21 mars 2003: Journée européenne du sommeil

Ce 21 mars, nous célébrons la "Journée Européenne du Sommeil". L’idée d’organiser une telle journée vient du constat que de nombreuses personnes ont des troubles du sommeil, voire souffrent d’insomnies tenaces, et qu’il s’agit de les informer et sensibiliser sur les possibilités de prévention existantes.

Quelle est l’importance du sommeil pour notre santé et notre bien-être ?

Toutes les vingt-quatre heures, chacun d’entre nous ressent un besoin insurmontable de dormir. Le fait que nous dormions tous, et que nous en ressentions le besoin impérieux, suggère que le sommeil remplit une fonction essentielle, qui nous permet de demeurer en vie sur terre.

En effet, la privation de sommeil a beaucoup de conséquences néfastes : elle entraîne la mort chez les animaux lorsqu’elle est prolongée, et elle constitue une source de nombreux accidents chez l’homme.

Ainsi, après une privation totale de sommeil de 24h, des troubles spécifiques apparaissent: cela débute par des troubles de l’humeur, telles que  de l’irritabilité, une alternance rapide d’un état d’euphorie à un état dépressif, ou un manque d’intérêt pour l’environnement extérieur. Ensuite, une instabilité psychomotrice se manifeste, et des troubles visuels s’installent, pouvant aller jusqu’aux hallucinations, ainsi qu’une désorganisation de la réflexion, avec des difficultés pour trouver le mot juste, finir une phrase ou répondre à une question, accompagnée d’une perte de la mémoire récente. Nous pouvons donc dire que le sommeil est un processus par lequel le corps entier, y compris le système nerveux central, peut être régénéré.

Nous ne dormons pas pour l’amour du sommeil, mais afin d’être alertes et revigorés le jour suivant. Le sommeil est, en effet, indispensable pour notre bien-être individuel et notre qualité de vie.

Or nous constatons que les problèmes de sommeil, et principalement l’insomnie, sont de plus en plus fréquents dans la population générale.

Aux Etats-Unis par exemple, une enquête a démontré que les troubles du sommeil constituent le problème de santé publique le plus important non recensé. Les conséquences se situent à différents niveaux, que ce soit sur le plan individuel, le plan social ou le plan économique.

Du point de vue social, l’insomnie augmente les accidents et l’absentéisme, et diminue la productivité et le fonctionnement social ou professionnel.

Au niveau comportemental, le manque de sommeil engendre la perte de contrôle de l’humeur, de la paranoïa ou un refus d’admettre ses erreurs, ce qui peut être pénible pour l’entourage familial et les collègues, et provoquer de nombreux conflits familiaux et échecs professionnels.

La qualité du sommeil est également un facteur crucial dans la perception de leur qualité de vie par les individus. Dans un échantillon de 1000 personnes, la qualité de vie a été jugée comme « excellente et bonne » par 96% des personnes qui ne présentaient pas d’insomnies, 81% de celles qui en ont souffert occasionnellement, et 70% de celles qui souffraient d’insomnie chronique.

Sur la route, des enquêtes indiquent que plus de 50% du total des accidents arrivent la nuit, et la plupart d’entre eux sont à attribuer à un assoupissement. 2 à 8% des personnes souffrant d’insomnie ont eu au moins un accident lié à la somnolence, et 42 à 49% des accidents impliquant un véhicule utilitaire sont dus à la somnolence d’un conducteur ou à de l’inattention. Les conséquences en sont désastreuses: S’assoupir au volant est fatal dans 87% des cas!

Au travail, il a également été constaté que plus de 50% des accidents de travail peuvent raisonnablement être attribués à la somnolence ou à de l’inattention.

Les coûts économiques liés aux conséquences de l’insomnie sont divisables en coûts directs et indirects:

  • Les coûts directs incluent les consultations médicales, les examens et les traitements par des spécialistes du sommeil, les médicaments pris pour faciliter le sommeil, les soins fournis par des organisations de santé ou liés à une hospitalisation.

En 1995 par exemple, les coûts directs de l’insomnie étaient estimés à 13,58 milliards de dollars aux Etats-Unis.

  • Les coûts indirects incluent un plus faible rendement économique, attribuable à la morbidité et à la mortalité associées à l’insomnie. En 1994 par exemple, les coûts liés aux accidents de travail ont été estimés à 10,3 milliards de dollars aux Etats-Unis, les accidents de la route à 29,3 milliards de dollars, et le coût de la perte de productivité sur le lieu de travail à 150 milliards de dollars.

Les organisateurs de cette journée, à savoir la BASS (Association belge pour l’étude du Sommeil), la SSMG (Société de Médecine Générale), avec la participation de "l’Unité du Sommeil" de l’Hôpital de la Ville d’Esch/Alzette et du Centre Hospitalier de Luxembourg, s’adressent aux professionnels de la santé et à chacun de nous, afin de nous sensibiliser aux pathologies du sommeil et à l’importance d’un sommeil sain et récupérateur.

Nous possédons aujourd’hui les moyens d’aider la plupart des insomniaques à retrouver un sommeil normal. Nous pouvons nous-mêmes améliorer notre sommeil en corrigeant les comportements liés à une mauvaise « hygiène » du sommeil. Il est important par exemple de se lever et de se coucher à des heures fixes, d’éviter les repas trop lourds ou trop légers le soir. Il faut éviter de consommer de l’alcool ou du café en fin de journée. Il faut faire attention aux médicaments: Certains médicaments peuvent être la cause d’une insomnie. Une courte promenade le soir favorise le sommeil, en essayant d’éviter les agressions extérieures, comme le bruit et la lumière. Il faut bannir la télévision et le travail de la chambre à coucher. Celle-ci doit être bien aérée, il est conseillé de maintenir sa température à 18° C.

Si votre insomnie est due à un facteur de stress que vous ne savez surmonter que difficilement (deuil, divorce, perte de votre travail), ou si elle s’est installée depuis quelques semaines et qu’elle continue à perdurer, il faut consulter un médecin,et ne pas prendre des hypnotiques sans prescription médicale. Votre médecin choisira le traitement le plus approprié, essayera de résoudre les causes sous-jacentes, de restaurer votre sommeil en améliorant votre qualité de vie, et d’empêcher ainsi la progression de l’insomnie passagère vers l’insomnie chronique. Il existe également au Luxembourg quelques centres spécialisés dans la mise au point et le traitement des insomnies rebelles, ainsi que les "unités du sommeil" de l’hôpital de la Ville d’Esch-sur-Alzette et du Centre Hospitalier de Luxembourg. Votre médecin vous informera.

En aidant les personnes qui ont des problèmes de sommeil à retrouver un sommeil normal, nous les aiderons à améliorer leur qualité de vie, leurs performances et leur sensation de bien-être.

Le Ministre de la Santé, Carlo WAGNER

Communiqué par le ministère de la Santé

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