Présentation du profil de la politique linguistique éducative du Luxembourg

Mady Delvaux-Stehres, ministre de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle, a présenté le 20 mars 2006 le nouveau profil de la politique linguistique éducative du Grand-Duché de Luxembourg.

Pourquoi un profil de la politique linguistique éducative?

Pour les élèves de l'école luxembourgeoise, la tradition trilingue est une richesse formidable. Il ne peut donc être question de renoncer à cet atout, au contraire, il faut le développer.

Cependant, les exigences en langue peuvent constituer pour une part non négligeable d’élèves une barrière insurmontable qui les empêche d’accéder à une qualification professionnelle. D’autre part, depuis des décennies, on se plaint des performances médiocres en langues des jeunes issus de l’école luxembourgeoise.

Ces considérations conduisent à la question si le système d’enseignement au Luxembourg, conçu pour une population d’élèves dont la langue maternelle est le luxembourgeois, peut réussir à qualifier une population scolaire dont plus de 40% des enfants ont une langue maternelle qui n’est pas le luxembourgeois.

Face à la double exigence de maintenir et de développer le plurilinguisme dans l’enseignement et de qualifier davantage et mieux les jeunes scolarisés au Luxembourg, une réforme s’impose, annoncée d’ailleurs dans le programme gouvernemental. Pour préparer les réflexions, les débats et le programme d'action qui s'en dégagent, le ministère s'est assuré la collaboration du Conseil de l’Europe.

Qu’est-ce que le profil de la politique linguistique?

Le profil est une publication conjointe du Conseil de l’Europe et des autorités luxembourgeoises. Il identifie les caractéristiques et les enjeux majeurs de la situation actuelle de l’enseignement des langues au Luxembourg et trace les perspectives d’évolution de la politique linguistique éducative pour répondre aux défis éducatifs, sociétaux et économiques identifiés.

La procédure d’élaboration du profil, telle que prévue par le Conseil de l’Europe, s'est déclinée en trois temps:

  1. Un rapport national décrivant la situation linguistique et le système d’enseignement des langues du Luxembourg a été élaboré par Charles Berg et Christiane Weis du Centre d’études sur la situation des jeunes en Europe (CESIJE).
  2. Ce rapport a servi de document de base au groupe d’experts du Conseil de l’Europe, qui a ensuite rédigé un rapport intermédiaire portant sur l’évaluation de la situation linguistique du pays et formulant des recommandations sur l’orientation de la politique linguistique éducative. Les conclusions du rapport des experts (non public) ont été présentées et discutées lors d’une table ronde le 1er décembre 2005.
  3. À la lumière des conclusions de ce débat et après concertation avec les responsables du ministère, le document définitif, le Profil de la politique linguistique éducative, a été finalisé.

L’objectif de la mise en œuvre de la politique linguistique éducative est d’aboutir à une démarche de révision de l’enseignement des langues coordonnée, et en même temps diversifiée. La nécessité d’une telle révision a certes été confirmée depuis longtemps, notamment dans les motions adoptées par la Chambre des députés lors du débat sur l'école d'intégration (2000), du premier débat sur l'étude PISA (janvier 2003) et du second débat sur l'étude PISA (mars 2005).

Le profil de la politique linguistique éducative: constats et pistes de réflexion

(Les points repris ci-après ne sauront refléter la richesse des constats et recommandations repris dans le Profil. Seule une lecture intégrale du document peut donner une vue d’ensemble de la complexité des analyses et conclusions qui y sont développées).

  • Le Luxembourg présente, par bien des aspects, un exemple de politique linguistique ambitieuse et réussie.
  • Le système éducatif luxembourgeois a la chance de disposer d’un corps enseignant possédant de très hautes compétences linguistiques.
  • Le système éducatif ne tient pas suffisamment compte des capacités individuelles et des réalités linguistiques différentes des enfants.
  • Les compétences attendues ne sont pas définies de manière claire.
  • L'évaluation des compétences langagières des élèves est essentiellement négative.
  • Il n'existe pas de synergies entre les enseignements des différentes langues d’une part, et les enseignements des langues et les branches non linguistiques d’autre part.
  • Les outils pédagogiques ne sont pas toujours adaptés à la réalité des classes.

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