"Le Luxembourg, place financière européenne", discours à la Chambre française de Commerce et d'Industrie de Belgique

Le 17 février 2000 a eu lieu un déjeuner-débat organisé par la Chambre française de Commerce et d'Industrie de Belgique avec comme orateur Jean-Claude Juncker, Premier ministre du Grand-Duché de Luxembourg : "Le Luxembourg, place financière européenne"

Sous la présidence de Christine Morin-Postel, administrateur délégué de la Société générale de Belgique, une centaine de personnes du monde économique et financier s'était retrouvée dans les salons de l'hôtel Métropole pour écouter le Premier ministre du Luxembourg.

Parmi les invités, il y a lieu de relever l'ambassadeur de France Jacques Rummelhardt, l'ambassadeur du Grand-Duché de Luxembourg Jean-Jacques Kasel ainsi que l'ancien gouverneur de la Banque nationale de Belgique, Alfons Verplaetse.

Le Premier ministre a tour à tour abordé les questions majeures qui émaillent l'agenda européen durant les présidences portugaise et française pour traiter ensuite de la place financière du Luxembourg.

I.L'europe

Jean-Claude Juncker n'a pas caché son inquiétude devant les nombreux sujets difficiles qu'il y a lieu de traiter au même moment et dans un laps de temps relativement bref : qu'il s'agisse de la CIG, de l'élargissement, de la politique européenne de Sécurité et de Défense, comme de l'affaire autrichienne.

Le Premier ministre a mis en évidence les dangers d'une "Europe molle" et dépourvue d'ambitions : et de préciser "notre vieux continent est bien trop compliqué pour se cantonner dans une zone de libre échange".

Il a ensuite rappelé les positions du gouvernement luxembourgeois pour ce qui est de la composition des futures Commissions, de la repondération des voix et de l'extension du champ d'application des votes à la majorité qualifiée au sein du Conseil.

Récusant par avance l'existence d'un problème "grands - petits états membres" en tant que frein au processus d'intégration le Premier ministre a tracé les modalités de futures coopérations renforcées en tant que moyen pour conjurer simultanément l'écueil de l'immobilisme comme celui d'une "Europe à la carte".

II.Luxembourg, place financière

Dans sa deuxième partie, le chef du gouvernement luxembourgeois a traité de la place financière sous l'angle de l'harmonisation fiscale et de l'opportunité, souhaitée par certains, de passer dans ce contexte de l'unanimité à la majorité qualifiée.

Comme précédemment, le Premier ministre n'a pas gardé sa langue en poche: "Le Luxembourg continuera à exiger le maintien de la règle de l'unanimité en matière fiscale".

Par le biais d'un bref rappel historique, il a démontré à ces auditeurs que les deux rapprochements-harmonisations enregistrés à ce jour au niveau européen l'on été chaque fois sous présidence luxembourgeoise :

  • la TVA en 1991

  • et le code de conduite ainsi que les éléments devant conduire à une harmonisation en matière de fiscalité de l'épargne

Pour étayer son approche, le Premier ministre n'a pas manqué de souligner qu'en matière de TVA, l'absence d'unanimité depuis 91 aurait conduit immanquablement à faire passer le taux de base de 15 à 20%.

Jean-Claude Juncker a ensuite fait part de son insatisfaction pour ce qui est du traitement du dossier "concurrence fiscale dommageable" où curieusement les 300 cas initialement identifiés se trouvent être réduits à 60.

Il a saisi cette occasion pour rappeler sa proposition faite en octobre de l'année passée visant à instaurer sur l'épargne un impôt libératoire dont le produit pourrait constituer une cinquième ressource propre.

Tirant avantage des questions qui lui furent posées, le Premier ministre a récusé avec force les attaques charriées en particulier par la presse française, belge et allemande vis-à-vis du Luxembourg.

Il n'est pas dans les intentions du gouvernement luxembourgeois d'assurer la survie de cette place par des extravagances fiscales.

Le Luxembourg dispose d'une législation très stricte en matière de blanchiment d'argent, domaine dans lequel il a été le premier à transposer la directive communautaire régissant cette matière.

Pour conclure, le Premier ministre a annoncé un projet de Loi qui interdira à l'ensemble des établissements financiers installés à Luxembourg le financement de ventes d'armes que celles-ci soit légales ou illégales.

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