"La prudence et la rigueur restent de mise dans la gestion de nos finances publiques"

Yuriko Backes présente la situation des finances publiques au 30 juin 2022

Le 18 juillet 2022, lors d'une réunion conjointe de la commission des Finances et du Budget et de la commission du Contrôle de l'exécution budgétaire de la Chambre des députés, la ministre des Finances, Yuriko Backes, a présenté la situation financière de l'État au 30 juin 2022. 

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Yuriko Backes présente la situation des finances publiques au 30 juin 2022

Yuriko Backes a commenté à cette occasion: "La situation financière de l'État à la fin du premier semestre de cette année est moins grave que l'on aurait pu craindre il y a encore quelque mois, avec des recettes qui affichent une certaine progression, des dépenses globalement stables et un solde qui demeure à l'heure actuelle positif. Ce résultat à mi-chemin de l'année 2022 m'inspire confiance quant à la résilience de nos finances publiques, mais il est à nuancer à deux égards: les recettes progressent beaucoup moins rapidement qu'en 2021 et des dépenses importantes sont attendues dans les prochains mois, et ce dans un contexte économique moins porteur, marqué par des tensions inflationnistes importantes."

Les recettes perçues par les administrations fiscales se chiffrent au 30 juin 2022 à un total de 10,3 milliards d'euros, soit une progression de +10,3% par rapport à l'année précédente, et elles représentent 53,7% des recettes du budget voté. Malgré cette évolution positive, les recettes augmentent toutefois plus lentement que l'année dernière, puisqu'au 30 juin 2021 la progression était encore de +24,4% et les recettes encaissées représentaient à l'époque 56,4% du budget voté. Les recettes totales de l'Administration centrale se chiffrent en outre à 12,2 milliards d'euros au 30 juin 2022.

Quant au détail des recettes fiscales, la progression précitée est surtout expliquée par l'impôt retenu sur les traitements et salaires (RTS) dont les recettes augmentent de 445 millions d'euros ou +18,1%, grâce notamment à un marché du travail dynamique et l'effet cumulé des deux indexations de salaires intervenues en octobre 2021 et avril 2022. La tendance positive devrait être largement réduite au cours du second semestre suite à l'entrée en vigueur du crédit d'impôt énergie (CIE) à partir du 1er juillet 2022, diminuant significativement les rentrées fiscales au titre de la RTS.

Quant aux impôts indirects, les recettes au titre de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sont en hausse de 206 millions d'euros ou +9,1% en comparaison annuelle. En dépit de la forte variation des prix, l'augmentation des rentrées dues à la TVA se situe aux alentours des valeurs observées historiquement. Les recettes d'accises sur le carburant (essence et diesel) demeurent globalement stables par rapport à l'année précédente. La tendance décroissante au niveau des ventes de diesel se poursuit en même temps, les quantités vendues jusqu'au 30 juin 2022 connaissant une baisse de -3,3% en comparaison annuelle. En comparaison à l'année 2019, une réduction de -24,9% peut même être constatée, ce qui confirme l'efficacité de la taxe CO2, introduite à partir de 2021 pour réduire progressivement l'empreinte environnementale liée à la vente de carburants.

Les dépenses de l'Administration centrale se sont chiffrées au 30 juin 2022 à 11,1 milliards d'euros, soit une légère progression de +1,9% ou 203 millions d'euros. Cette stabilité relative des dépenses en comparaison annuelle s'explique notamment par la dissipation progressive des dépenses liées aux aides COVID-19. En faisant abstraction de ces dernières, les investissements publics évoluent au même niveau qu'en 2021 et atteignent quelque 1,2 milliard d'euros au cours du premier semestre de l'année 2022, soulignant ainsi le maintien d'une politique d'investissement soutenue et orientée vers les défis de l'avenir. Les dépenses au titre de la consommation intermédiaire, c.-à-d. des frais de fonctionnement de l'État, augmentent de 66 millions d'euros (+8,1%) et les dépenses de rémunération progressent de 245 millions d'euros (+9,8%).

La tendance à la hausse au niveau des dépenses totales devrait s'accentuer au cours des mois à venir en raison de plusieurs éléments. À l'instar des recettes, le décalage de certains paiements risque de fausser quelque peu l'image constatée au 30 juin et leur exécution attendue au cours du deuxième semestre fera augmenter la progression des dépenses. De surcroît, les pressions inflationnistes sur les prix, la mise en œuvre des mesures décidées dans le contexte du "Solidaritéitspak" et du "Energiedësch" et de certaines aides toujours en place dans le contexte COVID-19, ainsi que l'exécution des investissements prévus sur le restant de l'année vont exercer une pression continue sur les dépenses au cours des mois à venir.

L'évolution positive des recettes couplée à des dépenses globalement stables mène actuellement à une situation excédentaire à la fin du premier semestre de l'année 2022, le solde se chiffrant à +1,1 milliard d'euros selon les règles SEC (+209,1 millions d'euros selon les règles de la comptabilité nationale). Or, en raison de la dégradation de l'environnement macroéconomique dans le contexte de la guerre en Ukraine, les organisations internationales ont été amenées à revoir à la baisse les prévisions de croissance et les incertitudes demeurent très élevées à l'heure actuelle, comme en témoigne aussi la volatilité accrue des marchés financiers. Ensemble avec le coût des mesures gouvernementales et un certain nombre de facteurs techniques énumérés ci-avant, il faut donc s'attendre à une dégradation considérable du solde de l'Administration centrale dans les mois à venir. Une estimation actualisée du déficit annuel sera exposée à l'occasion du projet de budget de l'État pour 2023, dont la présentation à la Chambre des députés aura lieu le 12 octobre 2022.

En conclusion, la ministre des Finances, Yuriko Backes, commente: "Au vu de la situation globale toujours aussi tendue et volatile, la détérioration continue de la conjoncture internationale, l'inflation élevée et le contexte géopolitique incertain constituent des défis de taille pour nos finances publiques. Au regard de ces éléments, il faut s'attendre à une dégradation de la situation financière de l'État sur les mois à venir. Si la prudence et la rigueur restent donc de mise, je ne me réjouis pas moins que l'évolution actuelle se présente moins grave que prévue à l'occasion du Programme de stabilité et de croissance 2022, ce qui nous permet d'envisager des allègements ciblés de la charge fiscale de ceux qui en ont le plus besoin, en ligne avec mon engagement pris lors du débat à la Chambre des députés en date du 14 juillet dernier. En tout état de cause, je continuerai à veiller à une gestion responsable et prévoyante de nos finances publiques, surtout en vue de la préparation du projet de budget pour 2023. "

Communiqué par le ministère des Finances

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