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François Biltgen participe à la réunion "L'emploi des seniors au sein de l'UE: pour que l'avenir des Européens se construise à tout âge"
Cette conférence fut avant tout l’occasion de procéder à un état des lieux de l’emploi des seniors au sein de l’Union européenne. Ainsi François Biltgen a pu participer à un échange de vues qui lui a permis de disposer d’une meilleure compréhension des différences de situation nationale et de déterminer les raisons pour lesquelles certains des pays de l’UE sont parvenus à augmenter significativement le taux d’emploi de leurs travailleurs de plus de 50 ans depuis le début des années 90 alors que ce dernier a stagné dans les autres pays membres.
Dans ce contexte, le ministre a présenté à ses homologues la situation du marché de l’emploi des plus de 50 ans au Luxembourg, tout comme l’évolution de cette situation au cours des 15 dernières années, en revenant notamment aux raisons interconnectées pour lesquelles le Luxembourg est aujourd’hui (avec Malte) le pays de l'Union européenne où le taux d'emploi des 55-64 ans (32% en 2007) est le plus faible.
D’après le ministre, il s’agit d’analyser la situation actuelle sur l’arrière-fond de la crise sidérurgique des années 1970, qui rendait nécessaire, à l’époque, des restructurations importantes, qui avaient non seulement comme but d’augmenter la capacité de production dans les sites restants, mais surtout de réduire sensiblement les effectifs de l’ensemble des usines sur le territoire luxembourgeois sur une toile de fond éminemment sociale d’évitement de chômage. Les solutions trouvées dans le temps visaient d’abord la réduction des effectifs âgés par l’introduction notamment de la préretraite. Ces mesures étaient ressenties par les concernés d’abord comme étant extrêmement traumatisants, alors que l’expectative des ouvriers était de vouloir travailler jusqu’à l’âge effectif de la retraite. Toutefois, au fil des temps ces mesures se sont ancrées dans la mentalité de la main d’œuvre luxembourgeoise, en opérant un changement de mentalités radical en direction d’une expectative de pouvoir sortir de la vie active le plus tôt possible.
Cependant, à l’heure actuelle, la nécessité de convergence vers le taux d’emploi des travailleurs âgés, tout comme par ailleurs l’évolution démographique en Europe en général, rendent nécessaire une réorientation de la politique de l’emploi pour les travailleurs âgés au Luxembourg, qui à long terme devra viser un changement radical des mentalités, notamment en flanquant des actions positives par des dispositifs législatifs incitant les travailleurs à rester plus longtemps en activité au lieu de s’enliser trop tôt dans des régimes passifs.
François Biltgen a par ailleurs souligné que la question des travailleurs frontaliers est un autre facteur primordial qui doit être pris en considération dans le contexte d’une approche intégrée pour l’emploi des travailleurs âgés au Luxembourg. En effet, les entreprises luxembourgeoises peuvent avoir recours à une main d’œuvre abondante dans les pays avoisinants, main d’œuvre très souvent plus jeune, de meilleure qualification et plus mobile que la main d’œuvre autochtone. S’y ajoute le fait que le chômage dans la Grande Région est trois fois plus élevé qu’au Luxembourg.
De la manière, l’économie luxembourgeoise semble avoir peu d’intérêt à vouloir garder les travailleurs âgés en activité. Bien que ceux-ci soient très souvent plus compétents et riches en expérience, on leur reproche non seulement une moindre productivité mais aussi, du fait de la hiérarchisation des salaires, d’être plus chers que la main d’œuvre en provenance de la Grande Région.
En outre, François Biltgen a énoncé les réformes mises en œuvre récemment afin de développer l’emploi des plus de 50 ans, ainsi que la manière dont le processus de réforme et la finalisation d’une véritable stratégie en matière de vieillissement actif, ont été construits avec les partenaires sociaux, les entreprises et les syndicats de salariés.
Tout d’abord, les autorités luxembourgeoises avaient lancé un vaste programme de recherche national sur le sujet et participé à l’examen thématique de l’OCDE sur l’emploi des seniors. Issues notamment de ces résultats et recommandations, bon nombre de réformes ont été entreprises au Luxembourg pour réintégrer, respectivement maintenir les travailleurs âgés sur le marché du travail, dont notamment des incitations au niveau de la sécurité sociale de prolongement de la carrière active, des réformes dans la fonction publique, des aides en faveur de l’embauche des travailleurs âgés, la réduction de l’accès au régime d’invalidité par la législation sur l’incapacité de travail et la réinsertion professionnelle, la réduction de l’attractivité financière, pour l’employeur, du recours à la préretraite-ajustement, l’insertion du concept de formation tout au long de la vie dans la législation, la législation sur le maintien de l’emploi, etc.
À l’heure actuelle, le gouvernement continue les discussions avec les partenaires sociaux notamment sur une réforme des régimes de préretraite et sur la révision des dispositions anti-cumul entre salaire et pension. Par ailleurs, il s’agira de promouvoir l’instrumentaire existant aussi bien auprès des employeurs qu’auprès des seniors et de l’adapter, le cas échéant, aux besoins spécifiques des uns et des autres.
Les participants ont également pu faire le point sur les "meilleures pratiques" mises en œuvre au sein de l’Union européenne en matière d’emploi des seniors, tant au niveau des politiques de l’emploi et des caractéristiques du système de protection sociale/vieillesse, qu’au niveau des politiques sectorielles et d’entreprises. La possibilité de répliquer ces bonnes pratiques dans des environnements nationaux différents fut également discutée.
En compagnie de Joëlle Milquet, ministre belge de l’Emploi et de l’Égalité des chances, de Sven-Otto Littorin, ministre suédois de l’Emploi, de Xavier Prats-Monne, directeur de la DG Emploi, Affaires sociales et Égalité des chances de la Commission européenne, de Józef Niemiec, secrétaire confédéral de la Confédération européenne des syndicats, et de Renate Hornung-Draus, directrice des affaires européennes et internationales à la Fédération des syndicats patronaux allemands, le ministre a participé à une table ronde, dont l’objectif fut de tirer les enseignements du bilan en demi-teinte de la stratégie de Lisbonne en matière d’emploi des seniors, tout en réfléchissant à l’agenda européen en ce domaine dans le cadre de la définition de l’après stratégie de Lisbonne.
Parallèlement à la conférence, François Biltgen a encore eu l’occasion de participer à une visite de l’usine Michelin du Puy-en-Velay, une entreprise qui est notamment innovante en matière d’aménagement des conditions de travail des séniors.