Le Premier ministre Jean-Claude Juncker devant l´Assemblée de l´UEO: "En matière de politique extérieure et de défense, l´Europe n´est qu´au début de ses ambitions"

Le Premier ministre Jean-Claude Juncker a assisté le 2 décembre 2003 à la 49e session de l'Assemblée de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) à Paris.

Après les mots de bienvenue du président de l’Assemblée de l’UEO, le député luxembourgeois Marcel Glesener, et en présence du ministre de la Défense Charles Goerens, ancien président de l’Assemblée, le chef du gouvernement luxembourgeois a prononcé un discours dans lequel il évoqua les différents aspects de la sécurité et de la défense dans le contexte de la future Constitution européenne.

Devant les parlementaires nationaux de 28 pays qui composent l'Assemblée interparlementaire européenne de sécurité et de défense, le Premier ministre luxembourgeois a ouvert son discours en soulignant que l’idée d’une défense européenne ne serait pas nouvelle: "L’ambition de la sécurité et de la défense est une vieille ambition européenne". En effet, après le succès remporté par la Communauté européenne du charbon et de l’acier, certains ont voulu mettre sur pied une Communauté européenne de la défense, a rappelé Jean-Claude Juncker.

Le Premier ministre Jean-Claude Juncker a insisté sur le fait que l’Union européenne devrait mettre en place des moyens civils et militaires pour faire face aux défis majeurs que sont le terrorisme ou encore la prolifération des armes de destruction massive. Néanmoins, l’UE aurait déjà réalisé un certain nombre de progrès dans cette direction: entrée en vigueur des traités de Maastricht, d’Amsterdam et de Nice; mise en place du COPS et du Comité militaire; opérations en Macédoine, en Bosnie et au Congo. Ces éléments témoigneraient des réussites institutionnelles puis militaires que l’UE a déjà su mener.

"Toutefois", a continué le Premier ministre, "il est évident que de nouveaux progrès sont nécessaires et que de nouvelles perspectives doivent être dégagées". Aux dires de Jean-Claude Juncker, la CIG serait l’enceinte où ces progrès et perspectives devraient être réalisés. Il serait également nécessaire de clarifier tout ce qui relève de la défense européenne.

La politique européenne en matière de défense ne se fait pas par le seul recours à la force, releva encore Jean-Claude Juncker. "Il est évident que, dans une société moderne, la maîtrise de la crise passe d’abord par les moyens civils, ensuite par les moyens militaires", remarqua-t-il à ce sujet.

Au sujet du futur ministre des Affaires étrangères de l’Union européenne, le Premier ministre Juncker a noté que celui-ci sera d’abord une instance de prévention et d’analyse, "un acteur proactif de la stabilité et de la sécurité".

Dans son discours devant l’Assemblée de l’UEO, le Premier ministre a également salué l’initiative récente de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne en matière de défense. Il a insisté dans ce contexte sur le fait que la stratégie européenne de la défense figure dans le texte de la future Constitution européenne, de même que les modalités de mise en œuvre de cette stratégie. "L’intégration politique européenne restera inachevée tant qu’elle n’incorporera pas les éléments de sécurité", souligna Jean-Claude Juncker.

"Je veux que cette coopération structurée en matière de défense fasse partie non seulement de la Constitution, mais de l’UE elle-même", dit le Premier ministre luxembourgeois. De plus, "cette coopération doit être inclusive et ouverte". "En matière de politique extérieure et de défense, l’Europe n’est qu’au début de ses ambitions", a terminé Jean-Claude Juncker à ce sujet.

Concernant les relations avec les Etats-Unis d’Amérique, le chef du gouvernement a noté dans son discours qu’il voyait "parfois avec inquiétude, parfois avec amusement" que l’on considère la tentative d’émancipation militaire de l’Europe comme un essai de "putsch" envers les Etats-Unis. "Les Etats-Unis doivent rester l’allié privilégié de l’Europe lorsqu’il s’agit de faire en sorte que la paix et la stabilité règnent partout", dit-il. "Ce à quoi l’Europe prétend c’est l’émancipation et la responsabilité continentale. (…) Le renforcement de la dimension européenne est bénéfique pour toutes les parties. Des deux côtés de l’Atlantique, nous partageons les mêmes ambitions. Il n’y pas lieu de créer des différends là où des similitudes existent", souligna le Premier ministre à ce sujet.

Dernière mise à jour