Le ministre de l'Economie Jeannot Krecké à l'occasion de la visite du président de la République portugaise Jorge Sampaio (Chambre de commerce)

Altesse Royale,
Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

C'est avec un immense plaisir que je prends la parole aujourd'hui, devant un public particulièrement nombreux, rassemblant à la fois les autorités du Portugal et du Luxembourg, ainsi que des représentants de nos communautés d'affaires qui, elles, sont les forces vives assurant la prospérité de nos deux pays.

Nos deux pays sont intimement liés. Depuis le début de l'immigration portugaise dans les années soixante, vos concitoyens, Monsieur le Président, ont fourni un apport indispensable au développement économique du Grand-Duché. Ils ont donné leur force de travail avec persévérance, fiabilité et savoir-faire. Je tiens ici à les remercier pour leur contribution au développement économique, social et culturel de notre pays.

Sans eux, le Luxembourg ne serait pas le pays qu'il est aujourd'hui. A l'occasion de mes voyages à l'étranger, je souligne souvent le caractère cosmopolite de notre pays. Or, qu'en serait-il sans nos résidents portugais ? Depuis maintenant 40 ans ils enrichissent notre tissu économique, notre vie culturelle et même notre quotidien. Aujourd'hui, nous comptons 64.000 résidents de nationalité portugaise au Luxembourg. En  y ajoutant ceux qui sont entre-temps devenus citoyens luxembourgeois, on arrive à près de 100.000 personnes. Presque un quart de notre population dispose donc de racines portugaises. Regardez autour de vous et vous constaterez que vous aurez du mal à dénicher un club, une association, une école, une entreprise sans y tomber sur des noms portugais. Et nous nous en réjouissons.

Hélas, en regardant les indicateurs des relations commerciales entre nos deux pays, on constate que, malgré notre proximité au quotidien, nous nous devons encore de faire des efforts sur le plan de nos relations économiques. En 2001, nous avons échangé des biens d'une valeur totale de 106 millions d'Euros. En 2003, ce volume n'atteignait plus que 68 millions d'Euros. Il faut donc relancer la croissance dans nos relations commerciales pour retrouver et consolider les niveaux atteints à la fin des années '90. Ensuite, il faut explorer des opportunités pour diversifier davantage nos liens économiques.

Monsieur le Président, je suis ravi de vous voir accompagné d'une délégation commerciale particulièrement nombreuse. Nos contacts au niveau officiel doivent être suivis et étoffés par des rencontres entre nos entreprises car ce sont elles qui, en fin de compte, décideront de la mise en pratique de notre souhait de voir nos économies se rapprocher entre elles. 

Mesdames et Messieurs qui représentez ici la force économique de nos deux pays, vous êtes les Ambassadeurs de nos communautés d'affaires respectives. Grands groupes industriels, banques, sociétés de service mais également petites et moyennes entreprises, vous représentez deux nations ouvertes et modernes, unies dans le Marché Intérieur européen. J'espère que vous avez eu l’occasion d’échanger des informations, d’identifier des opportunités nouvelles lors de vos entrevues bilatérales. De mon côté, mes services ont organisé un programme pour la délégation économique portugaise qui devra leur permettre de mieux comprendre le Luxembourg. Je nourris l’espoir que nos hôtes portugais repartiront avec une image nouvelle de notre pays et qu’ils reviendront avec des projets commerciaux profitables à nos deux économies.  

Chers amis portugais

Vous n'êtes toutefois pas seuls dans vos efforts. Afin de voir prospérer l'esprit d'entreprise, je juge indispensable de vous apporter l’appui politique nécessaire. Le gouvernement luxembourgeois, traditionnellement à l'écoute des milieux économiques, s'est engagé, s'engage et s'engagera à fournir un cadre propice pour la conduite de vos affaires. Aujourd'hui, la charge fiscale au Luxembourg pour les entreprises et pour les particuliers est moins sensible qu'elle ne l'était en 2000. Le Gouvernement s’est engagé à poursuivre dans cette voie et ce avec un accent particulier sur les petites et moyennes entreprises. Ce sont elles qui ont le plus besoin de notre attention dans une Europe élargie, qui fournit des possibilités nouvelles mais présente aussi des défis nouveaux.

Parlant d'Europe, vous savez que le cadre pour le commerce est en grande partie décidé au niveau communautaire. A partir du 1er janvier 2005, le Luxembourg assurera la Présidence de l'Union européenne. Au cours de ces 6 mois, un sujet de première importance, et qui m'est particulièrement cher, sera l'Agenda de Lisbonne, stratégie décidée dans votre belle capitale et sous votre Présidence en 2000 et ambitionnant à faire de l'Europe l'espace économique de la connaissance le plus compétitif au monde à l’horizon 2010. Durant notre Présidence nos procéderons,  après 5 ans de travail, au rapport d'étape. Je ne pense pas révéler un secret si je vous dis que nous allons sans doute constater que l'objectif n'est pas encore atteint.

Dans le contexte national, le gouvernement luxembourgeois est décidé d'attaquer ce projet avec vigueur : toute une panoplie de mesures visant à améliorer la compétitivité du Grand-Duché sera mise en oeuvre. Pour ne citer qu'une seule priorité, nous tâcherons de réduire considérablement les charges administratives qui pèsent sur les entreprises.

Notre objectif est clair : réduire au minimum les lenteurs de l'administration et redonner à l'entreprise la liberté de s'adonner à son but principal qui est la gestion et le développement de ses affaires. Dans un pays où les chemins sont, de par leur nature, courts, il faut que notre tradition de contacts rapides avec l'administration soit relancée. Elles doivent conduire à des décisions promptes et transparentes, malgré la complexité croissante des dossiers mêlant aujourd'hui législations nationale et européenne.  

Sur le plan national, un objectif de la politique économique est le développement de l'esprit d'entreprise. Une nouvelle culture, favorable à la prise de risque et à l’initiative entrepreneuriale doit s’installer. Le développement et la reprise de petites et moyennes entreprises dans tous les secteurs doit être une composante significative de la capacité de croissance, d'emploi et d'innovation. Les instruments d'accompagnement en place seront encore davantage mis à profit pour faciliter l'établissement et la reprise d'entreprises.

N'oublions pas non plus que la recherche -développement constitue un des piliers de l'Agenda de Lisbonne.  Le gouvernement poursuivra et élargira ses efforts de sensibilisation des entreprises à l'importance de la recherche - développement et continuera à les accompagner dans leurs efforts.

Qui dit recherche dit connaissance et savoir-faire. Qui dit connaissance dit éducation. Qui dit savoir-faire dit formation ! Le Gouvernement est conscient  de l’enjeu de ces équations pour le développement économique et la compétitivité et ne manquera pas d’y apporter l’attention et les réponses aux défis qui se présentent. La création et la mise en place de l’Université de Luxembourg est une preuve visible.

Sur le plan européen, le gouvernement luxembourgeois va mettre à profit sa Présidence de l'Union Européenne pour faire le point sur les progrès réalisés dans le cadre de l'Agenda de Lisbonne au cours des dernières cinq années. Ensuite il s'agira de relancer la dynamique du processus, de redoubler d’effort et de créer les conditions dont  a besoin l'Europe pour dépasser ses problèmes structurels et pour retrouver son rôle de moteur de l'économie mondiale. Tous les Etats-membres doivent apporter leur contribution. Mais sans l'Union européenne, l'effort individuel, aussi important qu'il soit, serait vain.

En tant qu'ancien international de football du Luxembourg, je sais pertinemment qu'un match ne se décide qu’au cours de la deuxième mi-temps. Il est maintenant temps d'aller aux cabines, de revoir notre stratégie et de ressortir frais, motivés, avec un objectif clair et une détermination ferme de gagner.

Altesse Royale,
Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,

Il est certain que la relance économique ne viendra pas sans effort de la part de tous les acteurs. Gouvernements, entreprises, travailleurs, la société toute entière se voient demandés de contribuer à la création d'une culture promouvant le succès mais aussi la solidarité. Dans notre quête de croissance, nous ne devons pas oublier ceux qui ont plus de difficultés à bénéficier du développement économique que les autres. La solidarité est partie intégrante de notre identité européenne. En reprenant mon allusion au football, je suis convaincu que nous ne pouvons gagner qu’en tant qu'équipe.

Permettez-moi de conclure en formulant le souhait de voir plus souvent des rencontres entre entreprises portugaises et luxembourgeoises. Ce n'est qu'en promouvant ce genre de rencontres directes que nous allons réussir à augmenter le commerce entre nos deux pays et j'espère que cette journée économique ne sera que la première d’ une série future.

Monsieur le Président, je vous souhaite encore un agréable séjour à Luxembourg et j'espère que vous-même, ainsi que toute votre délégation, repartirez jeudi avec la ferme intention de revenir.

Merci.

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