Le ministre de l'Economie Henri Grethen à l'occasion d'un déjeuner rassemblant les chambres de commerce étrangères

Mesdames, Messieurs,

J’aimerais tout d’abord vous remercier sincèrement de votre invitation à participer au présent déjeuner rassemblant les différentes Chambres de commerce étrangères ou conjointes que vous représentez si efficacement au Grand-Duché.

J’ai particulièrement apprécié l’opportunité que vous m’offrez de vous entretenir d’un sujet qui me tient à cœur, à savoir notre politique de diversification économique.

J’en suis d’autant plus ravi que contrairement à d’aucuns qui feignent avoir découvert ou peut-être plus justement avoir redécouvert ces derniers temps les vertus d’une politique de diversification bien comprise et rondement menée, alors qu’il n’y a pas si longtemps, ils ne juraient que par le développement unilatéral de la place financière, j’étais personnellement toujours un partisan du développement industriel.

Mesdames, Messieurs,

Lorsque je parle de diversification économique, je pense tout d’abord mais, et je voudrais le souligner, pas exclusivement à la diversification industrielle, mais également aux services ayant une influence motrice sur le développement économique.

Dans la lignée de mes prédécesseurs, j’estime qu’une structure économique saine et résiliente doit pouvoir reposer sur plusieurs piliers, dont le secteur industriel.

Au cours des dernières décennies, l’économie luxembourgeoise a subi un changement radical de ses fondations.

Alors qu’en 1975 le secteur manufacturier et surtout l’industrie sidérurgique dominaient encore le paysage économique, force est de constater qu’un quart de siècle plus tard, les services et, notamment, la place financière ont pris la relève.

Loin de moi l’idée de vouloir critiquer cette évolution. Bien au contraire, je me félicite du glissement réussi d’une économie secondaire vers une économie tertiaire.

Cette évolution inévitable et salutaire a grandement contribué à l’essor de notre force économique et a créé les richesses, et partant les revenus, indispensables pour financer le niveau de vie exceptionnel dont nous bénéficions.

Le relâchement de la pression fiscale sur les entreprises et les citoyens, associé à une augmentation sensible des transferts sociaux - pour mémoire je renvoie à l’introduction d’une assurance dépendance ou aux décisions du fameux « Rentendësch » de relever le niveau des pensions touchées dans le secteur privé - n’auraient été possibles sans la manne quasi providentielle en provenance de la place financière.

Mais, hélas, toute médaille a également un revers.

Tout en profitant des richesses générées par la place financière, nous sommes également rentrés dans une situation de dépendance de plus en plus prononcée.

Le monolithisme financier s’est substitué au monolithisme sidérurgique.

Les conséquences en sont connues et ont été amplement commentées sur la place publique, de sorte je fais abstraction d’y revenir à cette tribune.

Je voudrais seulement relever qu’en 2001, mis à part le secteur financier qui battait déjà sérieusement de l’aile, les autres secteurs de notre économie et notamment le secteur industriel, enregistraient encore un taux de croissance satisfaisant.

Existe-t-il une raison plus convaincante pour justifier et étayer le bien-fondé de notre politique de diversification économique et industrielle?

Mesdames, Messieurs,

J’espère que vous me pardonnerez ce brin d’autosatisfaction qui m’effleure de temps en temps alors que je constate que la nécessité d’une politique visant à promouvoir le développement industriel semble, essoufflement conjoncturel du secteur financier aidant, trouver de plus en plus d’adaptes ces derniers temps.

L’adage veut que nul ne soit prophète dans son propre pays. A voir comment se grossissent maintenant les rangs de ceux qui réclament à cor et à cri ce que le Ministère de l’Economie ne cessait de faire, parfois contre vents et marées, me donne à penser qu’il y a peut-être après tout une exception à la règle.

Quoi qu’il en soit, sachez que nous n’avons jamais baissé les bras, ni n’avons succombé à la tentation de nous reposer sur nos lauriers.

Bon an, mal an, nous avons réussi à convaincre des entreprises à venir s’implanter ou se créer au Grand-Duché. Les chiffres renseignés dans les rapports d’activités successifs du Ministère de l’Economie sont parlants à cet égard.

Mesdames, Messieurs,

Souffrez que je vous cite quelques chiffres passés trop souvent inaperçus en leur temps, mais qui témoignent de la continuité et de la persévérance de nos efforts de prospection et de promotion.

Depuis 1975 quelque 176 entreprises ou activités nouvelles se sont implantées sur notre territoire créant plus de 15.000 emplois additionnels.

Rien qu’en 2001, 14 nouveaux projets ont été recensés générant des investissements de plus de 160 millions d’euros et offrant à terme quelque 300 emplois.

Si ces chiffres s’inscrivent dans une continuité rassurante, ils ne doivent pas nous faire oublier cependant que les obstacles qui se dressent devant nous restent nombreux.

Et, je ne parle même pas d’un environnement économique difficile caractérisé par une reprise hésitante aux Etats-Unis, une lente agonie au Japon et un essoufflement marqué en Europe et notamment chez notre voisin et principal partenaire commercial l’Allemagne.

Non, je fais plutôt allusion aux conséquences néfastes du syndrome NIMBY "not in my backyard". Car malgré les ralliements récents, nous constatons encore trop souvent que la nécessité de continuer le développement industriel du pays n’est pas évidente pour tous. Beaucoup trop souvent les moindres velléités d’implantation ou d’expansion d’une entreprise provoquent des levées de boucliers organisées par des gens eux-mêmes confortablement à l’abri des fluctuations du marché du travail.

Alors que nul ne conteste les impératifs de la protection des ressources naturelles et d’une utilisation judicieuse et parcimonieuse de l’espace, il est grand temps de rappeler à d’aucuns que le développement durable comporte également un volet économique et que seuls les pays les plus nantis économiquement disposent des ressources nécessaires pour investir massivement dans la protection de l’environnement en général, et, plus particulièrement dans les technologies les plus pointues en matière de prévention et de diminution de l’impact inéluctable qu’a toute activité humaine sur l’environnement naturel.

Dans cet ordre d’idées, mes services planchent actuellement sur le dossier du Crassier d’Ehlerange. Notre ambition est de faire de cette friche sidérurgique une zone industrielle modèle alliant les impératifs écologiques aux nécessités du développement industriel.

La création de cette zone nous offrira une réserve foncière indispensable à la poursuite de nos efforts en matière de diversification économique. Il faut en effet savoir que nous souffrons à l’heure actuelle d’une pénurie pénalisante de terrains d’envergure pouvant accueillir des investissements plus conséquents. D’où la nécessité absolue de développer le Crassier d’Ehlerange.

A l’autre bout de l’échelle, je voudrais mentionner l’initiative ECOSTART du Ministère de l’Economie.

Mon département vient d’acquérir un bâtiment industriel désaffecté à Foetz avec l’intention de le transformer en une pépinière pour de nouvelles activités à fort contenu technologique (start-ups) et comme bâtiment-relais pour de jeunes entreprises ayant déjà besoin d’un espace de production ou de prototypage limité. Ces fonctions fédérées sous le nom d’ECOSTART permettront au Ministère de faire ses premières armes en vue de l’établissement à Belval-Ouest, dans la Cité des Sciences, d’une nouvelle infrastructure d’accueil et de développement.

Pour conclure, j’aimerais faire un appel à vous tous qui représentez des acteurs économiques en provenance de pays aussi variés que la Belgique ou la Chine, pour ne citer que les extrémités géographiques, aidez-nous à propager parmi vos ressortissants le message que le Luxembourg est un pays de choix pour y implanter des activités économiques nouvelles appelées à desservir un marché européen unique de 360 millions et bientôt 415 millions de consommateurs.

Mesdames, Messieurs,

J’espère que j’ai réussi à vous donner un bref aperçu sur les tenants et aboutissants de la politique de développement et de diversification économiques. Si je ne me suis pas caché des difficultés et obstacles qui se dressent sur notre chemin, je reste profondément optimiste et confiant que nous continuerons sur le chemin engagé qui est celui d’un développement économique, social et écologique durable dans l’intérêt de nous tous, présents et à venir.

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