Lydie Polfer au siège de la Confédération des Entrepreneurs espagnols

Altesse Royale,
Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames, Messieurs,

C’est un grand plaisir et honneur de prendre la parole cet après-midi, ici, au siège de la Confédération des Entrepreneurs espagnols, en présence de S.A.R. le Grand-Duc et des représentants des mondes économiques espagnol et luxembourgeois.

Comme j’ai déjà eu l’occasion de le constater lors de ma récente visite en novembre dernier dans le cadre d’une mission économique, et ce constat ne fait que se renforcer depuis hier, l’Espagne et le Luxembourg entretiennent d’excellentes relations. En effet, notre passé commun pendant presque deux siècles a jeté les bases pour des liens privilégiés qui ne font que s’approfondir depuis ces dernières décennies. Je pense bien sûr aux liens qui unissent nos deux Maisons royales, au partenariat de nos deux pays au sein de l’Union européenne, mais également à nos relations économiques qui se renforcent sans cesse.

Vous ne serez pas étonnés que dans ce cadre, j’insisterai surtout sur ce dernier volet de nos relations.

En effet, il y a lieu de constater que ni la distance géographique qui nous sépare, ni la taille qui nous différencie n’ont pu décourager certains se trouvant aujourd’hui parmi nous à reconnaître très tôt le potentiel de développement de nos relations économiques bilatérales. Ainsi, comme le démontrent les statistiques, le commerce entre nos deux pays ne cesse d’augmenter depuis le début des années 1990 et les exportations du Luxembourg à destination de l’Espagne ont connu une hausse marquée, ce qui prouve clairement l’attention particulière que les compagnies luxembourgeoises portent au marché espagnol.

L’illustration la plus spectaculaire d’une coopération réussie entre nos deux économies est évidemment la fusion entre les sidérurgies espagnole et luxembourgeoise en 1997. Non seulement a-t-elle donné lieu à une série impressionnante de synergies, hissant le nouveau groupe au premier rang des producteurs sidérurgiques européens, mais je suis convaincue que cette fusion a jeté les bases pour l’événement le plus marquant du développement de la sidérurgie mondiale de ces dernières années: je parle évidemment de la récente "mégafusion" entre le géant hispano-luxembourgeois avec la sidérurgie française, qui donnera naissance au premier groupe sidérurgique au monde.

Il est vrai que toutes nos entreprises communes n’ont pas ce caractère spectaculaire. Pour être de dimensions plus réduite, beaucoup d’entre elles n’en revêtent pas moins un potentiel intéressant.

J’en veux pour preuve le secteur des médias et communications. Vous avez peut-être entendu parler de la récente acquisition par une firme luxembourgeoise, propriétaire du système de satellites ASTRA, d’une des principales compagnies satellitaires américaines. Le nouveau groupe, qui sera dirigé à partir de Luxembourg, sera, une fois qu’il aura obtenu le feu vert des autorités compétentes, le numéro un mondial dans les communications par satellite disposant d’une quarantaine de satellites en orbite. Il est également actif en Espagne et en Amérique Latine et vu la forte présence espagnole sur ce continent, il existe sans doute des possibilités pour une coopération renforcée dans cette technologie d’avenir.

Le secteur financier est un autre domaine qui illustre bien les liens étroits qui nous unissent. Comme vous le savez, le Luxembourg est le 7e centre financier au monde, et au fil des années, une solide coopération s’est installée entre groupes financiers espagnols et luxembourgeois. Je suis convaincue que dans ce domaine le potentiel reste considérable, car sur les quelque 200 banques que nous avons à Luxembourg, il n’y a qu’un seul institut espagnol, alors que les autres grands pays européens ont en général une présence plus marquée sur notre place.

Une des raisons de cette sous-représentation – et j’ai pu le constater lors de notre récente mission économique où, à part l’industrie, les médias et le tourisme, nous avions consacré un séminaire spécial au développement de nos relations financières – est que le Luxembourg n’est pas assez connu par les milieux d’affaires espagnols.

Voilà pourquoi je suis d’autant plus contente de disposer de ce prestigieux forum pour vous parler brièvement du climat d’affaires au Luxembourg et pour en souligner quelques caractéristiques, qui en font un environnement bien unique.

Le Grand-Duché jouit d’une situation géographique privilégiée au cœur de l’Europe entre l‘Allemagne, la Belgique et la France, qui lui a été très bénéfique depuis la création de la Communauté économique européenne. La taille réduite de notre pays nous a forcés très tôt à nous tourner vers l’extérieur. Ainsi, notre économie est une des plus ouvertes au monde très largement orientée vers le commerce international. Les conditions sont très propices à l’investissement étranger de sorte que en termes d’investissement direct étranger par habitant, tant financier qu’industriel, nous sommes les premiers récipiendaires en Europe, sinon au monde.

En effet, des orientations stratégiques claires de diversification économique combinées avec une politique prudente des finances publiques nous a valu régulièrement ces dernières années les triples "A" de la célèbre agence Moody’s. De même, la capacité du Luxembourg à innover, à opérer des transferts de technologie et à sans cesse s’adapter à de nouvelles réalités économiques dans un monde  globalisé, où tout doit aller toujours plus vite, nous permet également de nous retrouver en tête dans de nombreuses études économiques. Ainsi, à titre d’exemple, je citerai notre troisième place dans le Rapport Global de Compétitivité 2000 du Forum économique mondial.

Je ne voudrais pas vous inonder de chiffres, mais permettez-moi de vous rappeler que le Luxembourg était le premier à se qualifier pour participer à l’Union économique et monétaire en respectant les fameux critères de Maastricht. En effet, depuis ces quinze dernières années, nous jouissons d’une croissance économique durable, de plus de 5% en moyenne annuelle, se situant nettement au-dessus de la moyenne communautaire. L’année dernière - il est vrai qu’elle était exceptionnelle – notre croissance économique était de 8.5%. En même temps, nous avons le taux de chômage le plus bas de l’Union. Certes, notre taux d’inflation, comme dans la plupart des autres pays membres, a augmenté au courant de l’année passée à cause de la hausse du prix de pétrole, mais il est déjà en train de retrouver son niveau normal. Et enfin, pour en terminer avec les chiffres, j’ajouterai seulement encore que l'impôt sur les sociétés tombera à 30% en 2002.

Mais, je ne saurais dresser le portrait de la vigueur de l’économie luxembourgeoise sans souligner les atouts fondamentaux que sont l’existence d’une main d’oeuvre hautement qualifiée, une ouverture aux cultures étrangères et avant tout le multilinguisme. En effet, le Luxembourg se trouve à cheval entre les cultures française et germanique, ce qui nous permet de maîtriser ces deux langues et l’anglais, en plus de notre langue maternelle qu’est le luxembourgeois. Mais en même temps, cette situation nous a permis de développer des affinités et une certaine perméabilité aux cultures étrangères et nous sommes fermement convaincus que ce sont ces facteurs plus culturels qu’économiques qui sont à la base de notre performance économique.

Je pourrai m’étendre longuement sur cette question fascinante de la convivialité entre cultures, ce multiculturalisme, qui fait que des gens qui sont d’origine diverse et qui parlent des langues différentes, non seulement réussissent à vivre ensemble en paix et en harmonie, mais s’enrichissent mutuellement au niveau culturel, mais aussi économique.

Sans vouloir entrer dans ce débat plus large, j’espère que ces quelques indications que j’ai pu vous communiquer en ce temps limité, ont contribué à compléter l’image que vous avez du Luxembourg. J’espère également que les quelques exemples de partenariat et de coopération – et il en existe sans doute d’autres – vous ont convaincus du large éventail de possibilités de développement qui s’offrent à nos deux pays.

A l’instar de ceux qui ont déjà su en tirer profit, j’espère que vous serez nombreux à suivre leur exemple et à contribuer à l’approfondissement d’une coopération, qui s’est déjà révélée bien fructueuse.

Merci pour votre attention.

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