Résumé de la déclaration de politique étrangère 2011

Le Vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn, a prononcé le 15 novembre 2011 la Déclaration sur la politique européenne et étrangère à la Chambre des députés.

La déclaration sur la politique européenne et étrangère a surtout porté sur les valeurs et intérêts fondamentaux sur lesquels est basée la politique européenne et étrangère du Grand-Duché de Luxembourg, ainsi que sur les nombreux domaines où le Luxembourg entend défendre ceux-ci.

Le ministre Asselborn a débuté son intervention en constatant, d’une part, l’état de paralysie dans lequel se trouve l’Europe sous les effets incontrôlables de la crise de la dette souveraine et, d’autre part, la levée des peuples de l’Afrique du Nord engagés dans la lutte pour la liberté et prenant par là en main leur propre avenir.

Au sujet de la crise de la dette souveraine et des tensions politico-sociales en Europe, le chef de la diplomatie a souligné la concordance entre les intérêts nationaux du Grand-Duché et ceux de l’Europe. Il a notamment mis l’accent sur la solidarité comme principe fondamental de la politique étrangère luxembourgeoise au sein de l’Union européenne. L’état de droit, tout comme les droits de l’Homme, représentent deux autres variables essentielles dans le développement et l’expression de la politique étrangère du Grand-Duché de Luxembourg.

Le ministre a résumé les enjeux actuels de la crise de la dette souveraine au sein de l’Union européenne, la qualifiant de "sans pareil et de très complexe", et a présenté les différentes mesures prises au niveau européen pour contrecarrer la crise de la dette. Dans ce contexte, le ministre a notamment cité la réforme du pacte de stabilité, le semestre européen, l’établissement du fonds européen pour la stabilité financière (FESF) et le mécanisme européen de stabilité (MES) ou encore les différents plans de réformes et d’austérité sur le niveau des États membres.

"L’euro est irremplaçable", a déclaré le ministre, en complétant: "On ne peut pas exclure des membres de la zone euro (…); au contraire, il faut faire preuve de solidarité politique, surtout en temps de crise". Il a aussi mis en évidence le rôle trop important des agences de notation, déclarant qu’il est inacceptable qu’elles se prononcent sur la qualité du processus démocratique d’un pays. Il a salué les propositions de la Commission européenne sur une nouvelle régulation des agences de notation.

Au sujet des perspectives futures de l’Union dans le contexte de la crise, Jean Asselborn s’est félicité des acquis du processus d’intégration au niveau européen, évoquant plus particulièrement l’espace Schengen. Il a enchaîné pour faire le point sur les derniers développements en la matière, notamment dans le contexte des flux migratoires, des candidatures de la Bulgarie et de la Roumanie ainsi que de la fermeture unilatérale des frontières par le précédent gouvernement danois. Sur un plan plus général, le ministre a regretté que les fondements de plusieurs politiques communes au niveau européen ont été remis en question.

Le ministre a ensuite évoqué les progrès de la mise en œuvre du traité de Lisbonne. Il a mis en lumière les changements nécessaires en vue de la mise en œuvre des dispositions pour contrecarrer la crise de la dette souveraine. En outre, il a salué les travaux qui se poursuivent pour mettre en place le Service européen d’action extérieure (SEAE). Ce service contribuera à augmenter encore davantage la visibilité et l’efficience de l’UE à l’étranger. Son action est susceptible de bénéficier particulièrement aux Etats membres dont le réseau diplomatique est de dimension modeste. Enfin, il a abordé l’initiative citoyenne qu’il a saluée comme un premier élément de démocratie directe en Europe.

Toujours dans le contexte du rôle important de l’Union européenne pour le Grand-Duché, le ministre a évoqué les efforts luxembourgeois dans le domaine de la politique du siège du Luxembourg. Il a souligné que le Grand-Duché maintiendra ses efforts pour améliorer les conditions de travail au Luxembourg et continuera à agrandir et moderniser les infrastructures. Une nouvelle carte de légitimation est également en voie de développement.

Malgré les perspectives sombres et les tendances peu prometteuses au sein de l’Union européenne et plus particulièrement de la zone euro, Jean Asselborn a conclu en lançant que, au cours de l’histoire du processus d’intégration, l’Europe a toujours pu surmonter les crises en portant son regard résolument vers l’avant et en poursuivant l’approfondissement du processus d’intégration. "S’engager, avec responsabilité et solidarité, pour le renforcement de l’Union européenne, c’est aussi s’engager pour notre pays. Il n’y a pas d’alternative", a déclaré le ministre.

La politique étrangère reste également fortement attachée au multilatéralisme, notamment dans le domaine du commerce international où il importe plus que jamais, surtout en temps de crise, de résister aux tendances protectionnistes et de lutter contre des barrières enfreignant le commerce international, pour favoriser le développement économique des pays les moins développés. Le ministre a salué l’adhésion prochaine de la Russie à l’OMC et a également noté l’engagement de l’Union européenne d’établir davantage d’accords de libre-échange à travers le monde.

Dans le domaine du changement climatique, l’Union européenne a pris des engagements forts pour réduire les émissions de CO2 et a aussi établi un mécanisme de financement au bénéfice des pays pauvres affectés par le phénomène. "Le Luxembourg et l’UE ne peuvent pas se replier sur eux-mêmes, mais doivent au contraire rester un élément de la solution", a rappelé le ministre.

Le ministre s’est ensuite tourné vers le processus d’élargissement de l’UE, faisant le point des différents dossiers.

Au sujet des Balkans occidentaux, il a souligné que les problèmes structurels des Balkans ne peuvent être résolus que par l’intermédiaire de l’UE, renforçant leur perspective européenne. Le chef de la diplomatie luxembourgeoise a également exprimé ses vives félicitations pour les travaux des forces de police et de l’armée luxembourgeoise dans les Balkans occidentaux. Il a par ailleurs encouragé la poursuite du processus de négociation d’adhésion de l’UE avec la Turquie ainsi qu’avec l’Islande. Il s’est félicité de la conclusion des négociations d’adhésion de la Croatie. En outre, Jean Asselborn a salué la libéralisation des visas pour accroître les contacts directs parmi les citoyens, tout en mettant en garde contre les abus.

En ce qui concerne le partenariat oriental de l’UE, le ministre a constaté que la réalisation des objectifs fixés est importante pour le Luxembourg, mais que les partenaires doivent respecter des engagements dans les domaines de la démocratie et de l’état de droit, éléments nécessaires pour la construction de l’Europe.

Le ministre a ensuite fait un tour d’horizon du voisinage méridional de l’UE suite aux bouleversements survenus dans cette région au cours du "printemps arabe". Le Vice-Premier ministre a rappelé que ces événements ont été provoqués par la volonté des peuples d’acquérir des valeurs comme la liberté, l’état de droit ou encore les droits de l’homme et s’est dit convaincu que l’Europe a joué un rôle important dans ces développements, ayant été une source d’inspiration aux peuples d’Afrique du Nord. Néanmoins, "il appartient maintenant aux peuples d’accomplir les prochains pas et l’Union européenne doit les soutenir dans leur quête de liberté et de stabilité, ceci dans le cadre de la politique européenne de voisinage qui représente l’instrument de choix pour l’établissement d’accords ambitieux de coopération et de libre-échange avec les différents pays", a dit le ministre, faisant également le point sur les événements récents et les situations respectives en Tunisie, Égypte, Libye et en Syrie.

Le ministre a ensuite abordé le rôle de l’Iran dans cette région du monde. Il a annoncé qu’à la lumière des récentes conclusions de l’AIEA, et aussi longtemps que l’Iran refuse de négocier avec l’AIEA et les "UE3+3" (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne), l’imposition de nouvelles sanctions ne peut être exclue. Jean Asselborn a ajouté que l’option militaire risquerait d’être contre-productive.

Au sujet du processus de paix au Proche-Orient, le ministre a fortement déploré l’augmentation journalière de la haine entre Israéliens et Palestiniens. Le chef de la diplomatie luxembourgeoise a rappelé la position du gouvernement luxembourgeois en faveur de la solution à deux États sur base des frontières de 1967 ainsi que d’une reprise immédiate des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens. La politique de colonisation du gouvernement Netanyahu, qui représente le principal obstacle dans les efforts pour une reprise des négociations a été fortement condamnée. Au sujet de la demande de reconnaissance d’un État palestinien au niveau des Nations unies, le ministre a formulé l’espoir que l’Union européenne arrive à maintenir une position commune des 27 États membres.

En ce qui concerne les relations du Luxembourg avec d’autres pays de la région, le ministre a noté que celles-ci continuent à se diversifier, surtout au niveau économique et commercial et notamment dans la région du Golfe. À cet effet, une ambassade sera inaugurée prochainement à Abu Dhabi.

Au sujet des relations du Luxembourg avec le continent africain, le Vice-Premier ministre a déclaré que, malgré le contexte actuel difficile, le futur appartiendra au continent africain. Il a fait allusion aux développements positifs, en rappelant notamment que le nombre des conflits en Afrique est en baisse, mais aussi en mettant en évidence l’engagement luxembourgeois au sein de la commission de consolidation de la paix au niveau des Nations unies, ainsi que dans les missions au niveau de l’UE (EUTM Somalia et EU NAVFOR ATALANTA). Le ministre a expliqué que le Luxembourg s’engage pleinement pour approfondir encore davantage les relations avec les pays du continent africain en combinant les niveaux politique, diplomatique et de la coopération avec un volet économique et culturel. À cet effet, une ambassade sera inaugurée prochainement à Addis Abeba et plusieurs missions économiques ont déjà été effectuées, notamment en Algérie et en Angola.

Le ministre s’est ensuite concentré sur les partenaires stratégiques les plus importants du Luxembourg et de l’UE. Évoquant tout d’abord la relation transatlantique, le ministre a expliqué l’importance des relations avec les États-Unis, "parce que nous défendons les mêmes valeurs". La Russie et la Chine sont deux autres partenaires stratégiques importants, aussi bien sur le plan économique et commercial que politique, a observé le Vice-Premier ministre. Enfin, le ministre a également abordé les graves événements au Japon suite au séisme au mois de mars de cette année.

Au sujet de l’OTAN, le ministre a réitéré que le Luxembourg doit affronter les défis actuels ensemble avec ses partenaires et doit œuvrer à rester un membre engagé et crédible au sein de l’Alliance. Le Luxembourg s’est engagé depuis longtemps pour la défense de sa sécurité, et ceci au sein de nombreuses missions de l’OTAN, dont notamment la KFOR au Kosovo et la FIAS en Afghanistan. À ce sujet, le ministre a fait le point de la situation en Afghanistan et des progrès réalisés dans le processus de transition. Il a exposé l’engagement à long terme de la communauté internationale dans le pays en vue de sa stabilisation. Au sujet de la défense anti-missile, le ministre a rappelé que ce projet n’est possible qu’en coopération avec la Russie.

Enfin, le ministre a donné encore des précisions sur les efforts luxembourgeois en vue d’un monde sans armes de destruction massive ainsi que dans le domaine de la non-prolifération et de la réduction des armements en général. Le Luxembourg appelle de ses vœux l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et soutient pleinement la convention contre les bombes à sous-munition, ou encore la lutte contre les mines.

Le ministre a conclu son intervention en évoquant la candidature luxembourgeoise pour un siège non-permanent au Conseil de sécurité des Nations-Unies, qui est l’expression par excellence de l’engagement luxembourgeois au sein de la communauté internationale.

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