"Un Programme de stabilité et de croissance sous le signe d'une sortie de crise qui se dessine"

Pierre Gramegna présente le Programme de stabilité et de croissance 2021 et le Plan pour la reprise et la résilience

En date du 27 avril 2021, le ministre des Finances, Pierre Gramegna, a présenté en séance plénière à la Chambre des députés le Programme de stabilité et de croissance (PSC) 2021, ainsi que le Plan pour la relance et la résilience (PRR) du Luxembourg.

Compte tenu des perspectives économiques et budgétaire améliorées qui ressortent de la présentation, Pierre Gramegna commente: "Un an après l'éclatement de la crise sanitaire, je me réjouis de pouvoir placer ce Programme de stabilité et de croissance sous le signe d'une sortie de crise qui se dessine. L'économie luxembourgeoise a témoigné d'une grande résilience et le pays a pu faire face à cette crise bien mieux que la plupart de ses pairs européens. Cela confirme également le bien-fondé de la politique budgétaire des dernières années, axée sur des investissements qualitatifs, qui ont été maintenus à des niveaux élevés malgré la crise et donneront au pays l'élan nécessaire pour construire son avenir sur la transition écologique et numérique."

Des perspectives macroéconomiques améliorées, suite à une contraction du PIB de -1,3% seulement pour le Luxembourg en 2020

Le Luxembourg a clôturé l'année 2020 avec une contraction de son PIB réel de -1,3%, ce qui place le Grand-Duché parmi les pays de la zone euro et de l'UE dont l'impact de la crise a été le mieux maîtrisé. Cette contraction moins importante que prévu – le PSC 2020 tablait encore sur une contraction de -6,0% en 2020 – témoigne des fondamentaux solides de l'économie luxembourgeoise, celle-ci étant caractérisée par un tissu socio-économique résilient et diversifié qui a su s'adapter rapidement à la nouvelle situation, notamment à travers le recours généralisé au télétravail.

C'est la confirmation des choix politiques du gouvernement en matière sanitaire et au niveau socio-économique. Dès l'éclatement de la pandémie, de nombreuses mesures ont été mises en œuvre pour lutter contre la pandémie et afin d'en atténuer les répercussions économiques.

La situation budgétaire de départ très favorable dans laquelle se trouvait le Luxembourg en 2019 grâce à la politique prévoyante des gouvernements actuel et précédent a en effet permis de déployer tous les efforts nécessaires pour amortir l'impact économique de la crise.

Le volume total des paquets de mesures de soutien étatique se chiffre à environ 11 milliards, soit 18,6% du PIB estimé en 2020. Il s'agit de l'un des paquets parmi les plus généreux de l'Union européenne avec 4.928 euros en moyenne par habitant.

Parmi les mesures les plus importantes, on compte notamment:

  • L'extension du chômage partiel dans le contexte de crise COVID-19, ayant mené à des déboursements bruts excédant un milliard d'euros en faveur des salariés, ce qui correspond à 600 millions d'euros net environ;
  • Le versement de 348 millions d'euros au total en termes d'aides directes en faveur des entreprises;
  • Les reports de paiements d'impôts, de taxes et de cotisations sociales s'élevant à 618 millions d'euros;
  • Les investissements supplémentaires de l'ordre de 231 millions d'euros dans le renforcement du système sanitaire;
  • La mise à disposition de garanties étatiques pour prêts bancaires COVID-19 à hauteur de 175 millions d'euros.

Malgré la pandémie, les investissements publics ont atteint un nouveau niveau record en 2020 et s'élèvent au total à 3.231 millions d'euros. Pour l'année 2021, le niveau d'investissements est maintenu à un niveau élevé de 4,5% du PIB afin d'appuyer la sortie de crise et en vue de poursuivre les efforts en faveur d'une économie plus soutenable et plus résiliente.

Le Plan pour la relance et la résilience

Alors que les mesures inédites prises au niveau national par les États membres de l'UE ont eu un effet stabilisateur prononcé, une réponse commune au niveau européen a été incontournable pour soutenir la reprise de l'économie européenne.

Grâce aux 750 milliards euros du plan de relance européen dénommé "Next Generation EU" qui seront financés par l'émission exceptionnelle et temporaire d'une dette européenne commune et à l'aide de l'enveloppe de 1.074 milliards euros du Cadre financier pluriannuel 2021-2027, l'Union européenne dispose désormais de la capacité financière nécessaire pour affronter les défis posés par la double transition verte et numérique dans un contexte post-COVID-19.

Les 93,5 millions d'euros, auxquels le Luxembourg a droit dans le cadre de facilité pour la reprise et la résilience de l'Union européenne, se veulent complémentaires aux 2,9 milliards d'euros d'investissements prévus par le gouvernement pour la seule année 2021.

Pierre Gramegna commente: "Le Plan pour la reprise et la résilience luxembourgeois reflète parfaitement la vision européenne d'une reprise durable axée sur la double transition verte et digitale. Il contribuera davantage aux efforts déployés par ce gouvernement pour préparer le pays aux défis de demain, en posant les jalons pour une croissance toujours plus durable."

Le Plan du Luxembourg repose sur trois piliers, relevant les axes prioritaires du gouvernement, à savoir:

  • 1er pilier "Cohésion et résilience sociale";
  • 2e pilier "Transition verte";
  • 3e pilier "Digitalisation, Innovation et Gouvernance".

Chaque pilier est à son tour subdivisé en une ou plusieurs "composantes" au titre desquelles 20 projets de réformes ou d'investissements sont proposés et parmi lesquels il y a lieu de citer:

  • Les initiatives "FutureSkills" et "Digital Skills" visant à renforcer et diversifier les compétences professionnelles des demandeurs d'emploi et des salariés en chômage partiel, en mettant un accent particulier sur le développement des compétences numériques.
  • L'accroissement de l'offre de logements publics abordables et durables par l'assainissement et la revalorisation des anciennes friches industrielles "Neischmelz" à Dudelange.
  • La décarbonation du transport à travers la mise en œuvre d'un régime d'aide pour bornes de recharge visant les personnes morales.
  • Le développement de services publics numériques de qualité ainsi que le développement d'un nouvel écosystème par la mise en place d'une infrastructure de communication ultra-sécurisée basée sur la technologie quantique.

La part des investissements contribuant aux efforts dans la lutte contre le changement climatique s'élève à 61%, soit largement plus que le seuil de 37% requis par la règlementation applicable.

Quant aux investissements numériques, 32% de l'enveloppe totale à laquelle le Luxembourg a droit y est dédié, le seuil minimal requis étant de 20%.

Un retour graduel à des finances publiques saines et équilibrées

Le développement moins négatif qu'attendu de l'économie s'est également reflété dans les finances publiques. Le déficit de -2.620 millions d'euros désormais enregistré pour 2020 constitue en effet une amélioration considérable par rapport au PSC de 2020 dans lequel le déficit était supposé atteindre -5.024 millions d'euros.

Cette évolution favorable est largement portée par l'évolution de l'administration centrale dont le solde s'élève à -3.338 millions d'euros au lieu des -4.933 millions annoncés l'année dernière, grâce à des recettes publiques résilientes et compte tenu des mesures de soutien ciblées mises en œuvre tout au long de l'année.

L'exercice budgétaire 2021 confirme cette tendance à l'amélioration. Au courant du premier trimestre de 2021, un effet ciseau positif entre les dépenses et les recettes budgétaires s'est d'ores et déjà manifesté et le solde de l'administration centrale est passé au vert. Ceci n'est certes qu'un résultat intermédiaire, mais il est encourageant.

Compte tenu des évolutions récentes, le solde des administrations publiques est estimé se chiffrer à -1.359 millions d'euros en 2021, ce qui correspond à -2,0% du PIB. En cette deuxième année de crise, le Luxembourg passerait à nouveau sous la barre des 3% du PIB prévus par les traités européens. L'amélioration trouve son origine à nouveau dans l'administration centrale qui verrait son solde grimper à -2.095 millions, alors que le budget 2021 adopté en décembre 2020 tablait encore sur un déficit de -2.702 millions.

Quant à l'évolution de la dette publique, on constate que fin 2019, la dette publique du Luxembourg s'était établie à 22,0% du PIB ou 1,7 point de pourcentage de moins que fin 2013, illustrant l'amélioration des finances publiques depuis l'entrée en fonction de la présente coalition.

La trajectoire positive a trouvé une fin momentanée avec la flambée pandémique de la COVID-19. En 2020, le gouvernement s'est ainsi vu contraint d'avoir recours aux marchés des capitaux pour se doter de coussins de liquidités additionnels pour déployer tous les moyens nécessaires dans la lutte contre les effets socio-économiques de la pandémie.

Le ratio d'endettement a finalement augmenté de 2,8 points de pourcentage en 2020 pour atteindre 24,9% du PIB en fin d'année. Le Luxembourg est toutefois le pays en Europe où la dette publique a le moins progressé. Selon les projections du PSC 2021, l'endettement public atteindra un pic 28,4% du PIB en 2023 avant d'entamer une trajectoire baissière d'ici 2025 pour aboutir à 27,6% du PIB.

Malgré les mesures de soutien conséquentes pour faire face à la crise, la dette publique se situe à tout moment en dessous du plafond de 30% du PIB prévu dans l'accord de coalition et le Luxembourg garde une marge importante par rapport à la valeur de référence européenne de 60% du PIB.

L'application des règles du Pacte de stabilité et de croissance dans un contexte de crise

Si le PSC 2020 se concentrait sur les seules années 2020 et 2021 et se présentait donc dans un format allégé à cause d'un contexte fortement marqué par l'éclatement de la crise sanitaire, le PSC 2021 reprend son format habituel et dresse un aperçu des perspectives économiques et budgétaires à moyen terme pour le Luxembourg sur les années 2021 à 2025.

Le PSC 2021 comprend dès lors une actualisation du solde structurel du Luxembourg sur toute la période d'horizon. En 2021, le solde structurel passe à -0,7% du PIB sous l'effet de l'amélioration du solde des administrations publiques et de la fermeture de l'écart de production. En 2022, le solde structurel passe à -0,3%, avant de retrouver un niveau proche de l'objectif budgétaire à moyen terme (OMT) de +0,5% à partir de l'année 2023, ce qui coïncide avec la réintroduction très probable des règles du Pacte de stabilité et de croissance. Celles-ci sont actuellement "entre parenthèses" suite à l'invocation de la clause dérogatoire échappatoire par la Commission européenne depuis mars 2020.

Le PSC du Luxembourg pour 2021 sera transmis à la Commission européenne, ensemble avec le PRR et le Programme national de réforme d'ici le 30 avril 2021.

Communiqué par le ministère des Finances

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