Résumé de la déclaration de politique étrangère 2012

Le Vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn, a prononcé le 14 novembre 2012 la déclaration sur la politique européenne et étrangère à la Chambre des députés.

Le ministre a rappelé l’importance de la politique étrangère pour un pays comme le Luxembourg. Il a souligné le caractère indispensable d’une politique étrangère engagée, solidaire et responsable, pour défendre à la fois les valeurs et les intérêts du pays.

Le ministre a débuté son intervention en évoquant le vote à l’Assemblée générale des Nations unies, le 18 octobre 2012, qui a permis au Luxembourg d’obtenir un siège de membre non-permanent au sein du Conseil de sécurité des Nations unies. Le ministre Asselborn s’est dit honoré de cette marque de confiance de la part de la communauté internationale et conscient de l’ampleur de la tâche et des responsabilités qui en découlent.

Détaillant la philosophie avec laquelle le Luxembourg entend relever ce défi historique, le ministre a souligné l’importance d’appréhender les sujets par le biais d’une approche intégrée reposant à la fois sur la diplomatie, le développement et la défense. Dans un monde interconnecté et multidimensionnel, les crises entrainent des répercussions qu’une approche uniquement sécuritaire ne saurait résoudre seule, sans tout l’apport provenant des volets du développement économique et de la promotion des droits de l’Homme et de l’État de droit, auxquels le Luxembourg attache une importance particulière.

Le ministre a ensuite salué la nouvelle dynamique apportée par la signature du nouveau Traité Benelux. Le traité permettra de renforcer davantage le rôle que le Benelux a toujours joué dans le domaine de la politique européenne et internationale. À ce sujet, le ministre a déclaré vouloir saisir l’occasion apportée par les présidences luxembourgeoises en 2013 à la fois du comité ministériel du Benelux et du Parlement du Benelux, pour amplifier la coopération entre les 3 États membres.

Le ministre Asselborn a continué son intervention par une analyse des principaux défis actuels pour l’Union européenne, à savoir les conséquences de la crise économique et financière et des dettes souveraines. Malgré la complexité et les difficultés, l’UE a su se rassembler et agir concrètement. Au cours des douze derniers mois, les pays membres de la zone euro ont su prendre les décisions qui autorisent un fondement solide, ainsi que la mise en place d’instruments pertinents, pour réagir et assainir la situation. Dans ce contexte, le ministre a notamment cité la réforme du pacte de stabilité, le semestre européen, l’établissement du Fonds européen pour la stabilité financière (FESF) et le Mécanisme européen de stabilité (MES) ou encore la signature du pacte fiscal.

Alors que la Grèce connait toujours des difficultés financières, le ministre Asselborn a salué les dernières décisions prises par le Parlement grec, qui permettront au peuple grec de bénéficier de la mise en œuvre de ces derniers instruments, afin de sortir du cercle vicieux austérité-récession. À ce sujet, le ministre Asselborn a insisté sur le fait que chaque pays devait assainir sa situation à un rythme adapté, afin de rétablir de manière intelligente l’équilibre budgétaire et la croissance.

Pour donner à l’UE les moyens de poursuivre ses efforts dans la lutte contre la crise, le ministre Asselborn a plaidé pour un cadre financier pluriannuel 2014-2020 fort, seul à même de seconder efficacement les efforts nationaux. Le cadre financier pluriannuel constitue en effet l’instrument clé pour rétablir la confiance et la croissance en Europe.

Le ministre Asselborn a renouvelé son engagement en faveur d’une politique d’élargissement forte de l’Union européenne. Il a souligné qu’il était de la responsabilité du Luxembourg de répondre favorablement à l’appel à la paix, la prospérité, la démocratie et l’État de droit des pays des Balkans. De plus, le ministre a rappelé qu’il serait inopportun de tenir à l’écart de l’UE la Turquie, pays à l’économie dynamique, à la position géographique stratégique et au rôle crucial dans la région. Il a de même encouragé la poursuite des négociations avec l’Islande. Tout en soulignant l’importance de la libéralisation des visas pour accroître les contacts directs entre les citoyens, le ministre Asselborn a mis en garde contre les abus.

En ce qui concerne le partenariat oriental de l’UE, le ministre a constaté que la réalisation des objectifs fixés est importante pour le Luxembourg, mais que les partenaires doivent respecter leurs engagements dans les domaines de la démocratie et de l’État de droit, éléments indispensables pour la construction de l’Europe.

La politique étrangère luxembourgeoise reste également fortement attachée au multilatéralisme, notamment dans le domaine du commerce international où il importe plus que jamais, surtout en temps de crise, de résister aux tendances protectionnistes et de lutter contre des barrières enfreignant le commerce international, pour favoriser le développement économique des pays les moins développés. Le ministre a salué l’adhésion de la Russie à l’OMC et a également noté l’engagement de l’Union européenne d’établir davantage d’accords de libre-échange à travers le monde.

Le ministre a ensuite fait un tour d’horizon du voisinage méridional de l’UE, tirant le bilan des bouleversements survenus dans cette région au cours du "printemps arabe". Le Vice-Premier ministre a rappelé que ces événements ont été provoqués par l’aspiration des peuples aux valeurs comme la liberté, l’État de droit ou encore les droits de l’Homme. Il s’est dit conscient du rôle que l’UE doit jouer à cet égard, afin d’accompagner ces pays sur la voie du développement économique, social et démocratique.

Le Vice-Premier ministre a ensuite fait le point sur la situation en Syrie. Regrettant le double veto sino-russe au Conseil de sécurité des Nations unies, il a rappelé que cette enceinte était le seul instrument dont dispose la communauté internationale pour résoudre la crise, excluant toute intervention militaire. Souscrivant totalement à l’établissement d’une relation de travail approfondie et constructive entre la communauté internationale et le comité regroupant toutes les forces de l’opposition syrienne, qui s’est constitué le 11 novembre à Doha, le ministre Asselborn a témoigné de sa volonté de tout faire pour que les travaux du Conseil de sécurité débouchent à nouveau sur l’élaboration d’une résolution basée sur l’acquis de la réunion du 30 juin 2012 de Genève.

Le ministre a ensuite abordé le rôle de l’Iran dans cette région du monde. Il a déclaré qu’à la lumière des récentes conclusions de l’AIEA, le Luxembourg soutient le processus initié par les "UE3+3" (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne) et privilégie une double approche, basée tant sur l’adoption de sanctions à l’égard du régime, que sur la promesse d’une collaboration économique et politique avec l’Iran, si ce dernier accepte de coopérer avec l’AIEA.

Au sujet du processus de paix au Proche-Orient, le ministre a fortement déploré l’augmentation des tensions entre Israéliens et Palestiniens. Selon le ministre, si l’histoire européenne impose de tout mettre en œuvre pour garantir la sécurité de l’État d’Israël, la philosophie qui guide l’Europe impose également de tout mettre en œuvre pour garantir la dignité du peuple palestinien. Plaidant en faveur d’une solution à deux États, basée sur le frontières de 1967, le ministre a déclaré que la création d’État palestinien ne saurait être considéré comme étant un cadeau fait au peuple palestinien, mais qu’il constitue la pierre angulaire d’une solution permettant à Israël de vivre en paix et en sécurité. Or, la poursuite constante de la politique de colonisation aura pour conséquence de rendre physiquement impossible toute solution à deux États. Le Luxembourg salue toute initiative renforçant le caractère multilatéral du processus et accueillera avec bienveillance un rehaussement de la Palestine au statut d’État observateur par l’Assemblée générale des Nations unies.

Au sujet des relations du Luxembourg avec le continent africain, le Vice-Premier ministre a déclaré que, malgré le contexte actuel difficile, le futur appartiendra au continent africain. Il a fait allusion aux développements positifs, rappelant le progrès réalisés à l’égard du respect de la démocratie, mais aussi en mettant en évidence l’engagement luxembourgeois au sein de la Commission de consolidation de la Paix au niveau des Nations unies, ainsi que dans les missions au niveau de l’UE (EUTM Somalia et EU NAVFOR ATALANTA). Conscient des menaces planant sur le Sahel, le ministre a insisté sur la nécessité du rétablissement de l’unité nationale et de l’établissement d’un processus de transition démocratique au Mali. Le ministre a expliqué que le Luxembourg s’engage pleinement pour approfondir encore davantage les relations avec les pays du continent africain en combinant les niveaux politique, diplomatique et de la coopération avec un volet économique et culturel.

Le ministre s’est ensuite concentré sur les partenaires stratégiques les plus importants du Luxembourg et de l’UE. Évoquant tout d’abord la relation transatlantique, le ministre a expliqué l’importance des relations avec les Etats-Unis. La Russie et la Chine sont deux autres partenaires stratégiques importants, aussi bien sur le plan économique et commercial que politique, a observé le Vice-Premier ministre.

Le ministre a donné encore des précisions sur les efforts luxembourgeois en vue d’un monde sans armes de destruction massive, ainsi que dans le domaine de la non-prolifération et de la réduction des armements en général. Le Luxembourg appelle de ses vœux l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE) et soutient pleinement la Convention contre les bombes à sous-munition, ou encore la lutte contre les mines, tout comme le Traité sur le commerce des armes élaboré au niveau des Nations unies.

Le ministre a conclu son intervention en espérant pouvoir compter sur l’appui des députés, mais également sur leur sens critique, pour soutenir les travaux du Luxembourg au Conseil de sécurité des Nations unies, qui est l’expression par excellence de l’engagement luxembourgeois au sein de la communauté internationale.

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