Bulgarie, est situé sur un carrefour géographique dont les dimensions historiques l’ont amené à lever maintes fois le défi des souverainetés étrangères.

Par le Traité de Londres de 1839, les Grandes puissances ont confirmé le statut d'indépendance du Luxembourg mais celui-ci n’a pu devenir un fait historique que trois décennies plus tard. Toujours en 1839, en Bulgarie, les événements qui ont ébranlé l’ancienne capitale Veliko Tarnovo ont marqué le début de l’étape organisée des luttes d’émancipation spirituelle mais, là encore, trois décennies ont dû s’écouler avant que l’Eglise bulgare devienne autonome.

En 1867, le deuxième Traité de Londres a garanti une indépendance perpétuelle à un Luxembourg neutre. Par la suite, le Grand-Duché a dû traverser nombre de péripéties, de guerres et d’occupations pour finalement trouver une place à sa hauteur dans le monde contemporain. En cette même année, mémorable pour le Grand-Duché, en Bulgarie s’éteignait Gueorgui Sava Rakovski, un des grands idéologues du mouvement de libération nationale. Cependant, l’élan à la liberté était désormais en germe et le flambeau a été bientôt repris par Stefan Karadja et Hadji Dimitar qui ont tenté, une fois de plus, de rappeler au monde l’existence d’un peuple attaché à son droit légitime de vivre libre.

Ces coïncidences, même si elles peuvent sembler aléatoires, sont souvent pour les petits peuples un lieu de rencontre sur les chemins de l’histoire. D’autant plus que dans l’esprit des Bulgares, le Grand-Duché a toujours été un cas de figure donnant la preuve irréfutable que l’énergie est fonction de la masse uniquement en termes de physique, tandis qu’en termes de développement social, le "poids" d’un État est fonction de l’énergie susceptible de mobiliser ses ressortissants au nom de la liberté et de la prospérité.

 Le Luxembourg incarne également un modèle auquel nous avons toujours aspiré – celui d’un pays qui, en dépit de sa petite taille, a su jouer un rôle prestigieux dans la grande politique en se donnant la possibilité du libre choix, celui d’un pays qui, grâce à sa petite taille, a pu rester à "échelle humaine". Aussi doit-on noter que notre premier théâtre, ouvert à Plovdiv peu de temps après la libération, s’appelait notamment Le Luxembourg – peut-être pour symboliser l’esprit de ce pays petit et fier de l’être, ou pour rappeler que "petit" ne signifie point "petitesse", que face à l’histoire, tous les pays sont mis sur un pied d’égalité pour être ensuite jugés en fonction de leur qualités.

Cet attachement à la liberté se manifeste de nouveau au cours de la Seconde guerre mondiale, lorsque le Luxembourg occupé et, plus tard annexé de force à l’Allemagne nazie, a su résister à la machine militaire la plus implacable au nom de son droit à l’existence souveraine. A cette même époque, des milliers de Bulgares se sont dressés comme un seul homme dans un élan unique pour son temps qui a eu pour effet de sauver 50 000 juifs bulgares des camps de concentration nazis. C’est sans doute une autre coïncidence mais elle vient prouver que les hommes épris de liberté font un choix, moral et historique, qui est toujours juste.

Aujourd’hui, à l’aube du XXIe siècle, l’influence du Grand-Duché sur le plan de la concertation internationale pour la sécurité et la paix dépasse largement ses dimensions démographiques ou économiques. En effet, il est parmi les membres fondateurs non seulement de l’union du Benelux, mais aussi de l’ONU, de l’OTAN еt de l’Union européenne.

Dans son avancement vers l’Union européenne, la Bulgarie attribue au Luxembourg la valeur toute particulière d’un symbole, car c’est notamment là qu’elle a signé son accord d’adhésion, le 25 аvril 2005, car c’est là le lieu de naissance de Robert Schumann, un des pères fondateurs de l’Europe unie.

Nous sommes profondément reconnaissants pour la bonne volonté et l’efficacité de l’accompagnement que le Grand-Duché nous accorde lors du processus d’adhésion à l’Union européenne et, surtout, pour son soutien très fort à notre désir d’accéder au statut de pays membre au 1er janvier 2007, ce qui est d’une importance primordiale pour l’avenir de la Bulgarie. D’autre part, nous apprécions tout aussi hautement l’appui dont nous avons bénéficié en vue de notre adhésion à l’OTAN.

La Bulgarie est particulièrement sensible à l’opportunité de communiquer avec le Luxembourg dans un esprit d’ouverture et de confiance, sur la base des valeurs partagées et des objectifs communs. En effet, nos deux pays sont fortement attachés à la paix, à la justice et à la démocratie. Considérant la lutte internationale contre le terrorisme comme un effort pour garantir la sécurité globale, nos deux pays prennent part à des opérations conjointes et des soldats luxembourgeois et bulgares se retrouvent côte à côte dans les forces de maintien de la paix en Afghanistan et dans l’Ouest des Balkans.

Je me réjouis également de constater la convergence totale de nos visions sur l’avenir de l’Europe unie, notamment sous l’égide des principes de la solidarité, de la tolérance, de la diversité dans l’unité et du respect de la dignité nationale. J’aimerais donc, avec la permission de S.A.R. le Grand-Duc Henri, m’associer à ses propos prononcés récemment devant le Parlement européen:

"L’aventure européenne est l’œuvre de peuples et pays porteurs d’une grande diversité. Chacun de ces pays est un territoire ayant ses beautés, ses richesses mais aussi ses blessures que le temps a gravées dans les mémoires… Pour vivre ensemble, nous avons besoin de nous comprendre mieux et, pour ce faire, nous devons nous enrichir mutuellement de nos diversités."

Vos Altesses,
Mesdames et Messieurs,

Evoquant notre avenir commun et les riches perspectives qui s’ouvrent à notre coopération, je lève mon verre à la santé de S.A.R. le Grand-Duc Henri et de son épouse, la Grande-Duchesse Marie-Thérèse, ainsi qu’à la prospérité du Luxembourg et de la Bulgarie et au bien-être de nos peuples.

A votre santé, Mesdames et Messieurs !

A la nôtre!

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