Renforcement significatif de la coopération dans les transports transfrontaliers: un protocole d’accord signé à Paris entre le Luxembourg et la France

Un protocole d’accord entre le gouvernement de la République française et le gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg relatif au renforcement de la coopération en matière de transports transfrontaliers a été signé en date du 20 mars 2018 entre Elisabeth Borne, ministre auprès du ministère d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire, chargée des Transports, et François Bausch, ministre du Développement durable et des Infrastructures.

Contexte

95.000 résidents français travaillent aujourd’hui au Luxembourg. Les estimations évaluent leur nombre à 135.000 en 2030.

En vue de mettre en œuvre une politique de transports répondant aux objectifs de développement durable, le gouvernement luxembourgeois met l’accent sur les transports alternatifs et durables, seuls à même d’assurer des solutions pérennes au flux croissant de travailleurs frontaliers.

Accord sur le domaine ferroviaire

Ainsi, afin de promouvoir le transport par rail, une nouvelle ligne Bettembourg – Luxembourg est en train d’être construite. Parallèlement, l’aménagement des nouveaux quais V et VI et la restructuration du plan des voies en gare de Luxembourg permettront d’augmenter notablement la capacité de la gare de Luxembourg. Ces aménagements seront complétés par le réaménagement de la gare de Bettembourg.

Sur le fondement de l’évolution des besoins de mobilité, des contextes horaires et des différents projets au Luxembourg et en France, une étude d’opportunité de l’augmentation de la capacité a été menée en commun sur l’axe Metz - Thionville - Luxembourg. Une dernière évolution majeure sur le sillon lorrain a été opérée le 28 août 2016 avec l’introduction du cadencement généralisé.

À l’horizon de réalisation 2022-2024, il est projeté de faire circuler des trains allongés (UM3), offrant ainsi une capacité totale d’environ 1.000 places assises par rame, par rapport à une offre de 333 (UM1) respectivement 666 (UM2) places offertes actuellement. Au Luxembourg, les travaux en cours portent sur la nouvelle ligne entre Luxembourg et Bettembourg, l’aménagement de deux nouveaux quais et la restructuration du plan de voies en gare de Luxembourg.

En France, les aménagements suivants devront être réalisés:

  • allongement des quais dans les principales gares françaises le nécessitant;
  • renforcement de l’alimentation électrique de la ligne en France de façon à pouvoir faire circuler l’ensemble des trains en UM3;
  • aménagement de deux parcs relais à proximité des gares de Thionville et Longwy, de capacités respectives d’environ 700 et 660 places.

À l’horizon 2028-2030, les aménagements suivants devront être réalisés:

  • optimisation du cantonnement de part et d’autre de la frontière, création de nouveaux points de changement de voie et interconnexion des installations de signalisation à la frontière;
  • suppression de passages à niveau entre Thionville et la frontière;
  • reprise du plan de voie de la gare de Thionville et aménagement des flux passagers;
  • aménagements nécessaires au bon écoulement du trafic fret par la réalisation d’une troisième voie (sas fret) de part et d’autre de la frontière franco-luxembourgeoise;
  • aménagements du nœud ferroviaire de Metz;
  • réalisation d’interventions complémentaires sur les infrastructures et gares existantes.

L’offre cible à l’horizon 2028-2030 permettra de faire circuler aux heures de pointe 10 trains par heure et par sens, soit 8 TER (maximum de 8.000 passagers par heure), 1 TGV et 1 train fret.

Cet objectif ambitieux permettra de multiplier par 2,5 le nombre d’usagers du TER.

Accord sur le domaine routier

En complément de la promotion du transport par rail et afin de promouvoir une mobilité sur route plus durable, les parties s’accordent pour favoriser l’usage des transports en commun routiers et la pratique du covoiturage sur l’axe Metz-Luxembourg des autoroutes A31 (côté français) et A3 (côté luxembourgeois) et notamment:

  • initier ou favoriser la mise en place de plateformes de covoiturage;
  • définir, financer et mettre en œuvre un programme de parkings de regroupement à destination des covoitureurs;
  • définir, financer et mettre en œuvre un programme de parc relais et de gares routières pour favoriser l’usage des transports en commun routiers transfrontaliers;
  • étudier, évaluer et mettre en œuvre, sur l’autoroute A31 (côté français) et avant son élargissement si nécessaire, la création d’une voie réservée aux transports en commun en lieu et place de la bande d’arrêt d’urgence existante, en concordance avec le projet de la mise à 2x3 voies de l’autoroute A3.

Le programme des parkings de regroupement pour le covoiturage, des parcs relais et gares routières, dont la maîtrise d’ouvrage a vocation à être portée par les collectivités territoriales, sera cofinancée par le Luxembourg à hauteur de 10.000.000 d'euros au maximum.

Côté luxembourgeois, la loi concernant le financement de l'élargissement à deux fois trois voies de l'autoroute A3 et l’aménagement d’une bande d’arrêt d’urgence (BAU) renforcée entre la croix de Gasperich et la frontière française a été voté le 15 décembre 2017. Ce projet vise l’aménagement d’une voie de priorisation aux bus respectivement au covoiturage et sera réalisé sur la période 2019-2025.

En plus, le Luxembourg évaluera le besoin de la mise en place de nouveaux services transfrontaliers par transport en commun routier vers les parkings relais prévus en France en complément des services actuellement en place et qui sont entièrement financés par le Luxembourg à raison de 13.000.000 d'euros par an.

Dans ce contexte, il y a lieu de rappeler que le Grand-Duché du Luxembourg mettra en place une solution de mobilité efficace, grâce à un portail de covoiturage nommé CoPilote (avec une application pour smartphone dédiée) qui verra le jour pour les résidents et les travailleurs frontaliers du Grand-Duché en avril 2018. L’objectif est d’augmenter sensiblement le taux d’occupation des voitures pour les trajets domicile-travail. Celui-ci s’élève à l’heure actuelle à seulement 1,2 personne par voiture ce qui résulte chaque matin en 250.000 sièges automobiles vides en direction de l’agglomération de Luxembourg-Ville.

Ceci permettra d’augmenter sensiblement le taux d’occupation des voitures individuelles et de créer ainsi de nouvelles capacités de transport sur la route.

Effets positifs sur la mobilité et la qualité de vie

Toutes les mesures précitées dans le domaine ferroviaire, dans le transport en commun routier et en terme de covoiturage permettront de développer l’offre de mobilité transfrontalière et créeront une incitation forte pour recourir aux transports alternatifs (rail, bus, covoiturage).

Elles permettent ainsi d’offrir aux frontaliers des temps de parcours avantageux ainsi que des capacités supplémentaires par rapport à la situation actuelle et de réduire de ce fait la congestion journalière sur nos routes.

Les réseaux primaires sont consolidés, décourageant les automobilistes à emprunter les "petits chemins" en empruntant le réseau secondaire (routes nationales, chemins repris, voire les chemins communaux). Ce sont alors également les localités avoisinantes qui profitent d’un gain de la qualité de vie et de l’urbanité.

Globalement, les aménagements sur le territoire français identifiés ci-avant font l’objet d’une contribution du Grand-Duché de Luxembourg jusqu’à concurrence d’un montant maximal de 120.000.000 d'euros, dont 110.000.000 euros pour le domaine ferroviaire et 10.000.000 d'euros pour la promotion d’une politique de mobilité durable, dans la perspective d’une contribution totale de la partie luxembourgeoise équivalente à 50% des coûts d’investissements en France.

"La réduction de trafic automobile qui résulte de tous ces investissements permet de délester de façon significative les espaces urbains et d’augmenter sensiblement la qualité de vie dans nos villes. Elle favorise aussi la compétitivité économique de notre pays", a précisé François Bausch.

Communiqué par le ministère du Développement durable et des Infrastructures

 

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