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Faire entendre aux enfants aujourd’hui, les langues qu’ils parleront demain
Le ministre de l’Éducation nationale, de l’Enfance et de la Jeunesse, Claude Meisch, a informé la presse le 20 mars 2017 sur la préparation de la mise en œuvre du programme d’éducation plurilingue dans les crèches.
"Ce projet est celui qui aura l’impact le plus durable sur le système éducatif", a annoncé le ministre. Le programme d’éducation plurilingue répond à un besoin concret, dans notre pays multiculturel et multilingue: il apporte une réponse cohérente à la nécessité de promouvoir les langues et la communication orale dès la petite enfance. "Le concept est clair, il s’agit de faire entendre aux enfants aujourd’hui les langues qu’ils parleront demain", a lancé Claude Meisch.
En vertu de la loi qui devrait entrer en vigueur en octobre 2017, (le projet de loi a été déposé à la Chambre des députés en septembre 2016), chaque crèche prestataire du chèque-service accueil doit développer un concept pour assurer un accueil plurilingue qui comprend:
Afin de soutenir la mise en œuvre du programme, le ministère accordera des ressources supplémentaires qui équivalent environ à 10% de l’ensemble des heures prestées par le personnel actuel. Des formations sont organisées par le Service national de la jeunesse pour les référents pédagogiques (un référent est désigné par crèche et chargé de coordonner la réalisation du concept) et pour le personnel encadrant. À noter que chaque structure doit disposer de personnel compétent en français et en luxembourgeois, les langues cibles du programme.
Le ministre a insisté sur l’application progressive de la loi, en privilégiant une transposition efficace et durable.
À quelques mois de l’entrée en vigueur de la loi, l’accent est mis sur l’information. Des réunions d’information régionales pour les structures d’accueil ont eu lieu en décembre 2016 à travers tout le pays. Un dépliant qui s’adresse aux parents est distribué ces jours-ci dans les crèches. Un guide "Méisproochegkeet fërderen", pour le personnel éducatif et élaboré avec l’aide des acteurs du terrain, est envoyé en mars 2017 à toutes les structures d’éducation et d’accueil et un guide pédagogique (Pädagogische Handreichungen), qui documente les approches pédagogiques concrètes développées et les expériences faites dans les crèches durant la phase pilote, paraît à la fin du mois de mars.
Le 30 mars 2017, une grande conférence "L’éducation plurilingue dans l’accueil de la petite enfance au Luxembourg" réunira 350 personnes autour d’exposés d’experts et permettra un échange sur les expériences collectées lors de la phase pilote. La manifestation sera filmée et publiée en ligne.
Un site internet (www.plurilingue.enfancejeunesse.lu) reprend les exemples de bonnes pratiques collectés au fil de la phase pilote, des conseils en matière de littérature spécialisée ou de matériel didactique.
La mise en œuvre du programme d’éducation plurilingue dans toutes les crèches a été précédée d’une phase pilote, lancée en avril 2016. Huit crèches volontaires ont été accompagnées par le Service de coordination de la recherche et de l’innovation pédagogiques et technologiques (SCRIPT) et ont collaboré à l’évaluation professionnelle continue du projet.
Il ressort de cette phase-pilote que chaque crèche a choisi sa propre voie pour familiariser les enfants avec le plurilinguisme et les mettre en contact avec le luxembourgeois et le français.
Trois crèches sont venues partager leur expérience lors de la conférence de presse.
Le concept plurilingue a avant tout apporté une prise de conscience, témoigne Cindy Martins de la crèche Am Pescher à Strassen. Le premier pas a été un état de lieux des pratiques quotidiennes, en présence d’enfants majoritairement francophones et avec l’utilisation du luxembourgeois comme langue véhiculaire, tout en valorisant les langues parlées en famille. Parmi les mesures appliquées, le cercle du matin et la lecture des histoires se font désormais systématiquement dans les deux langues. De plus, un intervenant parle uniquement français aux enfants. Le projet est en perpétuelle évolution et s’enrichit de chaque expérience engrangée. Les enfants se montrent très ouverts et compétents et n’hésitent pas à aller vers la langue qui n’est pas la leur.
La crèche Coccinella à Esch-sur-Alzette se caractérise par son public multiculturel. Pour créer un moment de communication privilégié, un cours de yoga en luxembourgeois a été introduit. Les autres activités de la journée sont organisées dans la langue de l’éducateur en charge. Les enfants n’hésitent pas à s’entraider quand un camarade ne comprend pas un mot. "Le retour est très bon, tant des parents que des enfants", se réjouit Aurore Nave.
À la frontière allemande, à Born, la question s’est posée différemment. Il s’agissait d’introduire le français dans un contexte plutôt luxembourgo- et germanophone. "Nous avons choisi le moment des repas, comme situation quotidienne où les enfants, réunis en petits groupes, se sentent à l’aise, calmes, prêts à accueillir une information", explique Angélique Hebert. Une petite chanson est alors chantée en luxembourgeois et en français. Au début, les demandes – à boire, du pain, etc. – ont été répétées en deux langues, accompagnées de gestes, pour ensuite être formulées seulement en français. Le personnel privilégie toujours une approche détendue et les enfants se montrent enthousiastes. Ils n’hésitent plus à utiliser l’un ou l’autre mot entendu au quotidien.
"Ce projet est celui qui aura l’impact le plus durable sur le système éducatif", a annoncé le ministre. Le programme d’éducation plurilingue répond à un besoin concret, dans notre pays multiculturel et multilingue: il apporte une réponse cohérente à la nécessité de promouvoir les langues et la communication orale dès la petite enfance. "Le concept est clair, il s’agit de faire entendre aux enfants aujourd’hui les langues qu’ils parleront demain", a lancé Claude Meisch.
En vertu de la loi qui devrait entrer en vigueur en octobre 2017, (le projet de loi a été déposé à la Chambre des députés en septembre 2016), chaque crèche prestataire du chèque-service accueil doit développer un concept pour assurer un accueil plurilingue qui comprend:
- une familiarisation des jeunes enfants avec le luxembourgeois comme langue d’intégration, et langue qui prépare à l’alphabétisation en allemand;
- la mise en contact naturelle avec le français, qui fait partie de la réalité linguistique et scolaire du pays;
- la valorisation des langues parlées en famille en associant les parents;
- l’intégration de chaque crèche dans le tissu culturel, social et éducatif local.
Afin de soutenir la mise en œuvre du programme, le ministère accordera des ressources supplémentaires qui équivalent environ à 10% de l’ensemble des heures prestées par le personnel actuel. Des formations sont organisées par le Service national de la jeunesse pour les référents pédagogiques (un référent est désigné par crèche et chargé de coordonner la réalisation du concept) et pour le personnel encadrant. À noter que chaque structure doit disposer de personnel compétent en français et en luxembourgeois, les langues cibles du programme.
Le ministre a insisté sur l’application progressive de la loi, en privilégiant une transposition efficace et durable.
À quelques mois de l’entrée en vigueur de la loi, l’accent est mis sur l’information. Des réunions d’information régionales pour les structures d’accueil ont eu lieu en décembre 2016 à travers tout le pays. Un dépliant qui s’adresse aux parents est distribué ces jours-ci dans les crèches. Un guide "Méisproochegkeet fërderen", pour le personnel éducatif et élaboré avec l’aide des acteurs du terrain, est envoyé en mars 2017 à toutes les structures d’éducation et d’accueil et un guide pédagogique (Pädagogische Handreichungen), qui documente les approches pédagogiques concrètes développées et les expériences faites dans les crèches durant la phase pilote, paraît à la fin du mois de mars.
Le 30 mars 2017, une grande conférence "L’éducation plurilingue dans l’accueil de la petite enfance au Luxembourg" réunira 350 personnes autour d’exposés d’experts et permettra un échange sur les expériences collectées lors de la phase pilote. La manifestation sera filmée et publiée en ligne.
Un site internet (www.plurilingue.enfancejeunesse.lu) reprend les exemples de bonnes pratiques collectés au fil de la phase pilote, des conseils en matière de littérature spécialisée ou de matériel didactique.
La mise en œuvre du programme d’éducation plurilingue dans toutes les crèches a été précédée d’une phase pilote, lancée en avril 2016. Huit crèches volontaires ont été accompagnées par le Service de coordination de la recherche et de l’innovation pédagogiques et technologiques (SCRIPT) et ont collaboré à l’évaluation professionnelle continue du projet.
Il ressort de cette phase-pilote que chaque crèche a choisi sa propre voie pour familiariser les enfants avec le plurilinguisme et les mettre en contact avec le luxembourgeois et le français.
Trois crèches sont venues partager leur expérience lors de la conférence de presse.
Le concept plurilingue a avant tout apporté une prise de conscience, témoigne Cindy Martins de la crèche Am Pescher à Strassen. Le premier pas a été un état de lieux des pratiques quotidiennes, en présence d’enfants majoritairement francophones et avec l’utilisation du luxembourgeois comme langue véhiculaire, tout en valorisant les langues parlées en famille. Parmi les mesures appliquées, le cercle du matin et la lecture des histoires se font désormais systématiquement dans les deux langues. De plus, un intervenant parle uniquement français aux enfants. Le projet est en perpétuelle évolution et s’enrichit de chaque expérience engrangée. Les enfants se montrent très ouverts et compétents et n’hésitent pas à aller vers la langue qui n’est pas la leur.
La crèche Coccinella à Esch-sur-Alzette se caractérise par son public multiculturel. Pour créer un moment de communication privilégié, un cours de yoga en luxembourgeois a été introduit. Les autres activités de la journée sont organisées dans la langue de l’éducateur en charge. Les enfants n’hésitent pas à s’entraider quand un camarade ne comprend pas un mot. "Le retour est très bon, tant des parents que des enfants", se réjouit Aurore Nave.
À la frontière allemande, à Born, la question s’est posée différemment. Il s’agissait d’introduire le français dans un contexte plutôt luxembourgo- et germanophone. "Nous avons choisi le moment des repas, comme situation quotidienne où les enfants, réunis en petits groupes, se sentent à l’aise, calmes, prêts à accueillir une information", explique Angélique Hebert. Une petite chanson est alors chantée en luxembourgeois et en français. Au début, les demandes – à boire, du pain, etc. – ont été répétées en deux langues, accompagnées de gestes, pour ensuite être formulées seulement en français. Le personnel privilégie toujours une approche détendue et les enfants se montrent enthousiastes. Ils n’hésitent plus à utiliser l’un ou l’autre mot entendu au quotidien.