Conférence sur l'approche administrative de la criminalité organisée

Dans le cadre de la présidence luxembourgeoise de l'Union Benelux, le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, en collaboration avec le Secrétariat général de l'Union Benelux, a organisé une conférence consacrée à l'approche administrative de la criminalité organisée, qui s'est tenue du 10 au 11 décembre 2025.

L'objectif de la conférence était double: d'une part profiter des expériences déjà faites par les pays qui utilisent déjà la méthode de l'approche administrative pour lutter contre le crime organisé et d'autre part explorer comment nous pouvons rendre notre coopération dans le cadre de la lutte contre le crime organisé et notamment de la prévention encore plus efficace.

"De Kriminellen ëmmer e Schratt viraus sinn, dat ass eist Zil", a déclaré Léon Gloden. "Les réseaux criminels utilisent des méthodes sophistiquées, recourant souvent à la corruption et à des structures économiques légales pour s'implanter durablement. L'approche administrative constitue un levier puissant pour protéger nos institutions, notre économie et nos citoyens. La présence de nombreux acteurs nationaux et internationaux lors de notre conférence témoigne de la volonté d'explorer toutes les pistes afin de lutter efficacement contre le crime organisé."

Dans ce contexte, le ministre a souligné les cinq saisies spectaculaires de drogues opérées au Luxembourg en 2025 grâce à la coopération entre la police, la douane et les autorités judiciaires. Ces faits montrent que le Luxembourg n'est pas épargné par le trafic de drogue à grande échelle, pouvant servir de zone de transit et exposer le pays à des risques d'infiltration économique. Pour y répondre, le Luxembourg a renforcé ses dispositifs par l'introduction d'une unité de police locale, le dépôt d'un projet de loi sur la reconnaissance automatique des plaques d'immatriculation afin de faciliter la coopération transfrontalière, ainsi que la participation à la Ports Alliance pour sécuriser les hubs logistiques.

Gilles Roth, ministre des Finances, a rappelé que: "Le crime est organisé. Les États doivent l'être aussi. L'approche administrative renforce notre sécurité. C'est exactement ce que nos citoyens attendent d'une politique responsable. Une fois de plus, le Benelux fait preuve d'un esprit pionnier dans la lutte contre la criminalité."

Lors de la conférence, le ministre Gloden a également souligné que la seule répression ne suffit plus. L'approche administrative permet de bloquer l'accès des criminels aux ressources, de contrôler l'accès aux marchés publics et de désorganiser les réseaux avant qu'ils ne commettent de nouvelles infractions.

Au niveau européen, l'UE encourage cette approche dans sa stratégie ProtectEU, et le traité Benelux sur la coopération policière prévoit l'échange d'informations pour renforcer la prévention administrative et la sécurité publique.

Frans Weekers, secrétaire général de l'Union Benelux, a affirmé que: "Le Traité de police du Benelux permet aux partenaires d'unir leurs forces dans la lutte transfrontalière contre la criminalité organisée. Nous avons besoin d'une coopération étroite et d'un échange d'informations entre la police, le ministère public, les services d'inspection, les services fiscaux et douaniers, ainsi que les maires et les autorités locales. Un nouvel élan est donné à la lutte commune contre la criminalité organisée. Luttons ensemble contre la criminalité!…"

Enfin, la présence de nombreux acteurs locaux et nationaux des trois pays membres du Benelux, et d'experts d'Italie de l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime et d'Europol souligne l'importance d'une mobilisation globale et d'une coopération renforcée pour lutter efficacement et conjointement contre le crime organisé.

En guise de conclusion, Ine van Wymersch, commissaire nationale aux drogues de Belgique, a mis en évidence que: "L'approche administrative est essentielle à une stratégie globale de lutte contre le crime organisé. Si l'on compare les organisations criminelles à un iceberg, une partie est visible au-dessus de la ligne de flottaison: les fusillades, les conteneurs de drogue… Une autre partie, invisible, se trouve sous la surface: le blanchiment d'argent, l'intimidation et la corruption. Trop souvent, notre combat se limite à une action directe: attaquer l'iceberg de front en arrêtant les suspects et en saisissant la drogue, c'est le travail classique des forces de l'ordre. Pour obtenir des résultats durables et faire fondre l'iceberg en profondeur, une approche indirecte est également nécessaire: faire monter la température de l'eau. L'approche administrative est un élément essentiel de cette stratégie. Une politique de licences préventive contribue à faire monter la température de l'eau. En fermant les entreprises illégales, nous réduisons la taille de l'iceberg. Avec l'approche administrative, nous créons un climat où le crime organisé, l'iceberg ne peut plus croître ni prospérer."

Communiqué par le ministère des Affaires intérieures