Ce matin, François Bausch, Vice-Premier ministre, ministre de la Mobilité et des Travaux publics, assisté par des membres de la direction générale des CFL, a informé la commission de la Mobilité et des Travaux publics sur l'état d'avancement des travaux au niveau de la nouvelle ligne ferroviaire Luxembourg-Bettembourg. Les députés ont été informés sur l'adaptation du planning qui a tenu compte de la décision du Groupe CFL de combiner les travaux de construction prévus à la mise en place d'un nouveau concept d'exploitation global.
Une nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg pour soutenir des activités en pleine croissance
Alors que le nombre de voyageurs est resté inchangé entre 1980 et 2005, une augmentation exponentielle a pu être observée à partir de 2005. L'augmentation de 85% du nombre de clients voyageurs entre 2003 et 2019 témoigne de l'attractivité de l'offre ferroviaire qui, ensemble avec une évolution particulièrement positive des activités fret, a fini par faire apparaitre les limites de capacités du réseau ferré luxembourgeois. Parmi les goulots d'étranglement identifiés figure entre autres le tronçon entre Luxembourg et Bettembourg, section fréquentée par des trains des lignes 60 (Luxembourg-Esch/Alzette-Rodange) et 90 (Luxembourg-Bettembourg-Thionville) ainsi que par des trains de marchandise.
Allier la construction de nouvelles capacités à un réseau capable d'en assurer l'exploitation optimale
Si la construction de la nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg offre bel et bien des capacités supplémentaires à des activités en pleine croissance, le fait d'en assurer l'exploitation optimale ainsi que l'intégration des nouvelles voies dans le réseau ferré existant est tout aussi important.
Pour relever, entre autres, les défis du manque de capacités et répondre non seulement à la demande existante, mais également à l'évolution future des besoins des clients des activités voyageurs et fret, la nouvelle stratégie d'entreprise du Groupe CFL formulée en 2015 a mené à la définition d'un concept d'exploitation national inédit, dont le projet d'extension de la gare de Luxembourg ainsi que la construction de la nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg sont les pièces maîtresses. La nouvelle stratégie, et le nouveau concept d'exploitation qui en découle, reposent sur des analyses approfondies des horaires et roulements prévus ainsi que sur des simulations de l'exploitation de l'entièreté des lignes, y compris de la nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg. Outre le besoin de la création de capacités supplémentaires, ces analyses ont démontré la nécessité de travaux d'adaptation au niveau du réseau national dans son entièreté, des travaux dont dépend la qualité de l'exploitation des nouvelles capacités, y compris ceux prévus par la création de la nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg.
Combiner les travaux de construction prévus à la mise en place d'un nouveau concept d'exploitation global
Ces travaux d'extension et d'adaptation, entre autres de la gare de Luxembourg, gare centrale du pays où convergent l'entièreté des lignes principales, permettront de séparer physiquement l'exploitation des différentes lignes de trains à l'intérieur de ces gares. La limitation des croisements entre les trains des différentes lignes lors de leur entrée ou sortie en gare permettra ainsi de réduire "l'effet domino", c.-à-.d. le report de retards des trains d'une ligne sur les trains d'une autre ligne. Un effet qui se manifeste surtout durant les heures de pointe dans des gares où plusieurs lignes sont simultanément exploitées.
La vision des CFL visant à promouvoir l'attractivité du transport public et plus particulièrement du rail, repose sur la combinaison de la création de nouvelles capacités, de l'adaptation du réseau ferré au niveau de ses gares principales du sillon nord-sud (Ettelbruck, Mersch, Luxembourg, Howald, Bettembourg, Rodange) transformées en véritables pôles d'échange, ainsi que de l'augmentation conséquente du nombre de places assises (+46% à l'horizon 2026). Cette vision a été intégralement reprise dans la stratégie Modu 2.0 qui vise à promouvoir le report modal en faveur du transport public, dont le rail constitue l'épine dorsale proclamée.
Toutefois, la mise en place de cette nouvelle stratégie, créée en aval et en complément au projet de mise en œuvre initial de la nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg nécessite la mise en place de projets non prévus, dont l'extension, voire l'adaptation de la gare de Luxembourg.
Travaux d'extension et d'adaptation de la gare de Luxembourg (jusqu'en 2026)
Pour être capable d'exploiter de manière optimale les deux voies de la nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg, les travaux au niveau de la gare de Luxembourg devront être complétés avant que le raccord des voies de la nouvelle ligne puisse avoir lieu. À cet effet, des travaux au niveau de la partie sud de la gare devront être poursuivis progressivement jusqu'en 2026. À la fin des travaux, chaque ligne entrant/sortant en/de la gare de Luxembourg disposera d'une voie dédiée permettant ainsi de limiter le report de retards de trains d'une ligne sur les trains d'une autre ligne. Les travaux d'adaptation nécessaires ont été effectués au niveau de la partie nord en 2021. Les travaux d'adaptation nécessaires au niveau de la partie sud de la gare, y inclus les travaux au niveau du triage, seront effectués progressivement à partir de 2022 et jusqu'en 2026.
Mise en place du projet Howald phase II (jusqu'en 2026)
Dans le contexte du futur raccord des voies de la nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg à la gare de Luxembourg, la construction d'un quai et de deux voies supplémentaires dans la gare de Howald sera nécessaire pour optimiser les flux des trains en direction ou en provenance de la gare de Luxembourg. Pour limiter les croisements des trains des lignes 90 et 60 avant leur entrée en gare de Luxembourg, ces trains devront déjà être exploités de manière indépendante au niveau de la gare de Howald, avant même d'entrer en gare de Luxembourg. Le raccord des voies de la nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg à la gare de Luxembourg via le triage de la gare de Luxembourg est prévu pour fin 2026.
Un nouveau poste directeur innovant pour le raccord de la nouvelle ligne en gare de Bettembourg
Pour permettre de connecter les nouvelles infrastructures en lien avec la nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg à la gare de Bettembourg, les CFL ont décidé d'outiller ce tronçon particulièrement stratégique d'un poste directeur au concept innovateur et des plus modernes. Aligné au projet pilote d'un poste directeur actuellement mis en place sur la ligne du Nord et dépendant des premières expériences avec la nouvelle technologie, ce nouveau type de poste directeur offrira de nombreux avantages, dont celui de la gestion centralisée des éléments en relation avec le système ETCS à partir du poste directeur lui-même. La mise en service du nouveau poste directeur de Bettembourg est prévue pour fin 2026.
Travaux de construction nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg: avancement des travaux
Également au niveau des travaux de construction de la nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg même, des avancements conséquents ont pu être effectués. L'entièreté des travaux préparatoires, comme p.ex. les travaux de débroussaillage, le déplacement d'une ligne haute tension (220 kV) ainsi que des fouilles archéologiques ont été réalisés. En termes de génie civil, quatre des huit ouvrages d'art le long de la nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg ont été réalisés. Deux des autres ouvrages restants sont en cours de réalisation. Parmi ceux-ci se trouve l'ouvrage d'art 14 qui se dresse actuellement le long de l'autoroute A3 et qui à la fin des travaux figurera parmi les plus grands ponts ferroviaires du type "bow-string" en Europe. Parallèlement les travaux au niveau plateforme des voies ont pu avancer sur une grande partie du tracé de la nouvelle ligne ferroviaire entre Luxembourg et Bettembourg.
Les facteurs impactant le planning prévu
La décision stratégique d'intégrer le projet de la nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg dans le nouveau concept d'exploitation national, qui nécessite la réalisation des travaux d'envergure précités, est principalement à l'origine de l'adaptation du planning de mise en œuvre du projet de la ligne Luxembourg-Bettembourg. Cependant d'autres éléments en dehors du périmètre d'influence des CFL impactent également le planning de mise en œuvre du projet. Parmi ces éléments figure l'acquisition de plus de 300 emprises qui n'a pu être achevée qu'au mois de juin 2021, retardant ainsi le début des travaux de construction notamment sur un tronçon respectif. À cela s'ajoutent des éléments non prévus dans le planning, p.ex. la construction d'un passage faune dans le cadre de la réalisation des mesures de compensation ou le besoin de revoir intégralement le concept de l'ouvrage d'art 14 suite aux changements du cadre réglementaire relatif à la sécurité sur les autoroutes en cours de projet. Vient s'ajouter à ces faits, la pandémie de la COVID-19 qui, avec la pénurie des matériaux et d'autres conséquences qui en découlent, impacte le projet de construction de la nouvelle ligne Luxembourg-Bettembourg.
François Bausch: "Je tiens à féliciter les CFL pour les travaux déjà accomplis et ceux à venir. Au vu de la complexité du projet, la construction de la ligne et des gares y relatives vaut égale à une opération à cœur ouvert du réseau ferroviaire luxembourgeois. L'acquisition de 300 parcelles a été nécessaire pour la réalisation de ce projet. Une fois la ligne terminée en 2026, le rail au Luxembourg connaîtra un saut de qualité énorme."
Marc Wengler: "Avec notre stratégie formulée en 2015 et revue en 2021 et la décision d'aller au-delà de la 'simple' construction de nouvelles voies et en direction d'un concept d'exploitation global misant sur des pôles d'échange modernes et un réseau adapté qui ne permet non seulement d'augmenter l'offre adressée à nos clients mais également d'améliorer la qualité des services offerts, nous avons relevé le défi. Je tiens à remercier chaque collaboratrice et chaque collaborateur sans lesquels cette phase intense de transformation profonde ne pourrait avoir lieu."
Communiqué par le ministère de la Mobilité et des Travaux publics et la Société nationale des chemins de fer luxembourgeois (CFL)