Yuriko Backes a présenté l’évolution de l’effort de défense: 2% en 2030

Le 12 juin 2024, la ministre de la Défense, Yuriko Backes, a présenté aux commissions compétentes de la Chambre des députés l’évolution de l’effort de défense luxembourgeois pour atteindre 2% du revenu national brut en matière de dépenses en 2030. Ceci correspond, selon les estimations actuelles, à une augmentation de 696 millions euros en 2024 à environ 1,464 milliard euros en 2030.

©MAE (de g. à dr.) n.c. ; Guy Arendt, président de la commision de la Défense ; Yuriko Backes, ministre de la Défense
(de g. à dr.) n.c. ; Guy Arendt, président de la commision de la Défense ; Yuriko Backes, ministre de la Défense

"Ce plan est un investissement dans notre défense et notre sécurité, il est le garant de la solidarité et de la crédibilité de notre contribution à l'effort collectif. Il fixe le cadre du développement de la défense jusqu'à la fin de la décennie, et au-delà", a souligné la ministre Backes, en ajoutant: "Dans un monde en proie à des tensions croissantes, qui remettent en cause l'ordre multilatéral, et surtout face à l'agression russe contre l'Ukraine, qui constitue une menace sans précédent pour la sécurité et la stabilité européennes depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la nécessité de redynamiser la capacité de dissuasion et de défense de l'OTAN et au sein de l'Union européenne est devenue une priorité."

Ce renforcement de la posture de l'Alliance et la mise en œuvre des plans de dissuasion et de défense collectives demandent une augmentation des investissements des Alliés dans leur défense et le développement de capacités jugées indispensables. Ainsi, au sommet de l'OTAN à Vilnius en 2023, les Alliés se sont engagés à consacrer au moins 2% du PIB à la défense. Pour le Luxembourg, en raison de sa situation spécifique, c'est le RNB qui sert de base de calcul. Le gouvernement luxembourgeois s'est fixé l'objectif d'atteindre un effort de défense à hauteur de 2% du RNB à moyen terme.

La trajectoire retenue: 2% en 2030

La nouvelle trajectoire, adoptée le 5 juin 2024 par le Conseil de gouvernement, se présente comme suit:

Année

Effort de défense
(en millions €, estimations)

% RNB

2025

780

1,32

2026

882

1,43

2027

993

1,55

2028

1.106

1,66

2029

1.277

1,83

2030

1.461

2

Feuille de route

Les pistes de projets suivants, en lien avec l'accord de coalition, ont été retenues par domaine militaire:

  • Terre: mise en place du bataillon binational belgo-luxembourgeois de reconnaissance de combat de type médian, notamment munitions, missiles, moyens de simulation et véhicules de combat
  • Espace: Développement des capacités spatiales, notamment dans les domaines de la communication satellitaire et de la connaissance de la situation spatiale (Space Situational Awareness - SSA)
  • Air: développement de capacités de défense aérienne et antimissile intégrée (Integrated Air & Missile Defence - IAMD), soutien financier au programme de remplacement des avions AWACS de l'OTAN (iAFSC - Initial Alliance Future Surveillance and Control Capability), infrastructures aéroportuaires au Findel
  • Cyber: renforcement de la résilience des infrastructures IT nationales
  • Médical: coopération avec le ministère de la Santé et les hôpitaux nationaux pour renforcer la résilience sanitaire, renforcement des capacités d'évacuation médicale stratégique, formation
  • Infrastructures: mise en place d'un hub logistique multimodal (M3H - Multimodal Military Hub) à Sanem (extension de la WSA - Warehouses Service Agency) dans le cadre du bataillon binational

Un accent sera mis sur la perspective "retour économique et sociétal", lors de l'élaboration de projets futurs. Ceci notamment à travers la création d'un groupe de travail interministériel pour adopter une approche commune pangouvernementale ayant pour objectif l'intégration d'entreprises luxembourgeoises dans des projets défense et la promotion des entreprises luxembourgeoises au niveau UE et OTAN.

Soutien militaire au profit de l'Ukraine

À partir de 2025, le soutien miliaire au profit de l'Ukraine sera inscrit sur une ligne budgétaire spécifique non-limitative. Cette façon de procéder présente plusieurs avantages:

  • Plus de fonds disponibles pour les projets de la Défense et meilleure planification budgétaire
  • Plus de flexibilité pour le gouvernement pour décider chaque année, en fonction de la situation sécuritaire et des évolutions sur le terrain, du soutien militaire à accorder à l'Ukraine
  • Ce soutien, alors qu'il comptera toujours envers l'effort de défense, ne sera plus soumis aux limites de la trajectoire fixée et ne dépendra donc plus des évolutions imprévisibles du RNB

Les dépenses réelles communiquées à l'OTAN, intégreront le montant du soutien militaire pour l'Ukraine. Ainsi, l'effort de défense réel déclaré auprès de l'OTAN est susceptible de dépasser la trajectoire arrêtée, vu le soutien à l'Ukraine qui s'y ajoutera.

Dépenses d'autres ministères au titre de l'effort de défense

Les dépenses de défense, selon l'OTAN, sont des paiements effectués par un gouvernement national dans le but exprès de répondre aux besoins des forces armées du pays ou celles de pays de l'Alliance.

Ainsi, des dépenses effectuées par d'autres ministères sont également considérées au titre de l'effort de défense du Luxembourg. À l'heure actuelle, ceci concerne notamment les dépenses de l'Administration des bâtiments publics au profit de la Défense (p.ex. projets de rénovation du centre militaire Härebierg, ou des infrastructures militaires au Bleesdall et à Waldhof) et 1,6% des dépenses de la police grand-ducale. À partir de 2024 et 2025, s'y ajouteront entre autres les intérêts sur des prêts de l'État (quote-part de la Défense du budget global) ainsi que les prestations sociales au profit du personnel de l'armée.

Modalités et défis

La crédibilité militaire du Luxembourg dépendra largement de sa capacité à remplir les objectifs capacitaires actuels et futurs lui attribués dans le cadre du processus de planification de défense de l'OTAN (NDPP - NATO Defence Planning Process). Les prochains objectifs militaires du Luxembourg, issus du prochain cycle de ce processus qui vise à préserver l'avantage militaire de l'Alliance sur les adversaires et compétiteurs possibles identifiés, ne seront connus que mi-2025. Ainsi, il se peut que les priorités actuelles de la trajectoire doivent être réévaluées suite à l'adoption des nouveaux objectifs capacitaires.

Les 13 et 14 juin 2024, la ministre de la Défense, Yuriko Backes, présentera la trajectoire et les pistes de projets retenus à ses homologues lors de la réunion des ministres de la Défense des pays de l'OTAN à Bruxelles.

Communiqué de la Direction de la défense

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