Jean-Claude Juncker à la réunion des membres européens du G8 sur la crise financière internationale à Paris

Le Premier ministre, ministre des Finances, Jean-Claude Juncker a participé, en sa qualité de président de l’Eurogroupe, à la réunion des chefs d’État et de gouvernement des membres européens du G8 (Allemagne, France, Italie, Royaume Uni), qui s’est tenue le 4 octobre 2008 au palais de l’Élysée à Paris.

Outre le président de l’Eurogroupe, le président de la République française et président en exercice du Conseil européen, Nicolas Sarkozy, avait convié le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, à cette réunion, dont l’objectif était de coordonner la position européenne pour les réunions à venir au niveau international.

Le sommet de Paris a permis de dégager un consensus des membres européens du G8 sur la marche à suivre dans les semaines et mois à venir, notamment en ce qui concerne les engagements pour venir en aide aux établissements financiers en difficulté.

Le texte adopté par les participants stipule que:

  1. Les établissements financiers seront soutenus pendant la crise. Chaque gouvernement agira avec les méthodes et les moyens qui lui sont propres et de manière coordonnée avec les autres États européens.
  2. En cas de soutien à une banque en difficulté chaque État membre s’engage à ce que les dirigeants qui ont failli assument leurs responsabilités et à ce que les actionnaires supportent également le poids de l’intervention.
  3. Compte tenu du caractère exceptionnel des circonstances économiques et financières exceptionnelles, la Commission européenne fera preuve de flexibilité dans l’application des règles en matière d’aides d’État aux entreprises, comme dans les principes du marché unique. Dans ces domaines elle devra décider aussi rapidement que possible, compte tenu de l’urgence.
  4. De la même manière, l’application du pacte de stabilité et de croissance devra refléter les circonstances exceptionnelles dans lesquelles nous nous trouvons, selon les dispositions du pacte prévues à cet effet.
  5. Pour mettre les banques européennes sur la même ligne que leurs concurrentes internationales, les chefs d’État et de gouvernement demandent que les règles comptables relatives à la classification des actifs dans les bilans bancaires soient modifiées de façon à tenir compte de la durée de détention de ces actifs par les banques. La Commission européenne d’une part, les organismes de normalisation comptable d’autre part, devront travailler en urgence pour que la question soit réglée avant la fin du mois.
  6. Dans le moyen terme, les membres européens du G8 appellent à un sommet international le plus tôt possible avec les États les plus concernés sur la refondation du système financier mondial.
  7. Les normes comptables et prudentielles devront être revues pour éviter la création de bulles spéculatives lorsque la conjoncture va bien et pour contrer les crises de liquidités en temps difficiles.
  8. Les systèmes de rémunérations des dirigeants seront revus pour éviter qu’ils favorisent les prises de risques excessives.
  9. Le renforcement du contrôle politique sur les différentes institutions internationales sensées réguler les marchés et la fixation les normes comptables et prudentielles seront engagés pour s’assurer de la cohérence de leurs actions.
  10. Nous demandons, en temps de crise, la mise en œuvre d’une task force entre les superviseurs, les banques centrales et les ministères des Finances.
  11. Nous saluons les décisions prises aux États-Unis, avec l’adoption au Congrès du plan Paulson qui contribue à la stabilité et à la confiance.

Pour le président de l’Eurogroupe, le sommet de Paris fut un succès en ce qu’il permettait d’aligner les positions européennes en vue des échéances à venir:

"Face à la crise financière la plus grave connue depuis la deuxième guerre mondiale, l’Europe ne peut pas réagir en ordre dispersé. Ce fut la réunion d’une Europe qui veut agir d’une façon cohérente et conséquente. Le message essentiel qui se dégage de nos travaux est que la liquidité sera assurée dans l’objectif de rétablir la confiance qui actuellement fait défaut. Mais il est évident (…) que l’obligation n’est pas seulement celle des gouvernements mais le secteur privé doit participer à l’effort qui doit être le sien pour rétablir la confiance.

Le pacte de stabilité et de croissance sera respecté dans son intégralité conformément aux dispositions du pacte telles qu’elles furent amendées en mars 2005 et qui permettent de lui donner une grille de lecture plus économique.

Il est évident que la régulation deviendra plus précise et plus détaillée, sans devenir un étranglement, mais tous les acteurs doivent savoir qu’en matière de supervision et d’autres éléments annexes, la réalité deviendra différente de ce qu’elle fut.

Je voudrais attirer votre attention sur le fait que l’Europe entière se doit de réagir et donc nous aurons avec les États membre de l’Union européenne, qui n’étaient pas représentés ici, un dialogue vertueux sur quoi nous sommes d’accord aujourd’hui. Nous allons commencer à le faire lundi prochain lors de la réunion de l’Eurogroupe et mardi, lors de la réunion de l’Écofin".

Répondant à une question de journaliste sur les instruments financiers à risque, le président de l’Eurogroupe a répondu:

"Nous voulons un capitalisme de l’entreprenariat et non pas un capitalisme de l’aventure. Nous voulons que les structures de rémunération des dirigeants bancaires soient changées de façon à ce qu’ils ne soient pas récompensés lorsqu’ils font prendre à leurs établissements et à leurs clients des risques inconsidérés. Il faut casser cette logique perverse."

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