Déclaration de Jean Asselborn appelant la Turquie à cesser son action militaire unilatérale dans le nord-est de la Syrie

Le Luxembourg condamne l'opération militaire turque dans le nord-est de la Syrie et réaffirme qu'il ne saurait y avoir de solution durable au conflit syrien par des moyens militaires.

Comme ses partenaires de l'Union européenne, le Luxembourg appelle à la Turquie à cesser son action militaire unilatérale. La reprise des hostilités armées dans le nord-est du pays compromet encore davantage la stabilité de l'ensemble de la région, aggrave les souffrances des civils et provoque de nouveaux déplacements. Les chances que le processus politique mené sous l'égide des Nations unies puisse permettre d'instaurer la paix en Syrie s'en trouveront compromises.

L'action unilatérale de la Turquie menace les progrès réalisés par la coalition internationale de lutte contre Daech, dont la Turquie est membre.

De fait, l'action militaire met en péril la sécurité des partenaires locaux de la coalition, en particulier des combattants kurdes des Forces démocratiques syriennes, et elle risque d'engendrer une instabilité prolongée dans le nord-est de la Syrie, en fournissant un terrain fertile à la résurgence de Daech, qui demeure une menace sérieuse pour la sécurité régionale, internationale et européenne. Il est impératif que les combattants terroristes soient détenus dans des lieux sécurisés afin de les empêcher de rejoindre les rangs de groupes terroristes.

Il est peu probable qu'une "zone de sécurité" dans le nord-est de la Syrie, telle que l'envisage la Turquie, satisfasse aux critères internationaux définis par le HCR en matière de retour des réfugiés. Nous maintenons notre position selon laquelle le retour des réfugiés et des personnes déplacées internes vers leurs lieux d'origine doit s'effectuer en toute sécurité et de manière volontaire et digne. Toute tentative d'opérer un changement démographique serait inacceptable. Nous n'apporterons pas d'aide à la stabilisation ou au développement dans les zones où les droits des populations locales sont bafoués.

Nous partageons l'objectif visant à mettre un terme à la violence, à vaincre le terrorisme et à promouvoir la stabilité en Syrie et dans l'ensemble de la région. La Turquie est un partenaire essentiel de l'Union européenne et un acteur extrêmement important dans la crise syrienne et dans la région, et nous félicitons ce pays pour le rôle important qu'il joue en tant que pays d'accueil des réfugiés syriens. Il convient de répondre aux préoccupations de la Turquie en matière de sécurité par les voies politique et diplomatique, et non par une action militaire, conformément au droit international humanitaire. Le Luxembourg continue d'exhorter toutes les parties à assurer la protection des civils ainsi qu'un accès humanitaire sans entraves, sûr et durable dans toute la Syrie.

Nous demeurons attachés à l'unité, à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'État syrien, qui ne peuvent être assurées qu'au moyen d'une véritable transition politique, conformément à la résolution 2254 du Conseil de sécurité des Nations unies et au communiqué de Genève de 2012, négociée par les parties syriennes dans le cadre du processus de Genève mené sous l'égide des Nations unies.

 

Communiqué par le ministère des Affaires étrangères et européennes

Dernière mise à jour