PIRLS 2006: "Les élèves de la 5e année d'études font preuve de bonnes compétences en lecture"

Mady Delvaux-Stehres, ministre de l'Éducation nationale et de la Formation professionnelle, a présenté le 28 novembre 2007 les résultats de l’étude PIRLS 2006 (Progress in International Reading Literacy Study).

Pratiquement tous les États membres de l’Union européenne ont participé à PIRLS 2006. Le Luxembourg, qui n’avait pas participé à une première étude du même genre effectuée en 2001, a testé tous les élèves de la 5e année d’études primaires dans le cadre de PIRLS 2006. Tous les élèves de la population cible, en l’occurrence 5.101 élèves de la 5e année d’études primaires, se sont soumis au test. L’administration du test a été assurée par des enseignants retraités.

Contrairement à la plupart des pays, dans lesquels ont été testés les élèves fréquentant une 4e année d’études, le Luxembourg, en raison des spécificités linguistiques de son école (p.ex. la langue nationale qui diffère de la langue du test), a testé les compétences et les attitudes des élèves de la 5e année d’études primaires. La moyenne d’âge normale des élèves de la 5e année d’études aurait dû correspondre notamment à celle des élèves testés en Suède et aux Pays-Bas.

PIRLS 2006: résultats des élèves de l’école luxembourgeoise

PIRLS 2006 conclut que les élèves de la 5e année d’études font preuve de bonnes compétences en lecture. Avec un résultat de 557 points, le Luxembourg se place en 6e position parmi les 45 pays participants, devancé par la Fédération russe (565 points), Hongkong (564 points), Canada Alberta (560 points), Singapour (558 points) et Canada British Columbia (558 points). Le décalage du Luxembourg par rapport à ces 5 pays n’est pas significatif du point de vue statistique. La moyenne internationale est de 506 points.

La ventilation de ce bon résultat global donne cependant lieu à plusieurs constats qui mettent en exergue des défis spécifiques en termes de politique scolaire ou d’orientation curriculaire:

Concernant les deux types de textes soumis aux élèves, on constate qu’en compréhension écrite, les élèves comprennent aussi bien les textes littéraires que les textes informatifs. En revanche, un décalage apparaît quant aux différents processus de compréhension: les élèves ont nettement plus de facilités pour localiser des informations dans un texte et pour en tirer des conclusions directes que pour interpréter et évaluer des textes.

La ventilation des résultats selon le sexe, le pays d’origine, la langue maternelle et l’âge des élèves donne également lieu à des constats intéressants. Le Luxembourg est le pays dans lequel l’écart entre les compétences des filles et celles des garçons en compréhension de l’écrit est le moins prononcé. Alors que, dans tous les autres pays, les filles affichent de meilleurs résultats que les garçons, cet écart est minime au Luxembourg.

En revanche, le rapport entre le pays d’origine / la langue parlée à la maison et les performances des élèves est nettement plus marqué, les écarts allant jusqu’à 70 points. Cette disparité est encore plus apparente dans le cas des enfants d’origine étrangère qui n’ont pas été scolarisés au Luxembourg depuis le début de leur parcours scolaire.

Au Luxembourg, le rapport entre l’origine sociale des élèves et leurs compétences en lecture est plus marqué que dans les autres pays. L’éducation préscolaire et l’enseignement primaire n’arrivent guère à compenser cette inéquité. L’étude souligne par ailleurs le rôle primordial des parents dans le développement des habitudes de lecture des enfants ainsi que l’importance des activités de lecture scolaires et extra-scolaires, à l’éducation préscolaire et dans des structures parascolaires, pour l’acquisition des compétences de lecture.

Par rapport aux autres pays participants, il convient également de mentionner la moyenne d’âge particulièrement élevée des élèves luxembourgeois, probablement due au système de promotion en vigueur à l’école primaire. Plus d’un quart des élèves luxembourgeois ont au moins un an de plus par rapport à l’âge normal pour l’année d’études en question et ont donc redoublé au moins une classe. Les élèves qui se situent dans la moyenne d’âge atteignent 570 points, les élèves ayant un an de plus 528 points, ceux qui sont encore plus âgés 504 points.

Les résultats de PIRLS 2006 sont franchement décevants en ce concerne les attitudes et la motivation des élèves vis-à-vis de la lecture. Le Luxembourg obtient les scores les moins élevés dans ce domaine. Les méthodes didactiques sont également mises en question: selon les témoignages des enseignants, le cours magistral continue d’être privilégié, des mesures de différenciation sont rarement mises en œuvre. Tant les élèves que les parents interrogés ont exprimé leur mécontentement quant au climat scolaire.

La ministre de l'Éducation nationale, Mady Delvaux-Stehres, s'est réjouie des bons résultats obtenus par les élèves de la 5e année d’études primaires. Elle a toutefois souligné que "l’objectif premier de la participation à l’enquête PIRLS n’était pas d’obtenir un ranking, qui est toujours relatif, mais de disposer d’informations précieuses sur notre enseignement. Une étude sur l’école luxembourgeoise n’est en effet pas un aboutissement en soi, mais doit être considérée comme un stimulant et une aide d’orientation".

PIRLS 2006: contexte

Évaluation internationale des compétences de lecture, l’étude PIRLS a été réalisée par l’International Association for the Evaluation of Education Achievement (IEA) dans 45 pays ou systèmes scolaires différents. L’évaluation statistique de l’étude a été réalisée par le Boston College et Statistiques Canada. Le rapport national sur les résultats du Luxembourg est publié en même temps que le rapport international de l’étude PIRLS (intitulée Internationale Grundschule Leseuntersuchung - IGLU en Allemagne). Le ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle a confié l’analyse détaillée des performances des élèves et l’interprétation des résultats de l’étude à un consortium se composant d’experts des universités de Berlin-Humboldt, Dortmund, Luxembourg et Trèves, ainsi que du Collège des inspecteurs de l’enseignement primaire.

PIRLS se fonde sur la conception anglo-saxonne de la literacy selon laquelle la lecture ne constitue pas un processus passif, mais un processus constructif qui met en relation les informations contenues dans un texte et les connaissances de langue et du monde du lecteur. Les compétences de lecture vont donc au-delà de la simple capacité de lire. Les tests administrés dans le cadre de PIRLS évaluent les compétences de base en compréhension de l’écrit, compétences qui correspondent aux expériences et à l’environnement des élèves de l’école primaire et qui constituent en même temps une base essentielle pour les apprentissages ultérieurs.

Pistes de réflexion identifiées par le consortium d’experts

Les analyses effectuées et les résultats de l’étude sont détaillés dans un rapport national (C. Berg, W. Bos, S. Hornberg, P. Kühn, P. Reding, R. Valtin: Lesekompetenzen Luxemburger Schülerinnen und Schüler auf dem Prüfstand. Münster. Waxmann 2007). Ce rapport propose des pistes d’action en réponse aux défis identifiés en termes de politique scolaire et de didactique spécialisée. À titre d’exemple, on peut citer la création d’effets de synergie résultant de la mise en œuvre d’activités de lecture transdisciplinaires et multilingues, une plus forte concentration sur le traitement de textes informatifs et sur l’acquisition de stratégies de lecture privilégiant l’interprétation et l’évaluation des informations, la promotion du goût et du plaisir de la lecture. Les mesures d’appui à proposer aux élèves en difficultés de lecture devront être revues. Une importance particulière devra être accordée aux objectifs curriculaires qui seront définis pour l’éducation préscolaire et pour les structures d’accueil parascolaires telles que les maisons relais, appelées à assumer un rôle actif dans la promotion de l’équité des chances et des activités de lecture.

Des campagnes continues de promotion de la lecture, sensibilisant notamment les parents à l’importance d’accompagner leurs enfants dans la découverte de la lecture, seraient souhaitables. Il s’agira également de trouver des réponses aux défis d’ordre organisationnel qui ont des répercussions sur le climat scolaire.

Le concept des évaluations au niveau national devra être approfondi dans le contexte du développement des compétences de lecture et des socles de compétences. Enfin le consortium recommande au ministère de participer à l’édition 2011 de PIRLS, le cas échéant en faisant tester les compétences des élèves de la 4e et de la 5e année d’études en allemand et celles des élèves de la 6e année d’études en français.

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