Son Altesse Royale le Grand-Duc lors du dîner offert à l´occasion de la Visite d´Etat à Luxembourg du Président de la République hellénique

Monsieur le Président,

C’est avec un grand plaisir que la Grande-Duchesse et moi-même Vous accueillons aujourd’hui au Luxembourg. Notre joie, et celle des Luxembourgeois, est d'autant plus grande qu'il s'agit de la première Visite effectuée par un chef d'Etat grec dans notre pays. Je vois dans cette visite d'Etat - la première au Luxembourg depuis mon avènement- celle du Président de la nation qui a donné naissance à la démocratie.

Nous saluons en vous, Monsieur le Président, non seulement le distingué juriste et l'éminent homme politique, mais également le défenseur infatigable du retour à la démocratie pendant le période troublée de 1967 à 1974.

Il y a plus de quatorze ans mon père s’était rendu en Visite d’Etat dans votre beau pays, terre de vacances de nombreux de mes compatriotes. L’accueil qui lui a été réservé par votre population fut des plus chaleureux. Il en a gardé le meilleur souvenir. J’espère que durant votre séjour au Grand-Duché, nous réussirons à vous donner le sentiment d'avoir fait de notre mieux pour tendre vers le grand sens de l’hospitalité qui est le vôtre.

Monsieur le Président,

Immense est la contribution qu’a apportée la Grèce à la philosophie, à la littérature, à la science, aux arts et aux sports. La civilisation grecque continue d’influencer profondément la pensée occidentale. La devise de Protagoras - "l’homme est la mesure de toute chose" - reste le fondement même de notre conception de la vie en société.

Cet esprit hellénique se reflète également dans la mentalité luxembourgeoise. En effet, les Lycées classiques et l'Association des Amis de la Grèce œuvrent pour garder cet esprit très vivant, comme vous pourrez vous en rendre compte demain en rencontrant avec la Grande-Duchesse et moi-même les professeurs et les élèves de grec ancien et moderne. Dans ce contexte s'inscrit également le partenariat entre le Lycée II de Héraklion et l'Athénée de Luxembourg.

Un nouveau programme de coopération culturelle a été signé entre nos pays vendredi passé à Athènes. Il permettra également de continuer à montrer à votre population les œuvres d'artistes luxembourgeois dans la peinture et la musique.

La Grèce et le Luxembourg sont partenaires en Europe. La Maison européenne que nous construisons ensemble est fondée sur les valeurs que Périclès décrivait ainsi quatre siècles avant notre ère : "Parce que notre constitution prend en considération non un petit nombre, mais la majorité, elle a pour nom : démocratie. A tous, les lois assurent les mêmes droits dans la poursuite de leurs intérêts personnels (...)".

Nos deux pays sont, dans cette dimension nouvelle qu’a donnée à notre continent l’intégration européenne, des alliés naturels. Pour des pays de taille moyenne ou petite, ce n’est que grâce à la conjugaison de leurs ressources et de leurs talents qu'ils seront en mesure d’apporter leur contribution effective et durable à la réalisation de leurs idéaux.

Les uns et les autres ont pu mesurer au cours des siècles les tragédies engendrées par la violation des principes de liberté et de démocratie. Ils sont confortés dans leur conviction que seule une coopération confiante entre les Etats de l’Europe leur permettra de réaliser l'aspiration de leurs peuples à la paix, à la stabilité et à la prospérité.

Nous développons ces liens de coopération à travers notre appartenance commune à l’OTAN, au Conseil de l’Europe et à l’OSCE.

La pierre angulaire de notre aspiration commune est cependant notre partenariat au sein de l’Union européenne.

Votre pays a récemment souligné sa détermination de faire partie du noyau européen en consentant des efforts sans précédent pour intégrer la zone EURO et cela au moment même où il a entrepris des travaux d'infrastructures considérables entre autres en vue des Jeux Olympiques de 2004.

Le Luxembourg s’est engagé, dès le début, dans le processus d’intégration européenne, parce qu’il avait la conviction que la paix ne pourrait retourner durablement sur notre continent que si l’on parvenait à une réconciliation entre les principales puissances d’Europe occidentale, dont la rivalité passée s’était trouvée à l’origine de tant de malheurs.

Situé au confluent des civilisations latine et germanique, mon pays fut appelé tout naturellement à jouer un rôle de pont, de facilitateur dans ce mouvement progressif.

Cinquante années plus tard, l’Europe entame un nouveau chapitre de son histoire : l’unification entre l’est et l’ouest de notre continent. La Grèce et le Luxembourg participent activement à ce processus, qui représente pour les Européens une responsabilité historique, une priorité politique inéluctable et une opportunité sans précédent pour le continent tout entier. L’élargissement en cours confère à l’intégration européenne, qui gagnera en complexité et en diversité, une dimension nouvelle.       

En même temps, l’élargissement à l’échelle d’un continent aura nécessairement des conséquences sur la nature même de notre Union, sur la matière dont elle a compétence, ses modes de fonctionnement, sa relation avec les citoyens de l’Europe et son rôle dans le monde.

Dans ce dessein, une vocation singulière revient à la Grèce de par sa position géopolitique. Votre pays se trouve à la charnière de la "nouvelle Europe". Situés au carrefour du Sud-Ouest et du Sud-Est, à mi-chemin entre les Balkans et la Méditerranée, qui saurait mieux que les Grecs comprendre les différentes sensibilités et aspirations de ces régions, et s’en faire les interprètes auprès de leurs partenaires de l’Union européenne ?

Le hasard de la géographie fait que la Grèce se trouve face à l’une des grandes préoccupations en ce début du XXIème siècle : rétablir la paix, la sécurité et la stabilité dans les confins orientaux de l’Union. La Grèce fait preuve d’un engagement sans faille en vue de ramener la paix et la réconciliation dans les Balkans. Les développements dans cette région sont d’une importance cruciale pour la stabilité de l’ensemble du continent européen. Soyez assurés que le Luxembourg restera toujours à vos côtés dans cette entreprise qui vise à offrir aux pays et aux peuples de la région une perspective nouvelle de réconciliation durable, à l’instar de ce que les pays de l’Union européenne ont su réaliser pour eux-mêmes.

Monsieur le Président,

Permettez-moi de vous dire également, en mon nom personnel en tant que membre du Comité Olympique International, combien je me réjouis de voir que plus d’un siècle après leur renaissance à l’ère moderne, les Jeux Olympiques aient retrouvé le pays qui les a vus naître. Ainsi, la boucle est bouclée : la Grèce antique et la Grèce moderne se rejoignent dans la célébration de la beauté, de la dignité et de la singularité de la personne humaine pour une émulation pacifique et loyale dans le sport.

J’espère, Monsieur le Président, que votre Visite d’Etat au Luxembourg contribuera à consolider l’amitié et la coopération entre nos deux pays, et leur ouvrira des perspectives nouvelles de partenariat et de solidarité. C’est dans cet esprit que je lève mon verre à votre santé et à votre bien-être personnel, ainsi qu’à l’excellence de nos relations avec la Grèce et le peuple hellénique.

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