Intervention de Lydia Mutsch lors du débat public "Prévenir, protéger, vacciner: les enjeux de la vaccination"

La ministre de la Santé, Lydia Mutsch, a prononcé un discours lors du débat public "Prévenir, protéger, vacciner: les enjeux de la vaccination. Que fait l'Union européenne?" à la Maison de l'Europe dans le cadre de l'édition spéciale - Journée Portes ouvertes des institutions. Lors de son discours, la ministre a insisté, qu'il relève du devoir du ministère de la Santé, de redonner du crédit au discours scientifique autour des effets du vaccine et de lutter contre les fausses informations qui non seulement représentent un danger pour la santé des citoyens, mais qui mettent aussi en cause les investissements du gouvernement dans la prévention de maladies contagieuses. Car ces maladies peuvent être évitées !

©MSAN
(de g. à dr.) Dr Jürgen Rissland de l'Institut für virology (Universitätsklinik Saarland); Lydia Mutsch, ministre de la Santé; Yuriko Backes, chef de la Représentation UE Luxembourg et John F. Ryan, directeur DG Santé

 

Monsieur le Directeur,

Mesdames,

Messieurs,

Je tiens tout d’abord à remercier Mme Yuriko Backes et toute son équipe d’avoir organisé l’échange de ce jour autour d’un sujet qui nous tient tous à cœur: la vaccination et son rôle dans la lutte contre les maladies contagieuses, vue à la fois sous l’angle de l’Union européenne et sous un angle national.

Cette conférence tombe à pic à quelques jours seulement du lancement de la semaine européenne et mondiale de la vaccination (23-29 avril); cette initiative annuelle, qui vise à faire prendre conscience de l’importance de la vaccination pour la santé de tous.

Je suis contente de pouvoir contribuer à cet exercice annuel par ma présence à la Maison de l’Europe aujourd’hui.

J’aimerais profiter de notre rencontre pour témoigner de mon appui politique en faveur de la vaccination et d’insister sur les messages suivants :

1.     L’importance d’une couverture vaccinale élevée ;

2.     L’importance d’activités de sensibilisation et de communication ciblées, afin de lutter contre les idées reçues et les fausses informations.

Je sais que le sujet vous occupe tous et c’est la raison pour laquelle j’aimerais également profiter de cette conférence pour entendre vos avis sur la question et répondre à d’éventuelles questions relatives à la vaccination qui vous trottent dans la tête.

Permettez-moi d’insister tout d’abord sur un point crucial : le sujet qui nous rassemble aujourd’hui est une question sanitaire de première importance, ceci d’autant plus qu’on fait aujourd’hui face à un phénomène croissant d’effritement des politiques vaccinales, de méfiance et de fausses informations véhiculées à une vitesse étourdissante par les réseaux sociaux – également au Luxembourg.

Efficacité démontrée – Les vaccins : ça marche !

En tant que ministre de la santé, il relève de mon devoir de redonner du crédit au discours scientifique autour des effets du vaccin.

Il relève également de mon devoir de lutter contre les fausses informations qui non seulement représentent un danger pour la santé des citoyens, mais qui mettent aussi en cause les investissements du gouvernement dans la prévention de maladies contagieuses.

Car ces maladies peuvent être évitées ! Faisons donc tout ce qui est possible pour qu’elles puissent l’être pour de vrai.

1.     L’importance d’une couverture vaccinale élevée :

Le monde scientifique est unanime : les vaccins sont le moyen le plus efficace et peu coûteux de se protéger de manière durable contre certaines maladies infectieuses graves, des maladies évitables, potentiellement invalidantes, et parfois même mortelles…

Depuis l’invention de la vaccination, la santé des populations s’est sensiblement améliorée et l’espérance de vie a considérablement augmenté partout dans le monde.

L’efficacité et l’innocuité des vaccins - et ce à faible coût ! -  sont très largement démontrées : la variole a été éradiquée de la planète. La poliomyélite a disparu d’Europe occidentale, et plusieurs maladies, comme la diphtérie et le tétanos, ont quasiment disparu de notre pays.

Cependant, d’autres maladies pour lesquelles il existe un vaccin, comme la rougeole, la rubéole et les oreillons, subsistent malheureusement toujours.

La situation au Luxembourg

Au Luxembourg, heureusement, nous n’avons pas eu de cas de rubéole ces dernières années. Par contre nous avons eu 1 cas de rougeole en 2016 et 4 cas en 2017, dont 3 étaient importés et déclarés auprès de personnes non vaccinées.

C’est la raison pour laquelle je ne cesse de souligner que, pour continuer à se protéger contre ces maladies et afin d’éviter qu’elles ne réapparaissent, il est important de se faire vacciner et de garder la couverture vaccinale à un niveau élevé.

La vaccination sauve des vies !

Qu’en est-il du taux de couverture vaccinale au Luxembourg ?

La couverture vaccinale des enfants résidents au Luxembourg est évaluée tous les 5 ans grâce à une enquête vaccinale nationale représentative, effectuée auprès des enfants âgés de 25 à 30 mois.

Le programme luxembourgeois de vaccination se base sur les recommandations du Conseil Supérieur des Maladies Infectieuses selon lesquelles la Direction de la santé établit un calendrier vaccinal communiqué au corps médical.

L’une des pierres angulaires permettant la réussite avérée de ce programme vaccinal, est la gratuité des vaccins recommandés. De plus, le système d’allocation de naissance prévoit 2 visites postnatales et 4 autres visites dans les 24 premiers mois de vie, qui sont autant d’opportunités vaccinales. Les médecins pédiatres assurent la très grande part des vaccinations des nourrissons et des enfants de bas âge.

Durant la période de scolarité, la médecine scolaire soutient le programme vaccinal en recommandant les rappels vaccinaux en accord avec les recommandations nationales, administrés en règle générale par les médecins généralistes.

De plus, depuis 2012, la Direction de la santé procède au contrôle médical des primo-arrivants permettant à tout âge le rattrapage selon les recommandations luxembourgeoises des vaccinations non administrées dans le pays d’origine.

Le Conseil supérieur des maladies infectieuses recommande également la vaccination contre le pneumocoque à des populations à risque et des personnes âgées de 65 ans et plus, et ce depuis 2015.

De même, il existe un programme conjoint (Minsan/CNS) de vaccination contre la grippe saisonnière qui offre de vacciner gratuitement les personnes âgées de plus de 60 ans, les personnes à risque et les femmes enceintes.

Depuis 2008, nous avons également introduit un programme conjoint (Minsan/CNS) de vaccination des jeunes filles contre le Human Papilloma Virus (HPV), qui est responsable de 70% des cancers du col de l’utérus. Le vaccin est offert gratuitement, et sur invitation personnelle à toutes nos jeunes filles avant leur 12e anniversaire, donc avant la période des premières relations sexuelles.

Même si les résultats des enquêtes vaccinales ont été, jusqu’à ce jour, très satisfaisants - ce qui prouve que la grande majorité des parents fait confiance au programme de vaccinations national – il convient de rester vigilant.

En effet, la dernière enquête de 2012 (publication en 2014) a montré que la couverture vaccinale RORV (rougeole, oreillons, rubéole et varicelle), avec 82,3% d’enfants ayant reçu deux doses du vaccin combiné, est inférieure au seuil critique de 95% pour assurer une protection collective durable. L’enquête 2018 est en cours.

On n’a qu’à se rappeler les poches épidémiques ayant sévi récemment en Allemagne et en Alsace, pour nous rendre compte à quel point ce système demeure fragile.

Risques d’une diminution de la couverture vaccinale

Le maintien d’une couverture vaccinale élevée est également important pour empêcher la propagation de maladies infectieuses importées d’autres pays, où ces maladies ne sont pas encore éradiquées.

Une diminution de la couverture vaccinale permet l’augmentation du portage de certaines bactéries et leur circulation, ce qui expose les plus fragiles à un risque accru d’infection. Ce risque augmente encore lorsque l’enfant appartient à une communauté ou un groupe, où personne n’est vacciné pour des raisons idéologiques.

Si le pourcentage de personnes vaccinées diminue, certaines maladies, qui ne sont plus apparues depuis des années au Luxembourg, peuvent réapparaître. De nombreux exemples survenus chez nos voisins, le confirment. Par exemple, récemment, en Europe de l’Est, la polio est réapparue, parce que certains groupes de population sont insuffisamment vaccinés.

Des foyers de diphtérie sévissent également dans ces régions, et la rougeole continue à faire des victimes chez nos voisins, dans des communautés réfractaires à la vaccination.

2.     L’importance d’activités de sensibilisation et de communication ciblées, afin de lutter contre les idées reçues et les fausses informations.

Il convient également d’aller à l’encontre de préjugés et d’idées reçues.

En effet, les études scientifiques menées sur les vaccins jusqu’à ce jour ne montrent pas d’augmentation du risque de développer des maladies graves après avoir été vacciné.

En effet, des millions de personnes sont vaccinées chaque année dans le monde sans développer de complications particulières.

Il est vrai, le vaccin est un médicament, et comme chaque médicament, il peut avoir des effets secondaires ou indésirables (fièvre, nausées, un érythème ou un gonflement local). Mais ces effets éventuels sont beaucoup moins importants que ceux que peuvent causer la maladie contre laquelle le vaccin protège.

Par contre, il faut que tout un chacun comprenne que ceux qui font circuler de fausses informations font hésiter des familles et que, si ces familles perdent un enfant de méningite faute de l’avoir vacciné, elles ne peuvent pas se retourner contre les personnes à l’origine de ces fausses informations.

Vu l’enjeu en cause, il est essentiel de lutter au quotidien contre la diffusion de fausses informations concernant la vaccination, car elles peuvent coûter des vies !

Ainsi, je me félicite du thème choisi pour l’édition 2018 de la semaine européenne de vaccination, à savoir "la vaccination en tant que droit individuel et responsabilité partagée", tout comme je salue le thème de la semaine mondiale de vaccination "Protégeons ensemble, les vaccins ça marche !"

Dans les deux cas, le message est clair :

1.     Toute personne mérite en effet d’être vaccinée et partage la responsabilité sociale de protéger ceux qui ne peuvent se protéger eux-mêmes !

2.     L’accent doit être mis sur la nécessité d’agir collectivement pour que chacun soit protégé des maladies à prévention vaccinale !

La semaine européenne et mondiale de la vaccination est un moment fort en termes de communication et d’action en direction du public mais aussi des professionnels de santé pour mieux faire connaître les enjeux de la vaccination.

Cette initiative présente l’avantage d’aider les autorités nationales à élever le sujet de la vaccination au niveau de priorité nationale et internationale, et de mieux faire accepter les mesures nationales en matière de vaccination.

De même, je salue les efforts réguliers de la Commission européenne visant à améliorer le taux de vaccination en Europe.

À titre d’exemple, je citerai :

-         Les conclusions du Conseil de l’Union européenne de 2011 reconnaissant la nécessité de renforcer la vaccination infantile dans toute l’Europe.

-         Les Recommandations du Conseil de 2009 relatives à la vaccination contre la grippe saisonnière. 

Tous ces textes contiennent une guidance extrêmement utile pour nos autorités publiques.

Le Luxembourg attend également avec grand intérêt la future Communication de la Commission sur la coopération renforcée contre les maladies à prévention vaccinale, qui – si je suis bien renseignée – devrait être présentée dans les jours à venir.

Je suis certaine que ce document contribuera à une meilleure coordination entre États membres et leur permettra à mieux s’outiller contre le phénomène de "l’hésitation vaccinale". 

Car nous avons besoin d’un agenda commun, en provenance de l’Europe, pour promouvoir la vaccination et l’innovation dans ce domaine.

Je souhaite aussi souligner la grande valeur ajoutée des actions concertées entre la Commission et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies transmissibles (ECDC) visant à aider les pays membres à :

-         prendre les bonnes décisions en cas d’épidémie de maladies à prévention vaccinale,

-         ou bien, à financer des projets sur la vaccination

-         ou encore à fournir des informations objectives et fiables aux professionnels de santé, comme les rapports européens d’évaluation du taux de couverture.

La campagne de sensibilisation "La vaccination, une victoire pour la vie !"

Le ministère de la Santé luxembourgeois participera cette année, comme d’ailleurs chaque année, à la semaine européenne de la vaccination par le biais d’une campagne de sensibilisation qui, cette année, s’intitule "La vaccination, une victoire pour la vie !"

En effet, nous nous engageons en faveur d’une information objective, et pour la promotion de la vaccination en général. Trop de préjugés et de réticences persistent encore aujourd’hui sur l’efficacité et la sécurité des vaccins. Il est de notre devoir de rassurer et d’informer la population sur l’efficacité et la nécessité de la vaccination afin de combattre fermement les préjugés.

Ensemble, mettons l’accent sur les arguments qui combattent ces préjugés et les fausses opinions affirmant que les vaccins sont dangereux et faisons de nos actions, une victoire pour la vie !

Afin de faciliter notre communication, un envoi de matériel d’information (brochures et affiches) s’adressant aux médecins, personnels de santé, aux hôpitaux, pharmacies et communes, a été fait. Des mises à jour de publications concernant la vaccination ont été faites sur le site internet du ministère de la Santé (www.sante.lu), et des actions de communication ont été lancées sur les réseaux sociaux par le biais de posts sponsorisés et d’une vidéo animée.

Des vidéos-interviews donnant la parole aux experts en santé publique ainsi qu’aux médecins du terrain pour répondre aux questions et réticences les plus communes au sujet des vaccins ont également été réalisées. Ces vidéos seront diffusées tout au long de la semaine européenne de la vaccination. Entre autres, des annonces presse et des interviews paraitront dans divers journaux et magazines. Finalement, le ministère de la Santé a élaboré plusieurs outils pédagogiques, téléchargeables gratuitement, pour informer et sensibiliser la population à l’importance des vaccinations.

Mesdames,

Messieurs,

Avant de permettre à la Commission européenne d’élucider de manière plus détaillée les efforts au niveau européen dans le domaine de la vaccination, je voudrais répéter que je suis convaincue qu’il est indispensable d’élargir l’accès à la vaccination. L’Union européenne est un partenaire précieux pour que nous atteignions ensemble ce précieux objectif.

La vaccination systématique est un élément essentiel des soins de santé primaires et de la couverture sanitaire universelle. Elle permet à chaque enfant de prendre un bon départ dans la vie.

Pour finir, j’aimerais répéter qu’il n’est jamais trop tard pour se faire vacciner : les adultes peuvent aussi se faire vacciner, même s’ils n’ont jamais été vaccinés auparavant. 

Je vous remercie de votre attention !  

Communiqué par le ministère de la Santé

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