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Présentation de l'évolution de l'absentéisme pour cause de maladie des salariés en 2020 et début 2021
Lors d'une conférence de presse le 18 novembre 2021, Romain Schneider, ministre de la Sécurité sociale, a présenté les derniers chiffres sur l'évolution de l'absentéisme pour cause de maladie des salariés de l'année 2020 et des neuf premiers mois de l'année 2021.
Chaque année, l'Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS) propose un bilan couvrant les principaux aspects de l'absentéisme pour cause de maladie, dont une vue globale de la problématique, une déclinaison du taux d'absentéisme selon différentes caractéristiques individuelles, une analyse sectorielle, une analyse des raisons médicales des absences, une estimation du coût direct de l'absentéisme ainsi qu'un examen de la situation observée au cours des premiers mois de l'année en cours.
Le bilan de l'année 2020 montre que la crise sanitaire causée par la pandémie de COVID-19 a provoqué une augmentation inédite du taux d'absentéisme (nombre de jours d'absence rapporté au nombre de jours d'occupation) qui est passé de 3,88% en 2019 à 4,58% en 2020 (+17,8%). L'ampleur de cette augmentation se retrouve aussi bien dans l'évolution du taux de courte durée (absences de moins de 21 jours) que dans celle du taux de longue durée.
"Il résulte clairement de ce bilan que la pandémie de COVID-19 est le facteur principal d'une hausse de 18% du taux d'absentéisme", a commenté le ministre Romain Schneider.
Derrière cette augmentation de l'absentéisme se cachent cependant une multitude de facteurs qui ont agi dans des sens différents et qui rendent, de ce fait, la lecture des données particulièrement complexe. Parmi les principaux facteurs figurent ceux qui relèvent directement de la maladie induite par le coronavirus (mesures de quarantaine et d'isolement, symptômes de la maladie, gestes barrières, incertitudes sur l'évolution de la pandémie, etc.) ainsi que les mesures mises en œuvre par le gouvernement en vue de contrer la propagation du virus [mesures de chômage partiel, congé pour raisons familiales (CPRF) et généralisation du télétravail]. Bien que l'ampleur avec laquelle ces facteurs ont impacté l'absentéisme ne puisse être déterminée rigoureusement sans avoir recours à une analyse économétrique approfondie, le bilan propose une description de la manière dont ils ont pu agir.
Le bilan de l'IGSS met également en évidence le fait que l'augmentation du taux d'absentéisme constatée en 2020 résulte quasi exclusivement d'une hausse de la durée moyenne des épisodes d'absence (+28,9%) ce qui suggère que le rôle joué par les mesures de quarantaine et d'isolement, à travers les durées décrétées par les autorités de santé (jusqu'à 14 jours au début de la crise), a été majeur. La baisse du nombre de personnes absentes (-7,9%) est, quant à elle, à mettre au crédit des mesures mises en œuvre par le gouvernement pour lutter contre la propagation du virus et à l'effet qu'ont pu avoir les gestes barrières (port du masque, distanciation physique et lavage régulier des mains) sur la progression des maladies infectieuses et parasitaires (grippes, gastro-entérites, etc.).
Au niveau sectoriel, les indicateurs utilisés pour mesurer l'absentéisme affichent cette année encore une forte hétérogénéité qui s'explique par les conditions de travail et par la structure de la main-d'œuvre qui caractérisent chacun des secteurs d'activité ainsi que par le degré avec lequel chacun d'entre eux a été concerné par le chômage partiel, le CPRF ou encore le télétravail.
Ainsi, le taux d'absentéisme 2020 se situe entre 2,29% (Activités financières et d'assurance) et 6,15% (Santé humaine et action sociale). Par ailleurs, à l'exception des activités financières et d'assurance, dont le taux a diminué de près de 12%, tous les secteurs ont vu leur taux augmenter. La part des salariés absents au moins une fois en 2020 varie de 46% (Information et communication) à 75% (Santé humaine et action sociale). Le nombre moyen d'épisodes de maladie est, quant à lui, compris entre 2,30 (Activités financières et d'assurance) et 3,34 (Santé humaine et action sociale). La durée moyenne des absences se situe, quant à elle, entre 6,8 jours (Activités financières et d'assurance) et 13,0 jours (Transport).
Enfin, le coût direct de l'absentéisme, qui se compose du montant de la continuation de la rémunération en cas de maladie à charge des employeurs (13 premières semaines) ainsi que de la somme des indemnités pécuniaires versées par la Caisse nationale de santé (CNS), passe, entre 2019 et 2020, de 775,3 millions d'euros à 900,8 millions d'euros (+16,2%), représentant ainsi 3,1% de la rémunération totale des salariés.
En ce qui concerne l'année 2021, le taux d'absentéisme reste à un niveau élevé, mais toutefois bien en deçà des valeurs observées en mars-avril 2020. Sur les neuf premiers mois de l'année, le taux d'absentéisme s'est établi en moyenne à 4,22%. Il affiche ainsi une baisse de 3,5% par rapport au taux observé au cours des neuf premiers mois de l'année 2020 (4,38%), mais reste supérieur de 10,4% à celui observé sur la même période en 2019 (3,82%). Une analyse plus profonde sur les causes de cette augmentation aura lieu dans le bilan de l'année 2021.
Il est à noter que les chiffres de 2021 ne reposent pas sur le recul nécessaire des 3 mois, c'est pourquoi les données ne peuvent être considérées comme définitives. Or, les corrections attendues seront d'ampleur limitée et ne remettront pas en cause les tendances décrites ci-dessus.
Communiqué par l'Inspection générale de la sécurité sociale (IGSS) et le ministère de la Sécurité sociale