Journée mondiale de l'hépatite: le Luxembourg intensifie sa mobilisation contre une épidémie silencieuse

À l'occasion de la Journée mondiale contre l'hépatite, célébrée chaque 28 juillet, le ministère de la Santé et de la Sécurité sociale rappelle l'importance de la prévention, du dépistage et de l'accès aux traitements pour lutter efficacement contre les hépatites virales. "Trop de personnes ignorent encore qu'elles vivent avec une hépatite virale. Le dépistage précoce sauve des vies. Nous devons poursuivre nos efforts pour lever les tabous, renforcer l'information et garantir que chaque personne ait accès aux traitements", souligne Martine Deprez, ministre de la Santé et de la Sécurité sociale. Des initiatives menées au Luxembourg dans ce sens démontrent des avancées significatives, notamment en milieu carcéral, et des nouvelles approches se développent, comme celle basée sur le soutien par les pairs pour atteindre les populations les plus vulnérables.

Il est important de rappeler que les hépatites virales peuvent concerner tout le monde, et chacun peut être amené à se faire dépister. Il est recommandé d'en parler à son médecin pour évaluer l'indication d'un test de dépistage.

Comprendre les hépatites: transmission, dépistage et traitements

L'hépatite virale, une inflammation du foie causée par certains virus, est une épidémie silencieuse qui touche des millions de personnes dans le monde et une cause majeure de cancer du foie et de cirrhose évitable. On distingue:

• Les hépatites A et E: transmises par l'eau ou les aliments contaminés. Il s'agit généralement d'infections aiguës.
• Les hépatites B, C et D: transmises par le sang ou les fluides corporels. Elles peuvent devenir chroniques.

Des vaccins existent pour les hépatites A, B et D. Les porteurs chroniques d'hépatite B active peuvent bénéficier d'un traitement adapté. Pour l'hépatite C, bien qu'aucun vaccin ne soit encore disponible, elle se guérit grâce à des traitements efficaces. Un dépistage précoce reste essentiel.

Plusieurs initiatives et avancées sont à mettre en avant:

1. Des centres de proximité au service de la prévention et du dépistage pour les plus vulnérables
   Lancé en 2022, le programme "Outreach", financé par la Direction de la santé et mené avec le Centre hospitalier du Luxembourg (CHL), a permis de renforcer la prise en charge des populations les plus à risque pour l'hépatite C, notamment les personnes consommatrices de drogues. L'accès aux tests diagnostiques et aux traitements à proximité ou au sein de centres d'accueil comme Abrigado ou la Jugend an Drogenhëllef (JDH) permet de réduire les obstacles à l'accès aux soins de population très exposées et marginalisées, en particulier les femmes.
   
   Depuis son lancement, plus de 250 dépistages de ce type d'hépatite ont été effectués, permettant d'identifier 118 personnes atteintes d'une infection active. À ce jour, 40 de ces patients ont terminé leur traitement avec succès et sont aujourd'hui guéris.
   
   
2. Une avancée majeure en milieu carcéral
   Des avancées notables dans les centres pénitentiaires ont été obtenues ces dernières années.
   
   Le Centre pénitentiaire de Luxembourg (CPL) est sur le point d'atteindre son objectif d'élimination de l'hépatite C, avec zéro cas actif connu au sein de l'établissement depuis le début de l'année 2025. Ce résultat repose sur un programme de prévention, des actions de réduction des risques, des dépistages systématiques à l'admission au centre et l'accès à des traitements efficaces. La mise en place progressive de ces mesures dans les autres centres pénitentiaires est en cours avec des résultats encourageants.
   
   
3. Le programme "pairs hépatites": parler d'égal à égal
   Depuis 2025, la Jugend- an Drogenhëllef en collaboration avec le CHL et avec le soutien du ministère de la Santé et de la Sécurité sociale, pilote un programme de soutien par les pairs visant les usagers de drogues touchés par l'hépatite C. Le projet recrute d'anciens consommateurs de drogues en voie de réinsertion sociale, ayant eux-mêmes vécu une infection par l'hépatite C et suivi un traitement avec succès. Ils accompagnent leurs pairs (les usagers actuels de drogues), ils partagent leur expérience, et ils les soutiennent dans l'accès au dépistage et aux soins. À travers des groupes d'échange et un soutien individualisé, ces intervenants de confiance contribuent à la réduction des risques et à une meilleure adhésion aux traitements.
   
   
4. MARGA: un lieu sécurisé pour les femmes
   Ouverte en décembre 2024 à Neudorf (Luxembourg-Ville), la structure MARGA, gérée par le Comité national de défense sociale (CNDS), offre un accueil de jour aux femmes adultes usagères de drogues illicites. Cette structure propose une approche globale: espace de repos, soins infirmiers, salle de consommation sécurisée, soutien social et accès au dépistage et traitement des hépatites. La structure s'inscrit dans une dynamique d'accompagnement vers une vie plus stable, avec une attention particulière portée aux besoins spécifiques des femmes.

Communiqué par le ministère de la Santé et de la Sécurité sociale